“Les fleuristes ne font plus de fleurs à Interflora”, “Des fleuristes en guerre contre Interflora”, voici les titres des journaux de l’Ouest de la France qui soulignent pour le moins du rififi chez les interfloristes !
GUERRE NON, MAIS CRISE OUI !
Le mot “Guerre” est excessif ” reconnait Olivier GUILLONNEAU, “c’est de la responsabilité des médias !”. Crise il y a ! le cacher ne serait pas réaliste. Il y a déjà quelques mois que les questions ou récriminations couvent du sud à l’ouest de la France, les témoignages, les rumeurs, les inquiétudes ou discussions s’amplifient de toute part sur les salons et les rencontres.
Peut être que les bouillonnants et irréductibles interfloristes bretons se sont sentis encouragés par le mouvement explosif des bonnets rouges. Mais croire qu’il n’y a que les bretons qui aimeraient des précisions de la part de la direction d’Interflora serait réducteur et non représentatif de la situation.
Il est vrai qu’une grève ou un boycott des transmissions florales pendant la St Valentin, est une décision surement difficile pour les fleuristes en période de crise mais aussi un cadeau de bienvenue un peu salé (breton) pour le nouveau PDG.
Comment un tel conflit peut-il naître ? Les représentants de la société sur le terrain ont-ils relayé ces inquiétudes ? Ancien interfloriste et maintenant journaliste, j’ai souhaité aller à la rencontre des deux hommes qui s’opposent aujourd’hui : Eric LEDROUX PDG d’Interflora et Olivier GUILLONNEAU Fleuriste à Carquefou et porte-parole “de fait” de plusieurs dizaines de fleuristes. Il est aussi un des 4 fleuristes radiés récemment.
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Des hommes de talents !
Olivier GUILLONNEAU
Fleuriste et interfloriste à Carquefou depuis plusieurs générations, plus de trente ans de savoir-faire et de passion. Olivier peut mettre en avant un superbe palmarès lors de :
– La Coupe de France des Fleuristes 1981
– Des Floralies Internationales de Nantes 1984 – 1994
– Aux concours des Meilleurs Apprentis 1995 -1996 – 1998
Eric LEDROUX,
PDG d’Interflora, fraîchement arrivé (fin 2013) de chez Europcar, reconnu pour son énergie, son leadership et sa vision stratégique dans le domaine de la relation client.
Je reconnais que j’ai découvert deux hommes sympathiques, ouverts et sincères. Chacun avec son talent m’a démontré en définitive : l’amour, la passion et le respect pour les fleuristes et pour Interflora.
Se respectant mutuellement, chacun défend à sa façon les interfloristes ! Comme dans une crise de couple, les incompréhensions existent, les mots partent parfois vite, les contextes économiques de chacun ne sont pas toujours bien compris.
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Une impression de déjà vue !
Malgré le contexte difficile, Interflora reste toujours leader mais aujourd’hui la société ne traite plus que 1.6 millions d’ordres au lieu des 2,4 millions des années 90. Les livraisons se font en moins de 4 heures quand avant on parlait à l’époque de livraison rapide en moins de 24h. Les chocolats, les peluches, les bonbons et tous les produits du e-commerce concurrencent maintenant les cadeaux floraux transmis à distance. Les autres sociétés de transmission s’y sont déjà penchées ! l’environnement évolue donc !
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Une commission – Un privex un peu Teq ou Toc ?
La transmission florale représente généralement chez un fleuriste 10 à 15 % de son chiffre d’affaires. Mais tout interfloriste sait qu’il est bien difficile de décortiquer la rentabilité d’un ordre interflora car l’analyse est complexe et la société peut encore améliorer la transparence de ce dossier. Pour autant ce n’est pas un sujet “fun” d’actualité pour le grand public!
Meilleure façon d’enrichir un éventuel dialogue de sourd, laissons aux hyper-spécialistes l’étude précise. C’est complexe avec les différentes TVA, les frais de livraisons et les produits périssables par nature. Une situation à apprécier différemment suivant la taille des boutiques ou leur position géographique. Une boutique dans une région calme est tout autant nécessaire pour la crédibilité du réseau.
Il est légitime que le fleuriste puisse vérifier la rentabilité de chacun de ses actes dans la gestion d’un point de vente. Au dela d’une rentabilité comptable, les interfloristes savent bien que porter la marque Interflora labellise le fleuriste et sa boutique. Cette marque lui apporte une aura et des retombées d’affaires de toutes sortes qui dépassent la transmission florale. Etre interfloriste, ce n’est pas qu’un service, c’est aussi un esprit et une communauté (promotion, communication , formation…).
Les fleuristes artisans qui n’ont pas tout à fait le même modèle économique et les mêmes soucis de gestion peuvent percevoir les enjeux pour l’avenir différemment…Ce que souhaite les fleuristes c’est simplement vivre de leur métier, de leur art, de garantir que leur action pour interflora soit justement rémunérée, que leur relation avec leurs clients continue à être sereine, honnête et compréhensible. Enfin Ils attendent aussi qu’un dialogue franc et constant soit toujours possible. Une relation où sont gagnants consommateur, fleuriste et Interflora.
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DES NOUVELLES REFLEXIONS STRATEGIQUES !
La société Interflora doit toujours innover ! Déja des commissions composées de délégués régionaux travaillent sur la prospective…”Il y a plein de projets il est encore trop tôt pour livrer ici la stratégie de l’entreprise”
Cependant deux axes ressortent au profit des consommateurs :
Capitaliser sur l’image
“La marque Interflora est une marque leader et reconnue naturellement par le public, elle a inventé le métier de la transmission florale. Elle doit continuer d’investir dans la technologie du net en restant axée sur les produits floraux.”
Redonner de la confiance – Tenir ses engagements
“Le réseau est composé de 5200 fleuristes et il restera stable même si le nombre de fleuristes en France se réduit sensiblement…il y aura des départs et des arrivées pour les remplacer, ceux qui ne sont pas à un niveau suffisant de qualité ne seront pas gardés.“ précise Eric Ledroux.
“ C’est important d’améliorer la qualité de service et la conformité des produits, il faut aussi redonner du lien et de la valeur ajoutée aux fleuristes, créer de la valeur !”
” Si la stratégie devait changer… je reviendrais vers les fleuristes !”
Eric Ledroux
Pour éviter les rumeurs !
L’actionnariat de la société repose sur des sociétés d’investissements stables et françaises affirme Eric Ledroux. Bebloom et le Bouquet Nantais sont des filiales du groupe, leur activité est stable et peu médiatisée. L’envoi direct de produits, (plantes ou autres produits non floraux) restera accessoire et la livraison par colis n’est pas une solution satisfaisante.
“La coupe Espoir des jeunes fleuriste doit être maintenue ! Les activités de formation de l’Association des Fleuristes de France sont transférées à la FNFF”.
“On aimerait soutenir la Fédération dans ses actions, une représentation forte et influente de la profession est nécessaire .…”
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UNE SORTIE DE CRISE EN PAIX – EST-CE ENCORE POSSIBLE ?
De cette crise, Il y a bien eu 4 radiations de fleuristes. “Ils ne transmettaient plus d’ordres, et cela ne pénalisait pas qu’eux seulement …mais tout le réseau” souligne Eric Ledroux, “mais certaines sont plus injustes que d’autres !” répond Olivier.
“Ma porte est ouverte au dialogue, …A l’écoute du réseau, j’ai récemment modifié la politique commerciale mise en place au 1er janvier !” …“Laissez-moi aussi un peu de temps d’analyser les situations, de prendre les premières décisions pour répondre au court terme puis ensuite me permettre d’entrevoir une politique pour voir plus loin.” affirme Eric Ledroux.
Cette énergie et volonté lui sont reconnues, Olivier et d’autres sympathisants du mouvement saluent l’énergie d’Eric Ledroux , sa vitesse et sa capacité à intégrer son nouvel environnement.
Ne pas revenir en arrière mais avancer ensemble ?
Réalisation d’une Interfloriste 44
Des maladresses réciproques, l’amour et la passion pour Interflora, devraient permettre un nouveau dialogue entre les intéressés. Peut-on croire à des gestes d’apaisement, d’écoute voire de compréhension mutuelle ? Vite que chacun puisse se concentrer plus fortement sur le service à offrir aux consommateurs, pour la réussite de tous !
Je les encourage à ces gestes, je les invite à se rencontrer et souhaitons que cette crise saura se dénouer …comme cette envie de dénouer ce si beau bouquet d’une interfloriste !
Luc NAROLLES – Surligneur de Talents !
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Les fleuristes ne font plus de fleurs à Interflora
Ils sont des dizaines, principalement dans l’Ouest, à être entrés en guerre contre la société de transmission florale Interflora. Les artisans fleuristes disent ne pas vouloir « cautionner un système qui vise à faire croire au client qu’il commande un bouquet à 39 € alors que ce n’est pas le cas. En réalité, la commande que le fleuriste reçoit d’Interflora et qu’il doit exécuter est d’un montant de 33 €. Interflora prend 6 € de commission », explique Olivier Guillonneau, fleuriste à Carquefou (Loire-Atlantique). La transmission florale représente chez ce fleuriste 15 % de son chiffre d’affaires.
« Moi, je ne gagne rien avec eux »
Certains pointent du doigt la différence de prix entre le bouquet commandé et livré. « Avant, la différence était de 3 €. Aujourd’hui, ça va jusqu’à 15 € », raconte cette commerçante de Quimper. « Les fleuristes ne veulent et ne peuvent pas être impliqués dans une tromperie qui pénalise le client », ajoute cette autre fleuriste de Saint-Nazaire qui vient d’être radiée par le réseau pour avoir fait « grève » à la Saint-Valentin, comme 85 % des fleuristes Interflora de Loire-Atlantique.
Les artisans reprochent aussi à la société d’avoir modifié le montant des commissions dues aux fleuristes d’une façon unilatérale. Entre 2013 et 2014, le fleuriste exécutant aurait perdu 15 % sur une commande alors qu’Interflora a augmenté les siennes de près de 30 %. « Moi, je ne gagne rien avec eux », lance cette fleuriste.
Du côté d’Interflora, on n’accepte pas que les fleuristes puissent parler de « tromperie ». « Les chiffres communiqués sur les prix clients et les commissions sont erronés. Le fleuriste n’a pas compris le système Interflora quand il parle de tromperie, estime Éric Ledroux, directeur général d’Interflora. Toute marque qui a une activité de marketing prend une commission. C’est comme une redevance et elle finance les opérations de communication. Si un client commande vingt roses à 100 €, la personne recevra 20 roses à 100 €. Le reste, c’est interne à la société. »
Des fleuristes de Bretagne annoncent vouloir rejoindre l’action des fleuristes des Pays de la Loire et menacent de lancer un mouvement de grève illimitée. À noter qu’en 2004, Interflora avait été condamné par la Cour d’appel de Paris à 1,5 million d’euros d’amende pour avoir abusé de sa situation sur le marché de transmission des commandes de fleurs en empêchant les fleuristes d’appartenir à des réseaux concurrents.
Une réponse
Eric LEDROUX annonce ce jour une rencontre avec les fleuristes Interflora.
A Nantes le 31 mars prochain sur le mode du libre échange.
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