Alors que les pépinières Grange s’apprêtent à fêter leurs cinquante ans, le succès va croissant. La production, réalisée sur 210 hectares, avoisine les 200.000 arbres.
Où que porte le regard à Craintilleux, Précieux, L’Hôpital-le-Grand, Magneux-Haute-Rive, Chalain-le-Comtal, il tombe nécessairement sur d’immenses parcelles boisées. Les arbres exhibent fièrement leur ramure gonflée d’épines dans l’attente d’être coupés, saucissonnés et déballés pour les fêtes. Tous des sapins Grange, du nom du plus gros pépiniériste de la région. L’entreprise, installée à Craintilleux, est entrée dans le dur. Trois semaines d’une activité intense où le patron ne touche plus terre.
Dans la petite salle qui sert de bureaux où les combinés téléphoniques passent de main en main, le sol est couvert de terre. Les ouvriers en ciré jaune font la navette entre les 33 tonnes et les fiches d’expédition.
40 saisonniers recrutés pour assurer 500 livraisons
Lorsqu’ Emmanuel Grange rachète la société à son père en 1995, la pépinière a 30 ans. Primitivement tournée vers les plantes de haies et les résineux, la famille s’est spécialisée dans les sapins en 1989. 4.000 arbres, sortis de Boisset, envahissent chaque Noël les rues et les foyers. Ils sont aujourd’hui 200.000 cultivés sur près de 210 hectares. L’activité occupe trois personnes à temps plein sur l’année. « De janvier à mars, nous procédons à la taille d’hiver, explique Emmanuel Grange. En avril, nous passons l’engrais. Le pincement se fait en mai et juin (coupe de l’extrémité des tiges pour faciliter les ramifications, N.D.L.R.), le fauchage manuel en juillet-août puis vient le temps du marquage. Nous posons des étiquettes sur tous les sapins. Avant le début de l’arrachage et de la coupe. Il faut compter entre 6 et 9 ans pour qu’un arbre arrive à maturité ».
Dès l’automne, la petite équipe s’étoffe pour accueillir quarante saisonniers. « On est créateur d’emplois », se félicite Emmanuel Grange, retranché dans la salle de réunion où se prennent aussi les déjeuners. Son portable sonne en continu. À l’extérieur, les palettes de Nordmann et Picea s’accumulent sur les plateformes de chargement. 500 poids lourds emprunteront les routes de la plaine d’ici le 23 décembre. Le patron a décroché des contrats aux quatre coins de la France. Une quarantaine de communes font appel à ses services dont les plus grosses métropoles : Marseille, Lyon, Rennes, Paris (la capitale lui a réservé la moitié de ses arrondissements, du X e au XIX e). Le camion pour Monaco est, lui, parti dans la matinée.
Des arbres pour décorer Paris, Marseille et Monaco
« Nous équipons toute la ville et le port, à l’exception de la place du casino et du Rocher », sourit le Forézien qui a même signé quelques contrats avec le Portugal et l’Afrique de l’Ouest. Même si les grandes et moyennes surfaces restent ses meilleurs clients. « Nous sommes référencés dans toutes les plus grosses enseignes ». Et dans la Loire ? « C’est un paradoxe. On n’est pas là partout. Nous avons un contrat avec Casino et Leclerc et nous servons quelques fleuristes et jardineries ». La pépinière, dont le chiffre d’affaires se monte à « plusieurs millions d’euros » ouvre aussi ses portes aux particuliers. Ou comment sacrifier au rituel en visitant un fleuron de l’horticulture ligérienne.