Certains magasins autrichiens ne vendent plus certains rongeurs avant les Fêtes par peur que les bêtes ne soient abandonnées par la suite. En Suisse, les animaleries ne suivent pas l’exemple de notre pays voisin.
A première vue, un animal de compagnie semble être le parfait cadeau de Noël. Mais malheureusement, bon nombre de ces bêtes sont abandonnées ou déposées dans des refuges peu de temps après les Fêtes parce que certains propriétaires ne sont pas en mesure de s’en occuper.
Bêtes stressées par les fêtes
Pour la Protection suisse des animaux (PSA), offrir un animal de compagnie à Noël n’est pas une mauvaise idée en soi. «Mais ces bêtes ne doivent pas finir sous le sapin», affirme cependant la porte-parole Helen Sandmeier. Elle rappelle qu’un déménagement – ici du magasin à son nouveau chez soi – est toujours très stressant pour les animaux. Si en plus ils doivent supporter l’agitation qui accompagne souvent les rassemblements de famille à Noël, ça fait trop.
Afin de remédier ne serait-ce qu’un peu à ce problème, des animaleries autrichiennes, dont la chaîne de magasins Fressnapf, refusent de vendre certains rongeurs – tels que des hamsters, des lapins ou encore des cochons d’inde – deux semaines avant les Fêtes.
Des employés bien formés
Cette manière de faire est saluée par la Protection suisse des animaux: «Stopper les ventes avant Noël permet de réduire le nombre d’achats spontanés et pas réfléchis», estime ainsi la porte-parole Helen Sandmeier. Susy Utzinger, qui milite elle aussi pour le bien des bêtes, est du même avis. «Je serais ravie d’apprendre que les animaleries suisses suivent l’exemple autrichien», explique l’Alémanique. L’organisation Vier Pfoten (quatre pattes) souhaiterait elle aussi que les magasins en Suisse arrêtent de vendre certains animaux avant les Fêtes.
Reste que Qualipet, leader suisse du commerce spécialisé pour les animaux domestiques, n’envisage pas de changer ses habitudes. Contacté, le CEO Rolf Boffa assure que la chaîne de magasins dispose de personnel bien formé et très compétent. Selon lui, les employés doivent pouvoir évaluer si le client est prêt à s’occuper correctement d’un animal ou non. Rolf Boffa note par ailleurs qu’en cas de doute, l’employé peut refuser de vendre une bête à un client.
Elevages douteux
Selon Marie Hattemer, responsable du magasin Le Scalaire à Nyon (VD), arrêter les ventes avant les Fêtes n’est pas à l’ordre du jour. «Nous sommes une petite animalerie de proximité, nous faisons extrêmement attention à ne pas vendre nos animaux à n’importe qui. Nous essayons au maximum de responsabiliser nos clients, notamment en leur faisant comprendre que les animaux ne sont pas des jouets et qu’ils ont des besoins spécifiques propres à chaque espèce.»
Marie Hattemer note par ailleurs que le magasin a déjà refusé à plusieurs reprises de vendre des bêtes parce que des employés n’étaient pas certains que les animaux allaient pouvoir vivre dans de bonnes conditions chez leur nouveau propriétaire: «C’est le bien de l’animal qui compte et non les chiffres de vente.» Lorsqu’une personne ne sait vraiment plus quoi faire avec son animal, l’animalerie les reprend en dernier recours. «Mais nous conseillons d’abord aux gens de mettre des petites annonces et d’essayer de trouver quelqu’un pour s’occuper de leurs bêtes.»
Des bons d’achat
Et d’ajouter: «En ce qui concerne les animaux offerts à Noël, la situation s’est calmée au cours des dernières années. Nous conseillons aux gens d’opter pour un bon d’achat. Comme ça, les futurs propriétaires peuvent se rendre en personne dans notre magasin et choisir l’animal qui leur convient le mieux»
Comme Marie Hattemer, Sandro Delia, patron d’une petite animalerie à Zurich, n’envisage pas non plus de stopper ses ventes avant Noël. Il avoue néanmoins que certaines personnes ne sont définitivement pas prêtes à s’occuper d’un animal: «J’ai déjà suggéré à des clients d’aller acheter un animal en peluche. Mais arrêter les ventes ne sert à rien. Cela augmenterait même le risque que les clients aillent acheter des bêtes issues d’élevage douteux.»