Depuis 2000 et son titre de meilleur ouvrier de France (MOF), Gilles Dumont est connu bien au-delà de sa ville de Valenciennes. Le fleuriste va baisser le rideau d’ici à juin mais n’en a pas fini avec les fleurs.
Il continuera de donner des cours au lycée horticole de Raismes et pour le réseau Interflora.
L’affichette est discrète, rédigée sur du papier brun. Dessus, un message laconique, « bail à céder, 800 € » et deux numéros de téléphone. D’ici au mois de juin, Gilles Dumont va baisser le rideau de son magasin à l’angle des rues de Paris et Saint-Jean. Gilles Dumont vend des fleurs mais il se définit avant tout comme un « fleuriste ». Il ne fait pas que vendre, il donne vie aux fleurs « en recherchant des formes et l’originalité. J’aime créer ».
Depuis l’âge de 15 ans (il en aura 62 le 4 mai), Gilles Dumont modèle les fleurs. Après avoir travaillé dans la production florale et avoir été dessinateur paysagiste, il a ouvert son premier magasin de fleurs en 1981, à Denain, « j’ai toujours voulu m’installer ». Quatre ans plus tard, par le plus pur des hasards, il s’est installé à Valenciennes à la place « d’un marchand de disques ». Dans les années 1990, il a aussi investi dans un magasin à Lille, revendu à l’une de ses vendeuses.
Très vite dans sa carrière, le fleuriste a pris goût aux concours par goût du « travail manuel », de la « création » et pour « se mesurer à d’autres ». Il a perdu le premier concours disputé « mais j’ai vu comment ça se passait ». En 1997, il a décroché le titre de vice-champion de France après avoir remporté le championnat du Nord et les Départementaux. Il a terminé deuxième du concours Prestige ortiflore, la coupe des fleuristes Interflora. « L’aboutissement » de son travail a été le concours du meilleur ouvrier de France en 2000. Il a alors dû présenter une pièce sur le thème de l’architecture, « j’ai créé une sculpture en bois et en ferraille que j’ai recouverte de fleurs ». Durant les deux jours de compétition, à Paris, il a aussi dû « être bon dans toutes les épreuves ». En 2000, trois ont obtenu la médaille de MOF. Certaines années, personne n’est distingué. « Je suis le seul fleuriste du Nord meilleur ouvrier de France », observe-t-il sans gloire celui qui aime tout ce qui est naturel et le travail du bois, « j’aime les formes géométriques ». Ce titre de MOF lui a amené de nouveaux clients évidemment mais aussi « une notoriété en France ». Et une exigence, « il faut montrer qu’on est MOF et transmettre ce que l’on sait faire ».
En juin, le magasin de fleurs va fermer ses portes mais Gilles Dumont n’arrêtera pas de transmettre. Il va continuer de donner des cours aux CAP et BEP du lycée horticole de Raismes (« cette année, nous avons eu 100 % de réussite au CAP fleuriste », note-t-il avec plaisir). Il restera aussi formateur pour Interflora, « pendant encore deux ou trois ans ». Et puis pour continuer de faire plaisir à ses fidèles clients, il va créer une « micro-entreprise » pour les commandes déjà passées pour des mariages cet été et les fêtes de fin d’année.
Bail à céder
Gilles Dumont aurait pu prendre sa retraite en fin d’année (« j’avais mes trimestres. J’ai commencé à travailler à l’âge de 15 ans ») mais parce qu’il ne savait pas qu’il fallait le faire, il a oublié de la demander. Il va donc devoir patienter un peu et ça tombe bien puisqu’il a déjà des commandes pour des communions et des mariages jusqu’à l’été.
Sachant qu’il allait arrêter, le fleuriste a mis en vente son commerce il y a six mois. Il a d’abord voulu revendre son fonds mais c’est rendu compte que c’était impossible. « Les gens ne veulent plus travailler. Dans les esprits, ils sont aux 35 heures mais dans le commerce, ce n’est pas possible. On travaille aussi le dimanche matin. » Il a donc décidé de mettre en location son local commercial. Les agences lui ont conseillé un loyer de 1 000 à 1 200 € mais il a pris conscience que c’était bien trop vu la conjoncture économique. Il a donc décidé de le fixer à 800 €. Mais, même à ce prix-là, il n’arrive pas à trouver preneur. Pour l’instant, le local est donc à louer. Si vous êtes intéressé, il suffit de pousser la porte du joli magasin de Gilles Dumont.
Les commentaires sont fermés.