Ce lundi 9 mars à Paris, les travaux du Colloque “Les Mondes des Roses – Regards croisés” ont été ouverts. A l’initiative de la SNHF (Société Nationale d’Horticulture de France) et du Projet de Recherche RosesMonde, un grand nombre d’experts se sont réunis pour effeuiller la Rose sur tous ses aspects. A votre attention, j’y ai relevé quelques éléments avec un regard croisé plutôt économique et filière distribution.
Ces travaux viennent conclure le projet de recherche “RosesMonde” financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) pour la période de 2015 à 2020.
Présentation du colloque final du projet ANR RosesMonde :
Le rosier et sa fleur, ou plus exactement les rosiers et leurs fleurs avec toute leur diversité, sont des incontournables des jardins et du secteur de l’horticulture ornementale. Plus récemment, ils se sont retrouvés mêlés aux grands mouvements et petites évolutions du XXe siècle et de ce début de XXIe siècle.
Entités vivantes de culture et de nature, objet de savoirs et de sciences, ces rosiers et ces roses sont créés à des fins esthétiques par des « obtenteurs ». Pour leur diversité et leur conservation, ils peuvent entrer dans le domaine du patrimoine. Cependant ils sont également des produits de la mondialisation soumis à la standardisation des marchés de l’agro-business et aux évolutions des attentes de la société.
Ainsi, le rosier et sa fleur sont devenus un sujet d’étude regroupant des chercheurs des Sciences Humaines et Sociales – Economie, Géographie, Histoire et Sociologie comme des Sciences Biologiques – Génétique.
Au cours du projet de recherche RosesMonde, financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) de 2015 à 2020, ce groupe de scientifiques a étudié la dynamique de la création dans l’univers de la rose pour répondre à la question : Comment les tensions entre les tendances de marchandisation et celles de patrimonialisation ont-elles influencé la création variétale de rosiers?
Roses-Rosiers : Une évolution des usages au cours du XXe siècle ?
par Cristiana Oghina-Pavie Université d’Angers et Caroline Widehem Agrocampus Ouest-Angers
Le marché de la Rose :
- En France, la Rose se vend surtout en fleur coupée (ValHor 2018) : 373 millions d’euros soit 81% du marché de la Rose (Fleurs Coupées, Rosiers jardin, miniatures, paysage). C’est plus que le marché du chocolat (229 millions d’euros) . La quasi-totalité des roses est importée.
Les producteurs :
- Nombre de producteurs de Roses en France (ONIFLHOR – RGA – ValHor) : 1980 =>7.500 – 2018 => 449 soit une disparition de 7051 producteurs en 38 ans !
Adaptations des producteurs de roses kenyanes aux changements mondiaux et les innovations logistiques dans la chaîne de valeur de la rose coupée
par Olivier Ballesta et Lucie Demettre de l’Université Bordeaux Montaigne
Le Kenya :
- Le Kenya est le 4ème exportateur et principal fournisseur (38%) de l’Union Européenne en fleurs coupées. La Rose représente environ 75% de la floriculture kenyane
- En 2008, le Kenya exportait vers 6 pays dont 83% vers les Pays-Bas. En 2018 le pays exportait vers 18 pays dont 50 % vers les Pays-Bas
- 2900 Hectares de serres – 100.000 emplois directs (x5 indirects) – 35 millions de tiges par jour
- Concurrence de l’Ethiopie et naissance d’acteurs au Rwanda
Une logistique performante :
- Moins de 48 heures entre la coupe au Kenya et l’arrivée à Aalsmeer (Pays Bas) soit 6.500 km de distance
- De nouvelles voies d’acheminement des roses comme la voie maritime vont être explorées
L’aéroport de Nairobi est le 3ème d’Afrique pour le fret Cargo
et en fort développement !
Lucie Demettre
Les tendances :
- La demande mondiale toujours en hausse mais qui s’oriente vers l’Asie. La Chine importait 12 millions de dollars en 2012, 62 millions en 2018 soit 5 fois plus.
- Une prise de conscience des impacts environnementaux et sociétaux du modèle de production au Kenya (phytosanitaire, bilan carbone, eau, conditions de travail etc)
- Mise en place d’une stratégie pour inspirer confiance (norme, éthique, contrôle etc)
- Montée en gamme de la production kenyane, augmentation des variétés, investissement dans la création et recherche (obtention) et élargissement de la production à d’autres fleurs
- Impact de la revalorisation des productions locales et au processus de relocalisation (slow-flower, labels nationaux comme fleurs de France, ..)
Les producteurs Kényans font appel de plus en plus à des tendanceurs
pour mieux répondre aux demandes des consommateurs
Olivier Ballestra
Comment la production de fleurs peut-elle se maintenir en France ?
par Léa Benoit Université Bordeaux Montaigne
La balance commerciale de l’horticulture française est assez mauvaise,
le secteur “fleurs coupées fraîches” est le plus catastrophique !
Léa Benoit
1 – Vers une production de niche en fleur coupée
- Par exemple relance de la production d’immortelles par 4 producteurs pour répondre à la demande exclusive mondiale des boutiques “l’Occitane”
- Autres exemples pour les roses : roses parfumées, roses branchues, roses de jardin adaptées en fleur coupée …
2 – Soutenir une production du terroir – l’exemple du Var :
- Le Var : 270 hectares pour la fleur coupée, 400 producteurs selon Hortisud, climat doux et des disponibilités en eau. 1er département horticole de France
- Un engouement pour la pivoine (10 millions de tiges commercialisées en 2019) – La fleur la plus vendue de la SICA Hyères
La démarche intéressante d’IGP Indication géographique protégée est aussi de valoriser “Les Fleurs du Var” à l’échelle européenne et surtout auprès des consommateurs, la marque Hortisud étant plutôt destinée aux fleuristes et aux grossistes.
La demande a été réalisée il y a 5 ans, le processus est très long, une réponse est attendue pour 2022.
La crainte est qu’il n’y ait plus de producteur à cette date !
Léa Benoit
3 – Améliorer et promouvoir la qualité des fleurs (labels et certifications)
4 – Construire un réseau français du slow-flower :
Exemple du “Collectif de la Fleur Française” dont l’objectif est de produire ou commercialiser à minima 50% de fleurs françaises, des actions d’entraide, de promotion, d’achats groupés et de lobbying.
A noter le calendrier des fleurs de saison : A télécharger ici
5 – Un point de vigilance :
Avec les changements climatiques il est possible de réaliser maintenant une production de fleurs d’origine tempérée sous les tropiques !
Conclusions de Matthias MEILLAND :
Ce colloque montre bien qu’une dynamique et un potentiel existent en France sur la relocalisation de la production de roses et des rosiers.
Nous avons la chance d’avoir un pays qui a toujours eu les atouts pour ça.
Ce qu’il faut maintenant, c’est que les filières s’organisent, des obtenteurs, producteurs, chercheurs, grossistes, acteurs de la distribution et utilisateurs pour fournir une réponse aux attentes des consommateurs, tout en étant responsable, durable et à la fois rentable pour les filières.
C’est le challenge dont nous devons être tous, le moteur.
Matthias MEILLAND – Responsable des Relations Publiques
Les Talents de la Recherche présents :
Sur photo de la Gauche vers la droite
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Olivier Ballesta, Université Bordeaux Montaigne – Les Afriques dans le Monde
- Maitre de conférences en géographie – Vice-Président de l’Université Bordeaux Montaigne
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Lucie-Emmanuelle Drévet-Demettre, Université Bordeaux Montaigne – Les Afriques dans le Monde
- Professeure Agrégée de Géographie – Université Bordeaux Montaigne
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Léa Benoit – Université Bordeaux Montaigne – Les Afriques dans le Monde
- Doctorante en géographie à l’Université Bordeaux Montaigne sous la direction de Bernard Calas.
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Caroline Widehem, Agrocampus Ouest-Angers – SMART-Lereco
- Maître de Conférences Economie chez Agrocampus Ouest INHP
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Cristiana Oghina-Pavie Université d’Angers – Temos
- Maître de conférences en histoire contemporaine – Spécialité de recherche – histoire du végétal.
En savoir plus : Roses d’Afrique, roses du monde
- http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/afrique-dynamiques-regionales/articles-scientifiques/roses-afrique-mondialisation
- https://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/actualites/recherche/annee-2016-2017/mars/l-afrique-voit-elle-vraiment-la-vie-en-roses.html