Fin octobre, le fleuriste de la rue Pressencé baissera définitivement le rideau. C’est donc une sacrée page qui se tourne pour le couple de gérants qui prend sa retraite mais aussi pour ce commerce emblématique de la commune qui n’a, malheureusement, pas trouvé de repreneur.
« Depuis qu’on a envoyé un courrier à nos clients pour annoncer la fermeture (et la liquidation totale du magasin qui a commencé début septembre), beaucoup viennent nous voir, nous dire un petit mot, évoquer leurs souvenirs. On ne s’attendait pas à ça », confie Françoise Babeur. Et pourtant, ça fait quand même un bail que le magasin existe. Soixante-douze ans exactement ! « C’est mon père, Julien Babeur, qui, à son retour de la guerre, en 1945, l’a ouvert », raconte Michel avec émotion, son papa étant décédé en janvier dernier à l’âge de 103 ans (il était alors le doyen de Leforest). Au départ, « il ne vendait que de la paille et des graines pour nourrir les animaux ». Et puis, au fil des années, de l’évolution des besoins et de la société, l’activité s’est orientée vers le jardin, les compositions florales et la décoration…
Une activité qu’a largement contribué à développer celui qui a pris la succession de ses parents en 1979, après avoir travaillé à leurs côtés durant quatre années. « Mais déjà auparavant, je leur donnais un coup de main. » Tout comme l’a fait ensuite Françoise pour « aider mon époux », sacrifiant son boulot d’infirmière libérale. Et comme l’ont fait, naturellement, leurs deux enfants. Néanmoins, ces derniers n’ont pas voulu poursuivre le commerce familial. « Et on ne les y a pas poussés, avoue le couple. C’est beaucoup trop contraignant. » Entre les commandes de fleurs pour les grands événements, les temps forts qui rythment l’année (Toussaint, Noël, Saint-Valentin…), « on a beaucoup donné pour ce magasin ». D’autant que ce type d’activités offre peu de pauses car « on travaille avec du vivant ».
Pas de repreneur
Alors forcément, cette retraite, le couple l’attendait avec pas mal d’impatience. Même si « on aurait préféré qu’il y ait un repreneur ». Or, personne ne s’est montré intéressé. « C’est dramatique et désespérant. Car ça montre bien que le commerce de village souffre, entre la concurrence des zones commerciales, d’internet, les problèmes de stationnement… » Aujourd’hui, même s’ils ne manquent pas de projets pour occuper leur futur temps libre, Michel et Françoise Babeur comptent bien fêter comme il se doit cette page qui se tourne avec leurs proches, les autres commerçants et surtout leurs clients. Qu’ils ont, pour certains, accompagné dans les grandes étapes de leur vie. « Il y en a dont on a fait les compositions pour le baptême, puis la communion, puis le mariage, puis le baptême de leurs enfants et ainsi de suite… » Le 29 octobre prochain, Babeur fleurs fermera définitivement ses portes. Et une nouvelle vie commencera pour le couple de gérants.