La faute à la crise ? À l’arrivée des grandes enseignes ? Ou à un manque de « dynamisme » commercial dans la commune ? Toujours est-il que Sybill, fleuriste à Provin, est obligée de fermer définitivement aujourd’hui. Depuis l’ouverture de sa boutique, il y a plus de vingt ans, elle a vu les clients déserter, au fur et à mesure que les petits commerces aux alentours se sont éteints.
Pas de promeneurs tranquilles. Juste des voitures qui passent inlassablement… Devant le fleuriste Ambeline, place Jean-Jaurès, à Provin, la vie commerciale semble triste. Derrière son comptoir, la patronne vit ses derniers instants de chef d’entreprise. Dès ce soir, elle fermera sa boutique pour toujours. « Je me suis faite à l’idée même si ça a été dur au début,lance-t-elle souriante mais résignée. C’était mon bébé ce magasin. » Pour expliquer ce choix, elle désigne la rue, derrière sa vitrine, et se souvient de la belle époque. « Quand il y avait la supérette à côté, les clients s’arrêtaient, je faisais alors pas mal de bouquetterie, en les voyant, ils passaient par ici avant de rentrer chez eux. »
Puis, comme d’autres commerces à Provin, le petit magasin d’alimentation a fermé. C’était il y a cinq ans, quand la crise économique est arrivée. Et les clients se sont faits encore plus rares. « Ils partaient pour la plupart au centre commercial, j’ai alors arrêté les bouquets car je les jetais plus que je ne les vendais. »
« Un village dortoir… »
Pourtant, en 1992, lorsqu’elle revient à Provin, son village natal, avec ses diplômes de fleuriste en poche, la jeune entrepreneuse y croit. « Provin vivait, on avait deux boucheries, qui ont fermé. Il y a eu aussi une pâtisserie-chocolaterie. Elle a fermé. Sans compter la disparition des épiceries et des cafés… » À la place de ces enseignes, pas de repreneurs. Ou si peu. Par contre, les habitations se sont élevées d’après la fleuriste. « Provin devient un village dortoir, s’inquiète-t-elle. Les constructions de logements vont bon train mais le dynamisme commercial ne prend pas. » Elle aimerait voir des choses se faire, ne serait-ce qu’au niveau municipal : « On n’a pas de réel centre-ville, les magasins sont loin les uns des autres. il n’y a pas de dynamisme. Pas d’interactions. » De tête, elle fait le calcul. « Sur la quinzaine de commerces qu’on comptait ici en 1992, je peux déjà dire qu’au minimum huit ont fermé. »
Heureuse d’avoir retrouvé un travail
Si elle doit fermer, la patronne s’estime tout de même heureuse d’avoir réussi à retrouver du travail. « J’ai envoyé cinq CV, j’ai eu trois réponses positives », affirme-t-elle. Sa décision a aussi été vite prise. Dès octobre, la fleuriste ira travailler quelques mois à la jardinerie Cap Vert, à Carvin. « Je pourrai revoir mes anciens clients », relativise-t-elle. En tout cas, Sybill n’envisage pas de quitter Provin, son village natal. « Je vais continuer de vivre à l’arrière du magasin », explique-t-elle. Concernant le local commercial, après avoir recherché depuis novembre 2012, un repreneur ou un entrepreneur désirant s’installer à Provin, elle a dû se résoudre à conclure la vente avec un promoteur immobilier… « qui va en faire deux habitations. »
XAVIER SILLY
Source : http://www.lavoixdunord.fr/region/sybill-fleuriste-temoin-et-victime-du-declin-de-ia25b50456n1575420