Alexandre Goury-Laffont est au bord des larmes quand il évoque les événements de samedi dernier. « J’ai eu la peur de ma vie. Depuis, je ne dors plus et je ne suis pas retourné travailler. C’est dur… »
Le fleuriste manceau de la rue Barbier, près de la médiathèque, était dans sa boutique, en milieu d’après-midi, quand des gens l’ont prévenu du passage imminent du cortège des gilets jaunes, en marge duquel des casseurs venaient de sévir.
« Je suis sorti, j’ai fermé mon rideau de fer et je me suis mis en face, dans le renfoncement d’un immeuble. Et j’ai vu des familles prises dans la manif, avec des enfants qui pleuraient et des mamans qui paniquaient. Sans réfléchir, j’ai rouvert la grille pour les mettre à l’abri dans ma boutique. C’est là que tout a dégénéré. »
Trois individus se seraient introduits dans le magasin de fleurs et auraient plaqué le commerçant au sol. « Et ils ont tout mis par terre. »
Un trio serait revenu vers 17 h 30. « Ils m’ont dit : « T’as aidé la police. Samedi prochain, ta boutique est morte ! » Mais j’ai juste voulu protéger des gens ». Le commerçant aurait-il provoqué ou même insulté certains manifestants ? « Non », jure l’intéressé. « Je leur ai juste dit : faut arrêter vos conneries ! »
La police est venue voir le fleuriste en fin de journée, samedi, et le lendemain. Il n’a pas encore déposé plainte. Et craint pour samedi prochain. « Qu’est-ce que je vais faire ? J’ai ouvert en mars 2018, je cherche juste à gagner ma vie. Moi aussi j’en bave. Je suis dans le même cas que ces gens-là ! »