Dans une société inquiète des défis climatiques, la plupart des grandes marques et enseignes ont saisi leur responsabilité à l’égard de l’environnement. Cela se remarque par la teinte écologique de nombreuses communications. Depuis l’adoption de la loi Pacte et la modification du code civil en 2019, le métier de responsables RSE a vécu un bel essor.
Dans la démarche RSE (responsabilité sociale des entreprises), la place de la dimension écologique sur celle de la dimension humaine prend des proportions variables selon les entreprises :
RESPONSABILITE ECOLOGIQUE:
Elle se traduit par des initiatives vertes à tous niveaux : production, sourcing, transport, économies d’énergie, recyclage etc. Un seul impératif : que les actions respirent l’authenticité car le public est suffisamment aguerri pour détecter toute tentative de greenwashing.
RESPONSABILITE HUMAINE :
Cette responsabilité économique et sociale peut être retrouvée dans des actions en faveur de l’économie locale, de lutte contre les discriminations, ou une nouvelle approche du management. Ce sont autant d’actions bienveillantes témoins de valeurs humaines qui méritent d’être valorisées.
Depuis peu, les jardineries-animaleries commencent à s’emparer d’une nouvelle quête de légitimité avec la défense du BIEN-ETRE ANIMAL.
Pourquoi cette nouvelle prise de conscience ?
Une société plus sensible : la question du bien-être animal est un sujet qui a évolué au fil de l’évolution de la relation hommes-animaux. Pendant des siècles estimés, révéré voire adorés, les animaux sont devenus de simples biens de production autour du 18ème siècle. La notion de souffrance ou de maltraitance animale s’est développée proportionnellement à la propre sensibilité de la société face à la douleur.
Des associations de protections des animaux aux lois : depuis la moitié du 19ème siècle, plusieurs lois se sont succédées renforçant la protection des animaux sous l’influence de sociétés protectrices. Ces dernières sont particulièrement actives dans les médias. Que ce soit sous l’impulsion d’associations indépendantes (L214) ou bien légitimes (SPA), la moindre défaillance peut générer de terribles effets. Il est tellement plus facile de faire du Bad buzz, que de se racheter une réputation !
Le choc 2021 : Cette considération a pris une dimension toute particulière depuis le début de l’année avec les débats autour de la Loi traitant la lutte contre la maltraitance animale initiée par le Député Loïc Dombreval.
Il y a d’abord eu le choc : les animaleries/jardineries se retrouvèrent stigmatisées injustement en les rendant responsables de l’abandon massif des chiens et des chats. J’aimerais faire quelques remarques sur les motivations derrière cette loi :
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- Il y a une dimension politique indéniable et le gouvernement est attendu sur cette question
- Des lobbys extrémistes souhaitent une interdiction totale de la vente d’animaux.
- Cette loi ne satisfait ni les associations de défense des animaux, ni les animaleries. Elle ne va pas assez loin pour l’un, et elle est injuste pour les autres.
- Cela reste une loi globalement meilleure pour la condition animale
- Est-ce qu’elle permettra de réduire les 100 000 abandons annuels ?!
Du côté des magasins, l’interdiction de vente de chiens et chats en magasin aura un impact négligeable en termes de baisse de chiffre d’affaires. Au contraire ! le marché du vivant a rarement été si dynamique !
Par contre, l’impact sur l’image des animaleries est plus sensible. Le public attend des engagements concrets de la part des magasins. Les jeunes générations sont favorables au courant végan qui une philosophie en lien avec la notion de souffrance animale. La facilité pour les clients de partager des posts choquant sur les réseaux sociaux exigent des magasins le zéro faute en terme de gestion du vivant.
Le nouveau rôle des animaleries :
Acteur pivot de la filière animale et végétale, les enseignes d’animaleries et jardineries doivent accorder une attention particulière à ce nouvel enjeu de société. Les magasins sont concernés par les 3 axes du bien-être animal.
Animaux domestiques : au-delà d’un strict respect des contraintes réglementaires, comment les animaleries peuvent aller plus loin dans une démarche commerciale encore plus bienveillante ?
Animaux d’élevage : est-ce que certains produits en rayons ou certaines techniques d’élevage doivent faire l’objet d’une remise en question, selon les régions et la sensibilité du public ?
Faune sauvage : comment agir plus efficacement pour la protection de l’environnement et des biotopes ?
Que ce soit dans la stratégie commerciale, la gestion des magasins, la communication, la question du bien-être animal est appelée à prendre durablement toute sa place dans la démarche RSE des acteurs de la filière animale. Comment les magasins prendront le contre-pied de cette tendance ultra-sensible pour en faire un axe de développement durable ?
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Canelle est une agence de conseil stratégique et de formation des métiers du vivant.
2 réponses
bonjour,
Je pense malheureusement que sans le projet de suppression de vente d’animaux en animalerie, aucunes mesures ne seraient prises pour améliorer les conditions de vie de ces pauvres chiots ou chatons, entre autre… et c’est TRES choquant qu’en étant normalement « conseiller » du bien être d’un animal, on garde ces animaux en magasin, où ils n’ont rien à faire… Un animal n’est pas un « produit » commercial, et tant que les entreprises ne l’accepteront pas, le commerce devrait tout simplement être INTERDIT… Pourquoi NE pas simplement les vendre par l’intermédiaire du numérique, avec des reportages et des photos, en les laissant dans un environnement positif pour eux ?? seulement voilà, c’est beaucoup plus vendeur de toucher l’animal et le prendre dans les bras, et c’est là que l’achat d’impulsion intervient FORCEMENT…
Chacun son opinion, moi j’adopte en refuge des animaux abandonnées …
Cordialement,
ANNE
Bonjour Anne
En ce qui concerne la vente de chiens et de chats, vous avez entièrement raison. La loi de Mr Dombreval renforce la législation déjà en place, en attaquant le problème des abandons d’animaux sur plusieurs fronts : responsabilisation des propriétaires, tatouages obligatoires, stérilisation renforcée des chats, actions auprès des fourrières. Peu d’animaleries se plaignent de ne plus vendre de chiots ou de chatons. Cela pèse peu dans le poids des acquisitions !
Le soucis est que des abolitionnistes ou des vegans voudraient même interdite la vente d’un seul insecte en magasin.
Plus de monde devrait faire comme vous : adopter en refuge plutôt que de se ruiner dans des animaux de race. Mais en refuge, nombre de bêtes ne trouvent pas preneur : animaux trop vieux, névrosés, voire agressifs.
Le bien-etre animal est sujet si vaste et plus complexe qu’il n’y paraît.
A la base il y a la demande : il faut responsabiliser les familles avant même l’acquisition en faisant prendre conscience des engagements : pourront-ils l’emmener en vacance ? Le faire garder ? Par qui ? A quel prix ? Et une des grosses sources de souffrances, c’est le manque de moyens financiers. Il y a pas de sécurité sociale gratuite pour eux ! Dans combien de cas les animaux sont euthanasiés plutot que de financer une opération ? …
La révolution animalière est en route et ce sont les professionnels qui s’en emparent, sincèrement et ethiquement. Pour faire du commerce oui, mais durable !
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