Verra-t-on un jour les animaux de compagnie, au même titre que certains métiers automatisables, remplacés par des robots ?
Depuis des millénaires, les hommes ont domestiqué des animaux pour chasser, se protéger ou se déplacer. Au fil du temps, les choix d’animaux et les croisements ont permis à l’homme d’obtenir des animaux correspondant exactement à ses besoins ou ses désirs. Fort de ce constat et devant les innovations technologiques actuelles, le chercheur Jean-Loup Rault a tenté d’analyser notre rapport aux animaux robots et de savoir si celui-ci remplacerait un jour notre lien aux animaux en chair et en os.
La fonction de l’animal a changé du tout au tout depuis le moment où l’homme a apprivoisé le premier chien. En effet, alors qu’au départ un animal domestique ne possédait qu’une simple fonction utilitaire, permettant à l’homme de chasser plus efficacement ou de se déplacer plus rapidement, très vite, il a acquis le rôle de compagnon. Ce rôle d’animal de compagnie est dû à l’affection que chacun peut développer pour un animal.
Or, avec les progrès de la technologie, les animaux vont évoluer aux côtés de l’homme, comme ils l’ont fait jusqu’à maintenant. Ainsi, pour M. Rault, l’apparition d’animaux de compagnie électroniques n’est qu’une évolution logique des choses. Pour lui, cette évolution était prévisible depuis le milieu des années 90 avec l’apparition des Tamagotchi. Ces oeufs électroniques, sur l’écran desquels on pouvait suivre la vie d’un animal virtuel qu’il fallait nourrir et dont il fallait s’occuper sous peine de le voir dépérir, ont marqué le début d’une course à l’innovation qui a mené à l’apparition des premiers animaux robotisés.
Des animaux robots comme AIBO de Sony ou Paro de l’entreprise japonaise AIST ont ainsi vu le jour. Alors que le premier était commercialisé comme un simple robot chien de compagnie, imitant le comportement canin, le deuxième, un robot ayant l’aspect d’un bébé phoque, lui est commercialisé à des fins thérapeutiques pour les personnes esseulées en hôpitaux ou maisons de soins. Les patients vivant avec un robot Paro, bien que conscient de n’être qu’en présence d’un automate, développent une relation très similaire à celle possible avec un animal vivant. Selon M. Rault, des études ont montré que les enfants s’attachent autant à un chien robot qu’à un animal réel. Preuve en est que depuis que Sony a arrêté son service après-vente pour les robots AIBO, on assiste au Japon à des enterrements de chiens robots comme on pourrait enterrer un animal de compagnie.
Pour M. Rault, la situation présente des avantages non négligeables, comme le gain de place et la réduction des coûts par rapport à un animal réel. Les dangers sont toutefois pour lui tout aussi importants, puisque l’on peut craindre que les contacts humains de propriétaires d’animaux robots se réduisent comme peau de chagrin. De plus peut-on considérer le lien entre un enfant et un animal robot comme étant aussi formateur que celui avec un animal réel ? M. Rault reste cependant optimiste, rappelant que la technologie actuelle ne permet d’offrir que de bien piètres substituts aux chiens et chats actuels, mais qu’une évolution risque toutefois d’avoir lieu dans les années à venir. Pour lui, ce changement n’est pas forcément négatif à condition d’être accompagné de réflexions sur le lien entre homme et animal. Une chose est sûre, il nous reste quelques années avant de pouvoir pousser les portes d’une animalerie robotique.