Tous les dimanches, Marie-Alice Azérot quitte Sainte-Marie dès 3 heures du matin pour s’installer et vendre ses fleurs sur le trottoir en face du marché de l’Asile à Fort-de-France.
Native de Sainte-Marie, elle est marchande de fleurs depuis une trentaine d’années. La majorité des fleurs qu’elle vend viennent de ses jardins.
Elle travaille également avec des grossistes qui font venir des fleurs notamment de la Colombie. Elle, c’est Marie-Alice Azérot. Ses fleurs préférées, ce sont les alpinias, les anthuriums, les balisiers… Quand elle n’est pas aux abords des marchés – Fort-de-France le dimanche, Lamentin le samedi -, elle fait des livraisons à domicile ou fournit certaines églises de la Martinique. Depuis quelques années, cette marchande de fleurs s’est mise aux compositions florales. Elle l’explique ainsi : « Avant je vendais dans les marchés, mais je préfère rester à l’extérieur. Car il y a davantage de place. Les choses étaient plus faciles. Maintenant, il faut se moderniser, répondre aux besoins de la clientèle qui réclame toujours plus » . Cette vendeuse est bien organisée. Elle a installé deux tables et un parasol. Elle a des ciseaux pour couper les tiges, du plastique pour emballer les fleurs et d’autres accessoires de décoration pour les bouquets. Elle aime son métier passionnément mais n’a pas réussi à convaincre ses enfants de suivre son parcours. « Dans ce secteur d’activité, il faut avoir du courage et une bonne santé. Tout est aujourd’hui difficile » , dit-elle.
UNE CONCURRENCE SÉVÈRE
Aînée d’une famille de onze enfants, elle a travaillé dur pour « arriver dans la vie » comme elle dit. Elle ne nous cache pas son bonheur de se retrouver dans la nature, dans ses jardins qu’elle affectionne particulièrement. Cependant, elle fait ce malheureux constat : « Quand les fêtes des mères, de Toussaint, de Noël, le jour de l’An approchent, tout le monde devient fleuriste. La concurrence est sévère. Ces occasionnels donnent un sérieux coup de revers à la profession. Et pourtant, dans les marchés de fruits et légumes, nous sommes une famille bien soudée »
Marie-Alice Azérot ne cesse d’expliquer à ses clients qui sont devenus des amis au fil des années, que « nous sommes sur une île. La Martinique n’avancera pas, car nous sommes trop égoïstes, qu’il faut plus de solidarité » .
Notre marchande se souvient de la belle époque où elle a commencé à vendre des fleurs en 1983 dans la commune du Lamentin. Son chiffre d’affaire augmentait d’année en année. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, dit-elle : « avec la nouvelle pratique d’incinérer nos morts, les campagnes contre la démoustication dans les cimetières et l’arrivée massive des fleurs artificielles en provenance d’Asie, la vente de fleurs naturelles est sérieusement en baisse. Et dire qu’on continue à répéter sans regarder autour de nous que nous sommes une île aux fleurs ? »
JME