Les prix des fleurs subissent une envolée historique. Une situation qui contraint le secteur, déjà en difficulté, à revoir son modèle.
Au marché de Rungis, le prix de la rose a doublé. La tulipe, c’est + 50 %. Je pourrais aussi évoquer le lys, l’œillet ou le chrysanthème… Depuis un an, le prix des fleurs connaît une envolée historique et cela se voit quand vous allez chez un fleuriste de quartier. C’est très compliqué pour lui de proposer désormais des ensembles à moins de 20 ou 30 euros.
Note de la rédaction de JAF-info : En 4 ans + 26% sur la Rose Naomi 50cm !Selon les relevés de France Agrimer – RNM à Rungis – Au cours grossiste ( Prix HT – Moyenne sur les 11 premiers mois de chaque année.)
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Pour comprendre cette flambée, il faut aller à l’étranger, car plus de 80 % des fleurs coupées vendues en France sont importées. En particulier importées des Pays-Bas. Là-bas, le modèle de production intensif, avec des gigantesques serres chauffées au gaz 24 heures sur 24, est frappé de plein fouet par la flambée des prix de l’énergie. Résultat : des producteurs gonflent leurs tarifs, certains réduisent leur production. Il y en a même qui sont contraints de tout arrêter. Une production en baisse, des prix en hausse, c’est le pire des scénarios.
Notre marché est totalement dépendant de l’étranger. Est-ce que n’est pas l’occasion pour la fleur française de prendre sa revanche ?
Il y a plusieurs obstacles à surmonter à chaque étape de la chaîne. D’abord, la production nationale ne peut répondre aujourd’hui à la demande. Le nombre d’horticulteurs est passé de 7000 à 3000 (plutôt 300 ndlr JAF-info) en 10 ans et ce sont souvent des petits producteurs qui n’ont pas forcément la logistique pour alimenter un réseau de fleuristes.
Malgré cette difficulté, les fleuristes doivent jouer le jeu de la filière tricolore pour la revitaliser. Les choses bougent un peu. Fleurs d’ici par exemple est un collectif qui ne propose que des tiges produites localement et fraîchement coupées. Quant au leader du marché, il a commencé à revoir son circuit d’approvisionnement. Emova Group détient les franchises Monceau Fleurs, Happy, Au nom de la rose, Cœurs de Fleur. Aujourd’hui, mois de 10 % des produits qu’il vend sont cultivées dans l’Hexagone. Son objectif est de passer à 20 % d’ici à 2025.
Un autre problème, c’est le prix. Si les fleurs importées sont chères, la production nationale l’est aussi, et même parfois encore plus. Une rose produite au Kenya, qui est le premier pays producteur, coûte deux fois moins qu’une rose cultivée en France. Dernier obstacle : le consommateur. Il faut qu’il change ses comportements d’achat.
Mais comment faire, concrètement, pour que le consommateur ait un effet sur le marché des fleurs ?
Prenons la rose. Il s’en vend 20 millions de bouquets par an, c’est le produit star. Mais doit-on acheter tout le temps ? La rose en hiver, c’est pareil que la tomate, une hérésie. Comme pour les fruits et légumes, Il faut accepter de respecter la saisonnalité des fleurs, et aussi se tourner vers d’autres espèces que nous savons produire sur le territoire à un coût raisonnable. Je pense aux renoncules, aux anémones, aux giroflées, aux narcisses. Sans compter qu’acheter des tiges françaises a aussi une vertu écologique : une fleur importée émet 30 fois plus de carbone.
Mais le client doit être aidé, un travail de pédagogie est nécessaire et la filière en a bien conscience. Depuis 2015, le label Fleurs de France permet de promouvoir la production française et il est de plus en plus mis en avant. De son côté, la fédération française des artisans fleuristes s’engage à afficher la traçabilité des produits à partir de l’été prochain. Une transparence indispensable pour changer nos habitudes.
2 réponses
Je reprends une erreur de votre part. Ce n’est pas a Fédération Française des Artisans Fleuristes (FFAF) qui a mis en place l’étude de la traçabilité. C’est l’UNF (Union Nationale des Fleuristes) qui l’a fait sous l’égide de Mr Pascal MUTEL. La Fédération fait en ce moment du plagiat pur et simple et s’approprie le thème de la traçabilité. C’est pourquoi l’UNF ne transmettra pas l’étude à la Fédération et les données.
Mr Xavier AMICE adhérent UNF
Précisions qui seraient utiles à l’auteur chez radio-france