Voilà un peu plus de deux ans que Marie-Raphaëlle Richard s’est installée à son compte. « C’était mon rêve depuis une dizaine d’années », explique la fleuriste gouzeaucourtoise. Un rêve qui n’aurait sans doute pas été possible sans l’intervention de l’association ADIE.
Le sourire qu’affiche Marie-Raphaëlle Richard témoigne du plaisir qu’elle prend à recevoir ses clients dans son magasin de fleurs, situé sur la grand-route de Gouzeaucourt. La fleuriste a ouvert Au cœur de Marie au printemps 2018 : « J’ai repris ce local en mai. Avant, c’était aussi un fleuriste, mais il était fermé depuis six mois quand je me suis lancée ». « Lancée » est le bon mot, car, la jeune femme le reconnaît, son installation n’a pas été des plus simples.
Notamment au niveau financier : « Je ne souhaitais pas faire un prêt excessif : dix ou douze mille euros, pas davantage, car il faut pouvoir assurer après… J’ai fait plusieurs banques, mais aucune n’a suivi », raconte l’artisane. « C’est vrai que je n’avais pas de capital derrière moi, que c’était une création… », cherche-t-elle à justifier. Elle pouvait pourtant justifier d’une expérience, à commencer par son apprentissage « à Cambrai, chez Bruniaux flore… C’était mon oncle », sourit Marie-Raphaëlle Richard. Puis « chez divers patrons, à Douchy-les-Mines, à Péronne, à Baralle… ».
De quoi commencer…
Le temps de ses grossesses, elle a cessé le travail. C’est à ce moment qu’elle a décidé de donner corps à ce rêve qu’elle chérissait depuis des années. Elle a bénéficié des conseils de son beau-frère, coach en entreprise, pour créer son commerce : « C’est lui qui m’a conseillé de me rapprocher de l’ADIE ». C’est une association qui s’engage financièrement au côté des personnes qui n’ont pas accès au système bancaire dans leur désir de créer une entreprise. La rencontre s’est faite dans les locaux de Pôle emploi, à Cambrai. Et le dossier monté par la Gouzeaucourtoise a convaincu la structure.
« En réalité, deux associations m’ont aidée : Initiative Cambrésis qui m’a accordé un prêt d’honneur de 5000 € ; et donc l’ADIE, avec un microcrédit d’un montant identique », raconte Marie-Raphaëlle Richard. Une manne qui lui aura « permis d’avoir de quoi commencer, avoir un peu de stock de fleurs, réaliser une enseigne ». Et retaper d’un coup de peinture l’intérieur du magasin. « Le reste, on le fait au fur et à mesure ».
Deux ans après ce coup de pouce salvateur, la fleuriste ne regrette rien. Son activité est aujourd’hui solide, malgré la crise sanitaire. Elle propose des plantes, des fleurs coupées, des compositions (fêtes diverses, deuils…), de la petite décoration… Elle songe même à présent à diversifier son activité. Elle conclut : « Heureusement qu’il y a ces organismes ! »
C’est quoi l’ADIE
L’ADIE, c’est l’Association pour le droit à l’initiative économique. C’est une structure reconnue d’utilité publique qui s’est donnée pour mission de permettre à des individus, exclus du système bancaire, de se lancer dans la création d’une entreprise grâce à des microcrédits accompagnés.
« Nous défendons l’idée que chacun, même sans capital, même sans diplôme, peut devenir entrepreneur s’il a accès au crédit et à un accompagnement professionnel, personnalisé, fondé sur la confiance, la solidarité et la responsabilité », indique le directeur territorial adjoint Philippe Hemled. Aussi l’ADIE, avec le soutien de ses partenaires (BGE, chambres de métiers ou de commerce, Pôle emploi…) accompagne et finance les porteurs de projets depuis plus de 25 ans (ils peuvent bénéficier d’un prêt pouvant atteindre 10 000 €). En 2019, l’ADIE Hauts-de-France a versé 3,2 millions d’euros auprès de 1 100 porteurs de projets.
« Dans l’arrondissement de Cambrai, les créations d’entreprises ont progressé de 7 % en 2019 », se félicite Jean Marchand, directeur adjoint du Pôle emploi de Cambrai. Mais ça c’était avant… « Dans notre région, 11 % des habitants des Hauts-de-France envisageaient de créer leur entreprise avant la crise du Covid 19, indique Philippe Hemled. Mais plus d’un quart de ceux-ci se disent stoppés par la pandémie ».