Alors qu’une toute récente loi interdira la vente de chiens et de chats dans les animaleries à partir du 1er janvier 2024, la question de l’achat d’impulsion (et du potentiel abandon) continue de se poser lors des salons animaliers, qui se tiennent presque tous les week-ends en France.
Le brouhaha qui monte de la fosse de la salle de concert du Dôme, à Marseille, ce samedi 20 novembre, n’est pas celui des spectateurs impatients de voir leur idole mais celui des jappements de 469 toutous de toutes races venues des quatre coins de la France. « J’ai craqué en le voyant, il s’appelle Soprano, comme le chanteur ! » Ce n’est pas le célèbre Marseillais que sa nouvelle maîtresse présente ainsi avec fierté aux badauds, mais un petit coton de Tuléar venu de Bretagne. Au total, 120 chiots et chatons ont été vendus en deux jours, lors du premier Salon des animaux de compagnie et leur bien-être.
Presque tous les week-ends se tient en France un salon animalier – des petits Salons du chiot, consacrés uniquement à la vente d’animaux par des éleveurs ou des revendeurs, au Paris Animal Show qui réunit chaque année plus de cinq mille chiens, chats et nouveaux animaux de compagnie (NAC – lapins, rongeurs, oiseaux, lézards, etc.), avec exposition, concours et vente de produits pour animaux.
Ces salons ne sont pas concernés par la nouvelle loi sur la maltraitance animale, parue au Journal officiel le 1er décembre, qui prévoit l’interdiction de la vente de chiens et de chats dans les animaleries à partir du 1er janvier 2024. L’objectif affiché est de limiter les achats impulsifs afin de lutter contre l’abandon des animaux de compagnie. Chaque année en France, environ 900 000 chiots seraient vendus ou cédés, d’après une estimation du Syndicat national des professions du chien et du chat (SNPCC) – les derniers chiffres officiels datent d’il y a plus de vingt ans –, et près de 300 000 chiens et chats seraient abandonnés, selon le rapport du député Loïc Dombreval (La République en marche, Alpes-Maritimes).
« On est responsable de son animal toute sa vie, rappelle Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d’amis. L’acquisition doit être un acte réfléchi, on ne peut pas prendre cette décision en se baladant entre les stands d’un salon ! » Pour bien choisir son compagnon, il faut pouvoir discuter avec la personne qui s’occupe de l’animal, revenir le voir plusieurs fois, bien connaître son caractère… Or « les vendeurs jouent sur la sensibilité des gens, les chiots sont sevrés trop jeunes, c’est attendrissant et c’est ça qui attire le chaland ».
Les animaux doivent être âgés de 8 semaines pour être mis en vente. Salon des Animaux de compagnie de Marseille, le 20 novembre 2021
Qui n’aurait pas craqué devant la bouille de Sariette, petit teckel à poils courts blotti dans les bras de Deva, 10 ans, ou de Sbouba, un shiba inu, âgé de 2 mois ? Mathilde et son compagnon sont, eux, repartis avec une pomsky (croisé husky et spitz nain). Ils étaient venus pour « acheter un animal de compagnie à [leur] chat ». « Quand on a vu que les chats coûtaient aussi cher que les chiens [entre 800 et 3 000 euros sur ce salon], on a préféré prendre un chien », explique la jeune femme de 25 ans, séduite aussi par la possibilité de payer en trois fois sans frais. Un achat imprévu ; la preuve, ils sont venus en scooter.
Extrait
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