Christiane Pissard-Nérisson exerce son métier de fleuriste à Poitiers-Sud avec passion. Elle va fermer la porte de Bell’Flor’ après 51 ans de carrière.
Son petit carré asymétrique et son élégance caractérisent toujours Christiane Pissard-Nérisson. Dans quelques semaines, elle fêtera ses 74 printemps mais jusqu’à son départ officiel, le 30 septembre prochain, elle restera au service des clients comme au premier jour… qui remonte à 51 ans. C’est dire si elle maîtrise le langage des fleurs qu’elle aime cultiver au contact du public depuis un beau jour de mai 1964.
“ Je suis autodidacte ”
Un temps que les moins de 20 ans… A cette époque-là, même avec un diplôme de comptable, il était possible de devenir fleuriste. A 23 ans, Christiane se lance sans jamais avoir « touché » une fleur. Elle crée sa boutique avec son époux au 1, avenue du 8-Mai à Poitiers ; sur la route du Sud, la route de la mer. Nombre de Poitevins s’y arrêtaient avant de « prendre le large » vers des horizons au goût des premiers « longs » congés payés.
L’enseigne Bell’Flor’ à l’angle de l’avenue et de la rue Delaunay, avec des cascades de fleurs sur les marches, comme la proue d’un bateau, ne passe toujours pas inaperçue. « Je suis une vraie autodidacte. Ce sont les circonstances de la vie qui m’ont amené à ouvrir cette boutique, confie Christiane. Mon mari était horticulteur et ses parents disposaient de serres. » Le terreau était fertile puisque Christiane a transformé son métier en passion au fil du temps et des formations qu’elle n’a jamais cessé de suivre tout en s’adaptant aux modes et aux exigences des consommateurs. « Ça s’est fait progressivement. Au tout début, il y avait peu de variété de fleurs coupées. Aujourd’hui, il est impossible de les énumérer toutes. Il est important de ne jamais rester sur ses acquis ; ça donne une bonne leçon de modestie. »
12 apprenties
Si dans la vie privée, cette volonté de fer lui a permis de surmonter les pires moments ; dans son commerce, son indépendance et son énergie ne s’accommodent pas de demi-mesure. Entière, elle sait écouter son intuition pour « flairer » le vrai client tout en s’appuyant sur la maîtrise de son métier acquise lors de formations continues, notamment avec Interflora. « Notre métier est de conseiller, d’orienter, de suggérer même pour un simple bouquet. J’ai participé à des concours régionaux et à la coupe de France des fleuristes, au concours du meilleur ouvrier de France. Et depuis 27 ans, je suis présidente du club Interflora ; une association qui réunit des fleuristes adhérents de la Vienne, pour bon nombre devenus des amis – pour mes50 ans de métier, l’an passé, ils m’ont réservé une surprise en m’offrant 50 roses et une fête mémorable –. J’ai participé avec cette association à la création, en 1991, de la coupe Jeunes espoirs Deux-Sèvres/Vienne bisannuelle. » Et c’est avec le même besoin de partager son savoir-faire qu’elle a accompagné 12 jeunes filles apprenties. « Pendant deux ans, à chaque fois, nous créons des liens forts. » Letemps aussi de rire des petites phrases qu’il est bon d’éviter auprès des messieurs clients comme « Je vais vous couper la queue » ou encore « Je vais vous essuyer la tige ». Ou de certaines anecdotes. « Un jour, une dame m’a commandé par Interflora une couronne mortuaire pour le mariage de son ex-mari ! »
Son magasin Bell’Flor’ (1, avenue du 8-Mai-1945) ne sera pas repris par un autre fleuriste. Jusqu’au 30 septembre, Christiane Pissard-Nérisson liquide tout le mobilier à -50 % du prix.