Paris – 17 juin 2021 6 Rendez-vous au Parc de Bagatelle

Concours International de Roses et présentation du film “La Fine Fleur”

114 ème Concours International de Roses de Bagatelle – 1er prix la Rose Crimson Siluetta des Etablissements Kordes

Echanges avec l’équipe du film “La Fine Fleur”  en partenariat avec Val’Hor

Quiconque s’adonne à la passion de la beauté ne gâchera jamais sa vie !

Louis LENS – Créateur belge de roses

Pour les producteurs, grossistes, fleuristes, jardineries, paysagistes, le film LA FINE FLEUR est un film rare, qui met en lumière la beauté de notre filière horticole et l’élégance à la française. Mélange de passion, de technicité, de création, il conte l’histoire singulière d’une productrice de roses passionnée et combative qui cherche à survivre de son métier et sollicite l’aide de personnes en réinsertion pour s’en sortir.

L’histoire est magnifique et singulière : c’est l’ensemble de la filière horticole qui est valorisée, sublimée.

Pour tous les producteurs, fleuristes, grossistes, conseillers en jardineries, paysagistes nous tenons à remercier sincèrement le réalisateur Pierre Pinaud d’avoir mis à l’honneur nos métiers. Nous formons une chaîne indissociable de passionnés dont le savoir-faire concourt à l’excellence et l’art de vivre à la française, reconnu dans le monde entier.

Nous espérons que ce film suscitera des vocations pour venir faire grandir notre famille de 175 000 professionnels qui travaillent avec fierté et passion autour des fleurs et plantes.

Mikaël Mercier, Président de VAL’HOR

ENTRETIEN AVEC LE REALISATEUR DU FILM : PIERRE PINAUD

C’est la première fois que la création de roses est au centre d’un film. D’où en est née l’idée ?

De l’amour que je porte aux fleurs depuis mon enfance. J’avais environ onze ans quand mes grands-parents nous ont offert à mon frère et à moi une partie de leur jardin, en nous donnant carte blanche pour que nous en fassions ce que nous voulions. Avoir un bout de terre à soi quand on est gamin… quel cadeau merveilleux ! Nous avons aussitôt commencé à imaginer et dessiner notre jardin idéal, un jardin comme une sorte d’Eden. Il comportait une entrée, un chemin, un endroit aménagé avec un banc pour pouvoir lire, rêver, se reposer ou contempler les fleurs, tout au long de son parcours, une multitude de petites surprises dans la composition et l’agencement des massifs et, au fond, un grand espace pour laisser s’épanouir la lumière. Je crois bien que ce jardin a été ma première expérience de scénographie et de mise en scène. Même si je la portais sans doute depuis tout petit, ma passion pour les fleurs et pour les jardins est née, consciemment, à cette époque-là, et elle ne m’a plus jamais quitté. Depuis, elle cohabite avec mon autre passion, celle que j’ai développée, très tôt aussi, pour le cinéma. Entre elles, la coexistence est forcément pacifique puisqu’au fond, elles se nourrissent à la même source : la recherche d’une esthétique et d’une mise en scène.

Quel a été le déclic pour les « apparenter » ?

Un jour, tout à fait par hasard, j’ai appris que la création de roses était une spécialité française, au même titre que la haute gastronomie et le parfum. Sur la quarantaine de créateurs de roses existant encore aujourd’hui à travers le monde, plus de vingt sont français, dont une grande partie est installée dans la région lyonnaise. Cela m’a intrigué. Je me suis documenté sur le sujet : les différentes étapes de ce processus, les concours dont les roses font l’objet, l’amour et l’abnégation qu’elles exigent de la part de ceux qui les créent et les « élèvent ». J’ai découvert que la création de ces fleurs ne doit rien au hasard, qu’elle est au contraire basée sur une sélection très minutieuse : on prend les meilleurs « pères » (étamines) et « mères » (pistils), ceux et celles qui ont des caractéristiques remarquables, en terme de coloris par exemple, ou de résistance aux maladies, ou encore de parfum, et on les « marie » – on les hybride – dans l’espoir que leur accouplement donne naissance à des variétés dignes d’être présentées dans les concours. Comme il se trouve que les thématiques sociales m’ont toujours touché et interpellé, j’y ai vu un parallèle frappant avec nos sociétés hyper concurrentielles d’aujourd’hui, avec leur propension à l’élitisme, où pour accéder aux meilleures écoles, et donc aux meilleurs emplois, il faut gagner des concours et souvent être né dans une bonne famille… De cette similitude, j’ai vu apparaître le substrat sur lequel je pouvais construire un film et j’ai commencé à envisager un scénario.

Comment avez-vous procédé ?

J’ai d’abord continué à approfondir mes connaissances sur les roses, mais cette fois, sur le terrain. Je suis allé voir des créateurs pour m’immerger dans leur travail. J’ai visité des petites exploitations familiales d’excellence, comme celle de la Maison Dorieux, dont la production artisanale est de grande qualité, mais qui souffre de la concurrence d’établissements plus importants, où l’on « fabrique » de la rose de façon quasi industrielle, non seulement ici, en France, mais aussi à l’étranger dans des pays comme la Chine ou la Bulgarie où la main d’œuvre est moins chère. Et puis j’ai essayé de comprendre comment les premiers arrivaient à survivre face aux seconds. J’ai également assisté à des concours pour mesurer l’impact d’un Prix sur la « carrière » d’une nouvelle variété. Au cours de toutes ces pérégrinations, j’ai cherché à saisir pourquoi la rose suscitait tant de passion, et une passion si souvent exclusive. Et j’ai réalisé qu’à des degrés divers, tous ses producteurs, ses créateurs et ses amateurs, tous, sans exception aucune, étaient en quête d’un rêve de beauté : trouver un jour une fleur, qui soit encore plus magnifique, plus délicieusement odorante que les précédentes. J’ai trouvé qu’il y avait là, dans cette recherche incessante, obstinée, une poésie folle, et il fallait qu’on la retrouve aussi dans le film.

Essayer de faire ressentir la beauté d’une fleur à travers un film auquel on a l’ambition de donner une dimension sociale… votre scénario n’a pas dû être facile à bâtir…

Effectivement, mais j’ai pris mon temps ! Je suis quelqu’un qui travaille lentement et se documente beaucoup. Avant de commencer à écrire, j’ai besoin d’avoir une vue exhaustive de mon sujet. Je tiens à ce que mes fictions s’inspirent, sans triche, de la réalité, car c’est à partir d’elle que je construis mes histoires et que j’invente les personnages qui vont les raconter.

J’ai aussi beaucoup échangé avec Fadette Drouard, la co-scénariste qui m’a rejoint sur le projet, puis avec Philippe Le Guay qui est intervenu en cours d’écriture.

Pour le scénario de LA FINE FLEUR, j’ai beaucoup pensé à LA PART DES ANGES de Ken Loach qui, à travers le portrait de petits délinquants dans une région déglinguée par la misère, parvient à montrer, entre autres, ce que le monde du whisky a de merveilleux, et j’ai imaginé ce personnage de créatrice de roses artisanales au bord de la faillite, qui, faute de pouvoir payer de vrais pros pour la seconder, doit accepter l’aide de trois employés en insertion, trois malchanceux qui n’ont pas eu, comme elle jadis, la chance de naître du bon côté.

Il faut savoir que depuis les années 80, le domaine horticole est en crise, et notamment celui de la rose qui a vu son âge d’or décliner. En quelques années le marché de la rose s’est considérablement rétréci, ce qui a occasionné de nombreux dépôts de bilan notamment parmi les petits producteurs.

Au fond, LA FINE FLEUR c’est une histoire à la David et Goliath, avec des i ramifications sociales et sentimentales…

Un peu oui. Ça commence par une histoire de combat, celui que mène, solitairement, contre les industriels et les lois du marché, une artisane têtue, réfractaire aux techniques modernes qui abaissent, selon elle, les standards de qualité. Ça se poursuit par l’ouverture au monde de cette femme grâce à des gens qu’elle avait pourtant accueillis avec condescendance, parce qu’ignares en son domaine (l’horticulture). Et, parce que la thématique de la transmission compte beaucoup pour moi, ça se clôt sur la main que tend cette femme à un jeune sorti des rails en lui laissant entrevoir, enfin, un avenir. S’il fallait une référence, je dirais que LA FINE FLEUR est bâti selon le principe des poupées russes (ou des multiples couches qui constituent une fleur en bouton).

Ce que j’ai apprécié dans ce métier, c’est le contact avec la nature, la vie, la beauté et la création. Des sujets que je trouve primordiaux pour chaque existence.

Melan Omerta

Une des jolies surprises de votre scénario où tout s’emboite à la perfection est cette séquence inattendue, celle d’un « casse » organisé par Eve chez un de ses concurrents… Cette scène, aussi surprenante – soit-elle, s’intègre parfaitement à votre film…

Si l’univers de la rose génère, dans l’inconscient, des images de beauté, il a l’inconvénient aussi d’être souvent associé à quelque chose de classique et de figé. Pour balayer cet écueil, il fallait que le film bouge, qu’il ait des petits « accidents ». Je me suis dit que cette quête de beauté poursuivie de façon assez obsessionnelle par Eve pouvait, au fond, s’apparenter à la quête du Graal, et qu’on pouvait donc introduire un petit suspense. Parallèlement, il faut savoir que le monde du végétal n’a échappé ni à la privatisation, ni à la marchandisation : aujourd’hui, on « dépose » des variétés de plantes et ainsi on les privatise. J’ai donc inventé un personnage de créateur industriel de roses, joué par Vincent Dedienne, qui garderait indûment pour son usage exclusif, des variétés aussi rares que sublimes, bafouant ainsi une tradition de partage entre créateurs. Et j’ai imaginé qu’Eve aille lui en dérober une, avec, pour justification, que la récupération d’une rose ancienne tombée pour ainsi dire dans le domaine public n’est pas un vol mais un acte de justice sociale !

Où s’est déroulé le tournage ?

J’avais envie de tourner au milieu de champs de roses, dans un paysage de pleine campagne. Or il se trouve qu’à cause de l’urbanisation galopante de la région lyonnaise où se concentre la majorité des créateurs de roses, la plupart d’entre eux ont été contraints de morceler leur exploitation et qu’aujourd’hui ils sont souvent cernés par des zones d’habitations ou d’activités commerciales.

La Maison Dorieux, petite entreprise familiale, m’a offert le paysage dont je rêvais parce qu’elle se situe à Montagny, au cœur de la côte roannaise encore très préservée. Toutefois on a dû retravailler l’esthétique des bâtiments, recréer des serres, repenser les intérieurs en fonction de la mise en scène. Ce travail précis et délicat a régalé Philippe Chiffre, le chef décorateur.

Avez-vous pu tourner au moment idoine, celui de la floraison des roses ?

Pas vraiment ! Les roses éclosent en mai et sont au maximum de leur éclat jusqu’à début juillet or nous avons tourné en septembre et octobre, avec, évidemment, pas mal d’angoisse. Heureusement, nous sommes tombés sur une année exceptionnelle. Beaucoup de roses étaient encore en fleurs dans les champs, mais quand même pas en nombre suffisant. Nous avions prévu le coup en commandant des rosiers que nous avons dû replanter et disposer dans les serres le jour J. Mais quand on achète des fleurs bien en deçà de la date de leur floraison, on prie le ciel pour qu’elles soient écloses au moment où on en aura besoin. Pour l’équipe décoration, ce pari a été un gros stress d’organisation et de logistique, mais on a eu au final beaucoup de chance.

On voit la magnificence des couleurs, on devine celle des fragrances… votre film est un hymne à la sensualité…

Tant mieux. C’est ce qu’on a cherché à reproduire avec Guillaume Deffontaines, le directeur photo. Nous étions étudiants ensemble à l’Ecole Louis Lumière et nous avons une grande connivence. En amont du tournage, nous avons fait un travail approfondi de recherche esthétique, nous inspirant de références picturales. On a également beaucoup réfléchi à la lumière des intérieurs et à leur décoration. On voulait notamment que la maison d’Eve soit surchargée, fouillis, surtout son bureau de créatrice, que l’on sente que sa quête de beauté et le poids de son père, lui aussi créateur, avaient pris toute la place et occulté, englouti, la femme qu’elle est. D’où ces choix de couleurs sombres, pleines et cet encombrement de photos, de tableaux, de livres, de cahiers, de meubles du siècle dernier et ces boîtes de bois précieux remplies de fioles en verre destinées à conserver des extraits de parfums…

On retrouve des références au passé un peu partout dans votre film, dont la problématique est pourtant si contemporaine, et cela lui donne un petit côté désuet, décalé…

C’est voulu et assumé. Eve est marquée par le souvenir de son père, elle garde en elle, comme un trésor inestimable, le souvenir de sa tutelle. Je voulais que l’on sente cet héritage, cette fidélité jusque dans son apparence, sa façon de s’habiller, son allure parfois masculine, son look de gentleman farmer, son chapeau de cow-boy et sa pipe. Eve est aussi quelqu’un qui a eu un passé glorieux, elle a été une grande créatrice de roses et elle est dans l’obstination de la perpétuation de ce qui fut pour elle, une grande époque.

On a essayé de transcrire cela visuellement, en choisissant de tourner en scope, avec des objectifs de caméra qui donnent un peu de grain ou du flare, en saturant certaines images aussi. On a voulu également que le petit côté vintage du film soit perceptible à l’oreille.

Un mot, justement, sur le son et les musiques du film…

Il y avait pour LA FINE FLEUR un désir de sensualité et de beauté et je voulais que le film éveille, directement ou de façon plus détournée, tous les sens des spectateurs, dont l’ouïe bien sûr. Pour le son, on a par exemple fait très attention à ce qu’on entende les entrechoquements des flacons, le frottement du stylo sur le papier… tous ces petits bruits qui font pénétrer dans l’intimité du personnage d’Eve.

Pour créer la musique du film, j’ai fait appel à Mathieu Lamboley et j’ai beaucoup aimé notre collaboration. Il a écrit une partition formidable, inspirée à la fois par des grands compositeurs français, comme Ravel, Satie et Debussy et par des créateurs, plus contemporains, de musique répétitive.

Pour les musiques préexistantes, je me suis orienté vers des crooners américains dont le charisme évoquait ce passé glorieux et la nostalgie mélancolique dont je voulais baigner Eve. D’où, notamment, la voix de Dean Martin qui accompagne le début. Dean Martin est là pour symboliser la beauté éternelle de la voix. Il est d’hier, d’aujourd’hui, et de demain. C’est peut-être un chanteur que le père d’Eve écoutait… Certains airs d’opéra, certains poèmes ont ce même pouvoir, qui est aussi, on y revient, celui des roses. Certaines de celles-ci ont beau être très contemporaines, elles font référence à quelque chose de très ancien. C’est pour cela qu’elles fascinent depuis la nuit des temps, et en cela qu’elles racontent une histoire.

Il y a aussi du rap pour une séquence plus dynamique avec les employés en insertion, et puis, pour la fin, cette chanson dont je suis tombé amoureux et que m’ont fait découvrir Stéphanie Carreras et Philippe Pujo, les producteurs : LA ROSE ET L’ARMURE, d’Antoine Elie. Elle illustre si bien l’histoire d’Eve et de Fred et, tout en étant moderne, renvoie à la grande époque de la chanson française.

Je trouve que tous ces univers musicaux s’apportent beaucoup les uns les autres. Ils donnent au film sa tonalité de « modernité vintage », et tant pis pour l’antinomie !

Y a-t-il eu des scènes plus difficiles à tourner ?

Toutes celles du parc de Bagatelle, parce qu’elles nécessitaient beaucoup de figuration (environ cent personnes !). J’ai tenu à tourner là-bas par souci de réalisme. Ce parc, qui existe depuis le XVIIIème siècle, abrite depuis 113 ans le concours de roses le plus prestigieux du monde. Je voulais qu’on débute le tournage là, au cœur de cet endroit qui fait rêver les amateurs de roses du monde entier, pour mettre les comédiens dans le « jus » de l’enjeu et de la beauté de la profession de créateur de roses. Je n’ai pas tourné ces scènes pendant le concours, mais, pendant les repérages, j’avais pris quelques images – dont certaines ont été incluses dans le film. Comme on y voit de vrais membres du jury examiner et noter les roses, je les ai projetées aux comédiens, qui ont pu ainsi s’inspirer de l’ambiance si particulière de ce concours.

Pour LA FINE FLEUR, j’ai dû m’initier à l’hybridation. C’est un savoir-faire qui demande beaucoup de précision et j’ai adoré. J’aime beaucoup ces périodes d’apprentissage du métier qu’exercent mes personnages. Pour moi, ce sont comme des écoles de vie.

Je me suis rendue compte que les roses comptaient beaucoup dans le charme qu’exhalait cette histoire de mains tendues, qu’elles étaient même essentielles, qu’elles lui donnaient une poésie ineffable et un parfum entêtant.

J’avoue que je ne prêtais pas à ces fleurs une attention particulière avant. Le film me les a fait connaître, j’ai l’impression d’avoir fait un voyage extraordinaire en terre inconnue et aujourd’hui elles me touchent et me font rêver.

Catherine Frot

Venons-en à la distribution. Pourquoi – avez-vous proposé à Catherine Frot d’être votre Eve ?

Je voulais faire un film très « français », et je me suis dit qu’aucune actrice n’incarnerait mieux que Catherine cette spécificité, qui réclame à la fois de la finesse, de l’élégance, de la sensualité, du caractère, un brin de gouaille et aussi pas mal de fantaisie. J’avais vu Catherine dans LES SAVEURS DU PALAIS. Dans ce rôle de cuisinière périgourdine nommée responsable des repas personnels du Président de la République, je l’avais trouvée sensationnelle, très « française » justement, jusque dans le bon sens et le culot que demandait son personnage. Pour l’avoir admirée dans d’autres rôles, je savais la richesse de sa palette de jeu. Or, en matière de jeu, Eve exigeait beaucoup. Il fallait être capable d’endosser l’autorité d’un chef d’entreprise et en même temps laisser affleurer la fragilité d’une ex-petite fille admirative de son père. Catherine a fait ressentir tout cela, et même plus, car elle a une autre qualité, rare chez les actrices : elle est terrienne. Elle habite physiquement ses rôles et a une incroyable précision manuelle. Quand Madame Dorieux est venue lui montrer comment on hybride une fleur, elle a su reproduire ses gestes à la perfection. Pour autant cela n’enlève rien à sa capacité à transcender, à poétiser ses interprétations.

Comment – avez-vous choisi vos trois employés en insertion ?

Comme il s’agissait de personnages « en devenir », j’ai souhaité faire jouer les personnages les plus jeunes par des comédiens qu’on avait encore très peu ou quasiment jamais vus sur le grand écran.

J’ai choisi des comédiens très différents parce qu’ils représentent, chacun, un archétype des gens en grande difficulté : soit parce que c’est trop tôt pour eux, soit parce que c’est trop tard, soit parce que le chemin pour s’en sortir était si compliqué qu’ils s’y sont embourbés.

J’avais vu Fatsah Bouyahmed dans LA VACHE et LES INVISIBLES, et avec sa douceur souriante et naïve, il m’a semblé parfait pour jouer Samir, un chômeur de longue durée malchanceux de plus de 50 ans. Il apporte beaucoup d’humanité et de comédie au rôle.

Marie Petiot était idéale pour être Nadège, une jeune femme que sa timidité maladive empêche d’intégrer le monde du travail. Lorsque Nadège parle, elle est tellement peu sûre d’elle qu’elle en oublie d’articuler ! C’est un vrai rôle de composition car Marie est l’inverse dans la vie, très à l’aise, volubile, sociable, spontanée…

Le rôle de Fred a été plus difficile à attribuer. Il fallait trouver un comédien qui puisse exprimer, avec la même spontanéité, à la fois la dureté et la violence d’un petit caïd et en même temps de la sensibilité et la douleur de l’abandon. C’était un peu la quadrature du cercle. J’ai d’abord vu tous les comédiens référencés par les agents. Et un jour, toujours à la recherche de ce jeune acteur, en visionnant la sélection des courts métrages des César, j’ai découvert Melan Omerta. Il jouait dans J’MANGE FROID de Romain Laguna. C’était son premier – et unique – rôle, et il crevait l’écran. Je lui ai fait passer un casting et il a fait l’unanimité par sa justesse incroyable. Pourtant dans la vie Melan n’est pas acteur mais rappeur. Je suis allé l’écouter en concert et quand il déboule sur scène, il magnétise toute la salle. Il a un charisme époustouflant. Il est, pour moi, une révélation. C’est lui qui a composé le rap qui est dans le film. Je ne peux pas parler du casting du film sans évoquer Olivia Côte et Vincent Dedienne.

J’ai choisi de faire jouer Olivia à contre-emploi car je trouvais que pour ce rôle de secrétaire introvertie et dévouée, elle apporterait quelque chose d’inattendu et de moderne. Elle a su merveilleusement se fondre dans ce personnage. Vincent, lui, a campé un « méchant » avec beaucoup de nuances. Il a su être tout à la fois insidieux, juste et touchant de manière très subtile. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec tous ces acteurs.

LA FINE FLEUR est dédié à votre mère…

J’ai eu une longue période où, pour me consacrer exclusivement à l’écriture, je n’ai pas tourné. Il se trouve que ma mère est tombée malade à ce moment-là et que je me suis occupé d’elle, jusqu’à ce qu’elle parte. Je lui avais parlé de LA FINE FLEUR. Elle m’avait beaucoup encouragé à faire aboutir ce projet. Je le lui ai dédicacé.

Qu’aimeriez-vous que les spectateurs ressentent à la sortie de votre film ?

Je rêverais qu’on sorte de LA FINE FLEUR en se disant que la quête de beauté peut justifier qu’on lui consacre sa vie. Si j’avais dû mettre une phrase en exergue de mon film, ç’aurait été celle-ci, du créateur de roses belge Louis Lens : « Quiconque s’adonne à la passion de la beauté ne gâchera jamais sa vie ».

Pierre Pinaud a réalisé le film PARLEZ-MOI DE VOUS avec Karine Viard en 2012. LA FINE FLEUR est son second long métrage.

Acteurs :

  • Eve : Catherine FROT
  • Fred : Melan OMERTA
  • Samir : Fatsah BOUYAHMED
  • Vera : Olivia CÔTE
  • Nadège : Marie PETIOT
  • Lamarzelle : Vincent DEDIENNE

Vidéo extraits des échanges – La Fine Fleur – La vie sans beauté c’est quoi ?

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