Dominique Wattelle est un horticulteur installé à la frontière de Tourcoing et Neuville depuis des dizaines années. La Toussaint est pour lui une époque importante où il peut vendre ce qu’il produit localement.
Ses chrysanthèmes et ses pomponnettes se trouvent depuis toujours à l’entrée des cimetières de Tourcoing, Roncq, Neuville-en-Ferrain et Halluin. Ses fleurs ne viennent pas de Belgique ou des Pays-Bas, et ses semis sont lancés en mai. Comme c’est le cas pour tous, il a envoyé ses demandes d’autorisation d’occupation du domaine public (les entrées de cimetières) aux mairies. C’est le maire qui décide de les accepter ou non sans avoir à fournir de motif. Il s’installe depuis 30 ans, à Halluin, où l’on ne demande pas de redevance de trottoir comme cela se fait ailleurs. Son courrier est parti en août n’imaginant pas recevoir un refus. « On n’a jamais eu de problème ! » Seulement voilà, la municipalité a changé et Gustave Dassonville, le nouveau maire UMP a décidé de refuser.
Protectionnisme halluinois
Gustave Dassonville n’entend pas faire de différence entre un producteur local et quelqu’un qui se contente de vendre des produits souvent achetés ailleurs. Pour le maire, ce qui compte, c’est l’emploi sur son territoire. Et sur le préjudice pour l’horticulteur qui a fait ses semis en mai ? « S’il commande ses chrysanthèmes avant d’avoir la réponse, son préjudice c’est sa faute. (…) Mon problème c’est mon commerce local. J’ai deux fleuristes et pour eux cette journée est très importante. Ils m’ont expliqué que ce fleuriste tourquennois venait leur faire une forte concurrence ; la concurrence ne me choque pas, en revanche ce qui me choque c’est qu’eux ne peuvent pas aller à Tourcoing, Neuville-en-Ferrain ou Roncq. J’applique la réciprocité. Je protège mes commerçants. J’ai un commerce de proximité qui est en train de crever, je veux redynamiser tout ça. J’avais dit pendant la campagne que je donnerai la priorité aux commerçants halluinois, je le fais. »
Dominique Wattelle estime son préjudice entre 3 000 et 5 000 €. « On a aussi une perte de clients qui nous appellent et ne comprennent pas pourquoi on n’est pas là. (…) La situation économique est grave, pourquoi Halluin ne nous laisse pas travailler ? » Et il s’interroge aussi sur la fin de la concurrence. Il estime qu’au final, ce sera le consommateur halluinois qui payera.