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Provence-Alpes-Côte d’Azur – Hervé Frezal, le Fleuriste bientôt à la conquête du monde

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Grâce à son style singulier, ce fleuriste de 39 ans de Beaulieu-sur-Mer a parcouru la planète pour prodiguer son savoir et ce n’est pas fini.

En juin, il a été sélectionné pour représenter la France à la coupe du monde Interflora qui se déroulera cette année, à Philadelphie.

Il le dit sans détour, il n’a jamais voulu faire « ce métier de merde ». Et il sait de quoi il parle, sa mère exercait cette profession. On ne va pas lui faire le coup du: il est né dans les roses, pas étonnant qu’il soit devenu fleuriste.

Non, ce serait trop réducteur. Et puis tellement éloigné de son style… Minéral. On entre dans sa boutique de Beaulieu-sur-Mer comme dans un cabinet de curiosités.

Ici, un piano désaccordé, là des vieux tableaux, un grand canapé beige cosy. Au mur, une peinture sombre, façon Vermeer.

Tout ce décor flamand n’a qu’un but: mettre en avant l’essentiel. Les fleurs. Et les feuillages. « Les deux sont aussi importants l’un que l’autre. »

Hervé Frezal a le regard direct. Et la barbe fournie. Il pourrait presque faire peur avec son look de biker. Mais son sourire laisse entrevoir un grain de folie.

« J’ai un ami qui veut utiliser ma tête pour un shooting photo alors je dois laisser pousser ma barbe. »

Il est du genre à faire des paris. Comme ce livre Double-Face, sorti en 2017, sur un coup de tête avec son amie Charline Pritscaloff.

L’APPEL DU VEGETAL

Le fleuriste de 39 ans, originaire d’Aubagne, est arrivé à Beaulieu-sur-Mer à l’âge de dix ans. Mais il se souvient des fêtes de Camerone de la Légion étrangère dans sa ville natale. « J’ai la barbe et le tablier de bûcheron comme eux », lâche-t-il en riant.

Il voulait travailler dans le commerce international. « Et puis, un jour j’ai dit à ma mère : “Je veux être fleuriste.” Heureusement qu’elle était assise. Après avoir digéré la nouvelle, elle m’a dit d’accord, mais tu ne feras pas d’essai chez moi. »

Il fait un test avec une amie de sa mère. Le test confirme son envie. « J’ai effectué mon apprentissage, mais j’ai poursuivi ma scolarité, j’ai fait deux ans d’école de commerce international à Nice. »

Sa mère accepte de le prendre dans son magasin, mais à une condition: « Elle m’a dit, ici, c’est Hermine, il n’y a pas de maman. »

Après quelques années de pratique, Hervé commence à s’ennuyer. « Un ami m’a suggéré de passer des concours. Je me suis entraîné pendant onze mois et je suis arrivé premier, lui deuxième. »

Et là, sans le savoir, sa vie bascule. Il se présente au championnat de France en 2005, au diplôme du Meilleur ouvrier de France, deux ans plus tard.

« Sauf que j’ai raté le MOF, j’étais trop borderline, mais j’ai dit au jury je vais revenir dans quatre ans. »

UN STYLE SINGULIER

Hervé Frezal n’aime pas les choses classiques. Il n’aime pas les orchidées, ni les roses et encore moins les bouquets ronds que l’on voit partout. Non, lui, il aime le végétal, le sombre, le sculptural.

« J’aime le clair-obscur, c’est là que l’on obtient les plus belles couleurs. J’aime le minéral, le côté monochrome d’une composition ou à la rigueur un camaïeu. »

Le fleuriste aux multiples tatouages, cachés sous sa chemise d’hiver, aime bien briser les codes.

« J’aime être provocateur, créer des formes déstructurées, mais à la fois réfléchies. Je déteste la décoration dans les bouquets, le végétal se suffit à lui-même, il n’y a pas besoin de superflu. La fleur, c’est mon accessoire, ma matière, c’est tout. »

Sa fleur préférée est l’edelweiss. Rien d’étonnant pour ce Méditerranéen passionné de design et de couleur sobre.

C’est l’une des plus célèbres plantes de montagne, connue pour sa rareté. Il aime aussi la fleur de tacca.

« Elle est surnommée la fleur chauve-souris, elle est un peu particulière, elle est noire avec des moustaches mais je la trouve intéressante. »

Il aime aussi les pivoines, les renoncules et la violette. « J’en achète à une petite mamie qui la récolte à la main. »

Comme prévu, il retente en 2011 le MOF et repart avec le prix. « Ma mère est venue avec moi à l’Élysée pour la remise du diplôme par Nicolas [Sarkozy]. Je ne vous raconte pas comment elle était fière. »

Le jeune homme a mis du temps à trouver sa place. « J’ai dû me faire un prénom car Hermine était connue dans le milieu artistique, elle avait une belle clientèle… Notamment monsieur de Givenchy. »

Lui aussi s’est fait une belle clientèle au fil des ans, mais il reste très discret.

UN RÊVE D’ENFANT

Ces concours et son MOF en poche, il parcourt le globe.

« J’ai été repéré par le marché aux fleurs d’Hyères et par le groupe Oasis, un fournisseur américain très connu dans le milieu. Je suis devenu leur ambassadeur. C’était un rêve de gamin! J’ai fait des démonstrations dans le monde entier pendant près de quatorze ans! »

Il gérait la semaine sa boutique de Beaulieu-sur-Mer et le week-end c’était démo. « C’était une vie incroyable, mais j’ai eu envie de poser mes valises au bout d’un moment. »

Et c’est là que la sonnerie du téléphone retentit. Au moment où il s’y attendait le moins. Au bout du fil, son mentor, Gilles Pothier.

Il lui demande de participer aux sélections pour la treizième coupe du monde Interflora des fleuristes (les sélections se sont déroulées en juin dernier au jardin des Tuileries, ndlr).

« J’y suis allé tranquillement, mes amis et ma mère ne m’avaient jamais vu aussi calme. Mais mon âme de compétiteur est revenue la veille de la sélection. »

Et bien sûr, il l’a gagnée. Sa table pour deux, romantique et bucolique, pensée pour un repas intimiste et végétatif, avec des senteurs et des fruits, a remporté un vif succès.

« J’ai accepté d’y participer parce que l’équipe était formée de mes potes, sinon je n’y serais jamais allé! »

En mars prochain, il sera donc avec son équipe de copains à Philadelphie pour représenter la France dans cette compétition mondiale, créée en 1972.

Mais c’est la première fois qu’elle se déroule aux États-Unis. La sélection se fera en six étapes.

« Ils appellent ça des rounds, normal dans la ville de Rocky Balboa », s’amuse-t-il. « Au programme, nous devons faire une table pour deux, une composition florale, un bouquet et trois autres rounds! »

Le fleuriste espère bien participer à chaque étape. « Je ne demande pas de gagner parce que c’est déjà un super challenge d’y être, mais j’aimerais bien aller assez loin. »

Et bien sûr, sa mère, Hermine a déjà pris son billet d’avion. « J’aime bien qu’elle soit là quand je passe un concours, en un regard je sais ce qu’elle pense. »

« IL NOUS POUSSE TOUJOURS PLUS »

Être bon, c’est une chose mais savoir transmettre en est une autre. Et il semblerait qu’à ce jeu-là, Hervé Frezal fait un carton plein. Dans sa boutique, il a deux salariées et deux apprentis.

« J’ai hâte de ne plus avoir d’apprentis, que mes filles soient toutes salariées, on forme une bonne équipe. »

Il a sa manière à lui d’enseigner. « Je dis toujours à mes apprentis, il faut apprendre en volant. C’est ce que me disait ma mère. On apprend en observant, en piquant des idées ici ou là. Parfois, les jeunes veulent aller trop vite. Je leur dis toujours: ton meilleur ami c’est le balai. »

À côté de lui, Pauline Blancheton, l’une de ses salariées sourit.

« Il dit ça, mais parfois, je suis obligée de le ralentir parce qu’il va trop vite. Il nous pousse toujours plus, c’est bien, mais pour les apprentis, il faut y aller par étapes. »

Pauline travaillait auparavant dans une chaîne de fleuriste.

« Ce n’était vraiment pas intéressant. Quand j’ai passé l’entretien avec Hervé, on a discuté du métier et je lui ai dit ce que je pensais. Je lui ai dit que parfois les MOF étaient des businessmans et pas des fleuristes et que moi je voulais progresser. »

Il faut croire que son discours a plu au MOF.

« Je ne regarde pas un CV quand je recrute, je regarde la personne. Je veux savoir si la personne est prête à encaisser mes remarques », explique le patron.

TOUJOURS DOUTER

« Je leur fais refaire un bouquet cinq ou six fois jusqu’à ce qu’il soit bien. Je veux absolument éliminer le facteur chance quand je recrute quelqu’un alors je fais refaire encore et encore sans donner d’explication. »

« C’est dur, mais on apprend vite à voir nous-même ce qui ne va pas », note la jeune femme. « Il ne faut jamais partir de manière conquérante, jamais. Je répète tout le temps à mes employées qu’il faut douter de ce que l’on fait, toujours, sinon on n’avance pas », conclut le fleuriste aux multiples récompenses. Preuve s’il en est que sa méthode est la bonne.

Hervé Frezal. 33, boulevard du Général-Leclerc, Beaulieu-sur-Mer. Rens. frezal.com 04.93.01.49.00.

La rédaction de JAF-info

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Origine : Veille – Curation
Signature : Kathleen Junion – NICEMATIN.COM
Crédit photo : Photo Générique ou logo société
Source :

https://www.nicematin.com/belle-histoire/herve-frezal-lartisan-fleuriste-de-beaulieu-sur-mer-a-la-conquete-du-monde-290558

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