Les Assises de la traçabilité organisée par l’Union Nationale des Fleuristes réunies à Paris ce lundi 3 octobre, ont été suivies par une cinquantaine de personne en présentiel et une fois autant sur la chaine YouTube de l’institution. Comparativement aux 12 000 entreprises, artisans fleuristes français et aux 186 000 professionnels de la filière végétale, il s’agit là d’une faible audience accordée à cette manifestation. Pourtant, à raison, la thématique sur l’origine des végétaux est cruciale.
Pascal Mutel, Président de l’UNF, a conclu ses Assises par une annonce unique : la rédaction d’un livre blanc sur la traçabilité des fleurs coupées vendues en France, qui serait en juin prochain remis au Ministre. Une initiative intéressante pour conduire la filière vers un développement durable et transparent. Loin de cette conclusion, sans autre concertation, l’annonce qui suivra diffère nettement. Les médias citent et retiennent pour seul engagement de Pascal Mutel, au nom de la filière, un affichage de l’origine des fleurs chez les fleuristes en juin 2023 !
Cela n’aura échappé à personne, la filière végétale et les artisans fleuristes restent interloqués face à ce diktat. Cet effet d’annonce s’expose ainsi sans réflexion, sans échange avec d’autres partenaires français ou européens, sans stratégie de mise en application, sans étude de faisabilité auprès des pouvoirs publics. Comment peut-on cautionner et accepter cela ? Dans quel but se forge cette affirmation ?
Le marché de la fleur coupée est, depuis plusieurs décennies, mondialisé. La seule production française, fortement saisonnière, si qualitative et magnifique soit-elle, ne peut à présent satisfaire la demande nationale, en termes de quantité et de variété. Plus de 80% des végétaux commercialisés dans notre pays par les artisans fleuristes, en jardinerie ou dans la grande distribution, sont importés. En provenance du reste de l’Europe ou des pays situés sous l’Equateur, pour des raisons d’ensoleillement, de température et d’hygrométrie principalement, les fleurs transitent de façon quasi systématique via les Pays-Bas.
Nos partenaires, producteurs, importateurs, transporteurs et grossistes européens doivent observer avec une attention particulière le propos du Président de l’UNF. Les conséquences et les répercussions à l’international sont nombreuses.
Une démarche de réflexion sur la traçabilité, est tout à fait louable et elle deviendra dans les années à venir indispensable. Le consommateur sera demandeur de transparence. Qui plus est, les professionnels auront tout intérêt, en temps voulu, à afficher leur bonne pratique et leur insertion dans un mode de production alliant rendement suffisant et préservation des ressources. Puis la législation, sur une initiative de l’Union Européenne probablement, imposera une forme de traçabilité.
C’est le vent de l’histoire, il n’appartient pas à quelques-uns d’anticiper des décisions collectives. Les artisans fleuristes, acteurs responsables en comprennent tout l’intérêt et appliqueront le moment venu, les codes de bonnes conduites ou les réglementations qui s’imposeront.
Ce sujet, sensible, dépasse largement les frontières nationales. Sous peine d’être pris en défaut, il apparait prématuré d’engager une mise en application sous 8 mois.
Le niveau d’import est tel, que le consommateur, notre client final, risque davantage de culpabiliser à la vue d’une mappemonde cosmopolite affichée sur le bouquet de son choix. Il s’orientera, sans doute, vers un autre produit, en apparence plus vertueux.
Qui plus est, l’artisan fleuriste demeure dans l’état actuel, dans l’incapacité totale d’affirmer la provenance des fleurs qu’il commercialise, faute de traçabilité en amont. Une signalétique plus appuyée des végétaux produits en France, en accentuant le label Fleurs de France par exemple, serait bien plus efficace.
Nonobstant les conseils de l’ensemble des acteurs concernés, c’est aujourd’hui faire montre de démagogie d’engager à ce stade, la filière dans cette voie. D’autant plus à une période charnière dans la chaine d’approvisionnement, où les intrants subissent des évolutions de prix sans commune mesure. Par des hausses successives inconsidérées, le marché du végétal est déjà bouleversé et cela va encore s’accentuer dans les mois à venir. Ajouter une contrainte majeure, à cet instant, est prendre un risque incommensurable.
Je m’étonne qu’une organisation comme l’Union Nationale des Fleuristes, puisse s’imposer, dans une position dogmatique, à l’ensemble des 12 000 artisans fleuristes français. Bien au-delà, la filière française dans sa globalité, rassemblée sous l’égide de Val’hor, l’Interprofession du végétal se trouve à présent dans l’obligation de réagir à une telle affirmation.
Madame Muller, Présidente de Val’hor, Monsieur Legendre, Président de la Fédération Française des Artisans Fleuristes, les artisans fleuristes attendent votre positionnement et des solutions concrètes sur un sujet aussi délicat. Il n’est pas concevable d’obliger les fleuristes, dans quelques mois, à afficher une provenance dont ils n’ont aujourd’hui aucune certitude, sur les végétaux vendus. Si le choix des végétaux qu’ils vendent relèvent de leur choix, la garantie de leur provenance n’est pas de leur responsabilité. Seule une information efficiente et une valorisation importante de la fleur produite en France semble concevable sous le délai de juin prochain. Une première étape avant une traçabilité plus aboutie pour la totalité de l’offre. Le consommateur ne peut être floué.
Le Collectif Artisans Fleuristes Solidaires représente désormais 2 000 entreprises en France. A ce titre, la situation nous oblige à réagir. Les fleuristes français, implantés en majorité dans les villes moyennes, et en province, doivent pouvoir être entendus, respectés et considérés. Les problématiques communes au plus grand nombre de nos entreprises ne peuvent être négligées au profit d’une élite.
Florent Moreau, Président du Collectif Artisans Fleuristes Solidaires
- La rédaction de JAF-info
- Publié le 05 octobre 2022 17:47
- Mis à jour le 31 octobre 2022 10:31
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