Jardiland. La transmission se fera en famille – Désormais, Alain Tygréat partagera les commandes avec sa fille Marie, qui vient de lui racheter la moitié des parts de l’entreprise. « Je suis déjà un peu le passé ; elle est l’avenir ».
Désormais, Alain Tygréat partagera les commandes avec sa fille Marie, qui vient de lui racheter la moitié des parts de l’entreprise. « Je suis déjà un peu le passé ; elle est l’avenir ».
Patron de la jardinerie depuis 1985, Alain Tygréat s’apprête à passer la main. Et il a trouvé la meilleure des successions possibles : sa fille vient de prendre 50 % des parts de l’entreprise, en attendant d’assurer, seule, la relève.
« Pas envie d’être le plus riche du cimetière de Guipavas, ou de faire une attaque au milieu des rayons ». Pas simple, pourtant, de lâcher son affaire, surtout quand elle concentre l’histoire d’une vie. « Je n’ai passé qu’un entretien d’embauche », rappelle Alain Tygréat, 59 ans. Jeune diplômé d’un DUT de commerce, passionné par le végétal, il rejoint en 1982 Floricane, à Plougastel, comme vendeur. « Heureux comme un roi ». Et chanceux, avec ça. Car Floricane décide rapidement de créer une jardinerie, route de Gouesnou. Jardiland ouvre en 1984. Le directeur initial ne faisant pas l’affaire, Alain Tygréat hérite de la direction, à 25 ans. Puis achète un quart des parts, grâce à la bienveillance du patron Maurice Coat, à qui il finira par acheter l’intégralité de l’entreprise franchisée.
Deuxième Jardiland de France
En 2003, Jardiland s’installe sur ce qui est alors un terrain vague, au Froutven, passant de 3 500 à 6 000 m² de surface de vente. Un vrai pari, qui s’avère payant : « On a doublé le chiffre d’affaires en un an ». Depuis, Jardiland n’a cessé de grandir, profitant du « retour à la terre » d’une génération qui s’était coupée de ses racines paysannes.
La jardinerie, poussée à 8 500 m² de surface de vente, est désormais la plus grosse de Bretagne et réalise le deuxième chiffre d’affaires du réseau français de Jardiland, quand elle pointait au 90e rang en 2003…
Une « pépite » que Marie Tygréat n’a pendant longtemps pas imaginé diriger. « J’y ai grandi, j’y ai fait mes jobs étudiant, à la caisse, l’emballage… ». Mais après une école de commerce à Nancy, elle prend le large, travaille pour Publicis à Paris, puis pour des grands groupes et start-up en Inde et Singapour, pendant quatre ans… « Mais à un moment, on se rend compte qu’on était bien chez soi aussi ».
En 2005, elle décide de rentrer, imagine reprendre l’affaire. Mais pas n’importe comment, en faisant d’abord ses preuves. Elle rentre dans l’entreprise comme responsable du secteur art de vivre (mobilier de jardin, intérieur…). « Ça s’est bien passé », estime-t-elle. « Elle a fait + 20 % dès la première année ! », rectifie le père. Le duo se met en place. « J’apprends de mon père ; il me donne toutes les clés pour réussir. Et on se connaît, on se dit les choses franchement, ça permet d’avancer plus vite ».
« On a de la place pour se développer »
Aujourd’hui, ils sont tous deux codirigeants à parts égales. « Pour deux ans au moins ». Après, Marie devrait voler de ses propres ailes. « Reprendre une boutique comme ça, avec ses 40 salariés, ce n’est pas rien pour une femme de 33 ans », salue son père. Elle : « Ça rajoute de la pression d’être la fille de. On se doit d’être au moins à sa hauteur ».
Son ambition est simple : « Garder notre leadership, continuer à développer la jardinerie qui a un énorme potentiel. Et comme on a pas mal de réserve foncière… ». L’histoire familiale de Jardiland reste encore à écrire.