Brasseuse, vendredi. Après avoir transité par les Pays-Bas, les fleurs arrivent en vrac à la manufacture d’Aquarelle.com dans l’Oise, où les bouquets sont confectionnés, conditionnés et expédiés partout en France et aussi à l’étranger.
Plus fort que Noël ou la Saint-Valentin. La Fête des mères est LE rendez-vous de l’année pour Aquarelle.com. Cette semaine, le leadeur de la vente de fleurs par Internet s’apprête à expédier depuis sa manufacture de Brasseuse près de 105 000 bouquets dans toute la France, et même à l’étranger.
Dix fois plus qu’une semaine normale !
« Cela ne se prépare pas en claquant des doigts, mais deux ou trois mois en amont », souligne Mehdi Adem, le responsable de la production. Pour faire plaisir aux mamans, 3 millions de roses ont été réservées auprès des producteurs. Dès ce mardi, l’entreprise a aussi prévu de sérieusement renforcer ses équipes. A Brasseuse, les 90 salariés recevront l’appui ponctuel de 160 intérimaires pour conditionner les bouquets confectionnés sur place *.
« Il faut prévoir au plus juste, en évitant les pertes ou à l’inverse la pénurie. Cinq mille bouquets de plus ou de moins, c’est 150 000 € de chiffre d’affaires », explique Mehdi Adem. Si la rose ne manquera pas à l’appel cette année comme ce fut le cas en 2011 après que l’éruption d’un volcan islandais a perturbé le trafic aérien, les pivoines se feront plus rares que d’habitude, la faute à une météo capricieuse.
Les clés
35 M€ : le chiffre d’affaires affiché par l’entreprise en 2015.
40 € : le coût du panier moyen d’un client. Le prix des bouquets varie de 22 € à 75 €. Les commandes peuvent inclure gourmandises, bougies et coffrets cadeaux, les autres spécialités d’Aquarelle.com.
110 salariés : ils sont 90 sur le site de Brasseuse (production, ressources humaines, service clients, informatique), et 20 au siège à Levallois (direction, comptabilité, marketing).
700 000 commandes : le total envisagé pour l’année 2016.
Pas de quoi néanmoins perturber Aquarelle.com, en connexion directe avec les Pays-Bas, la plate-forme internationale de la fleur d’où lui parvient chaque jour en vrac toute la matière nécessaire à ses créations. Ces dix dernières années, l’offre s’est aussi diversifiée avec la vente de confiseries – 50 t de chocolat sont produites chaque année en Alsace, de bougies parfumées et de coffrets cadeaux.
De 700 000 commandes annuelles aujourd’hui, le distributeur de « cadeaux » espère passer à « 1 million dans les cinq ans ». « Grâce à la publicité, nous sommes désormais une marque identifiée, le leadeur sur le marché européen. Et nous sommes dimensionnés pour augmenter le volume », indique Mehdi Adem.
Depuis 1997 et le lancement de son activité sur Internet, le fleuriste Aquarelle – qui comptait alors quelques boutiques en région parisienne et en province – a bien grandi. « Pour notre première fête des mères en 1998, nous avions reçu 700 commandes, un choc ! », se souvient le directeur de la production. Pour se développer, ses fondateurs Henri et François de Maublanc rachètent le site de Brasseuse, une ancienne distillerie de betterave à l’abandon.
L’ouverture de la manufacture de fleurs, stratégiquement située au nord de Paris près de l’aéroport Charles de Gaulle et sur la route des Pays-Bas, intervient en 2000. Six salariés des boutiques sont réquisitionnés et 23 personnes sont recrutées localement puis formées. Malgré quelques années creuses après 2008, la croissance de l’entreprise a bien repris l’an passé, débouchant sur 9 nouvelles embauches en janvier dernier.
* Pour postuler, contacter le 03.44.54.86.40.
Florence « envoie du bonheur aux gens »
Elle est l’un des maillons d’une chaîne parfaitement rodée, certainement le plus emblématique de l’activité d’Aquarelle.com. Le métier de Florence Delacourt : préparatrice de bouquets. Avec une dizaine de collègues, elle est chargée de donner de l’allure et du volume aux dizaines de milliers de fleurs qui transitent quotidiennement par la manufacture de Brasseuse.
Sur son plan de travail, cette Oisienne originaire de Mogneville nettoie, coupe et assemble sept heures par jour roses, gentianes, lys, pivoines et feuillages selon un cahier des charges strict. « Il y a une structure à respecter, explique la quinquagénaire en piochant dans un seau contenant le nombre et le type exacts de fleurs nécessaires à la confection d’un bouquet. Mais nous avons pas mal de liberté malgré tout. Aucun ne se ressemble tout à fait. Nous avons chacun notre style. »
Après un passage en chambre froide, les créations sont conditionnées pour être expédiées partout en France, au Benelux et en Allemagne, parfois accompagnés de gourmandises ou de bougies parfumées. « C’est une part de nous qui rejoint ces foyers. On envoie du bonheur aux gens. Parfois, ils nous écrivent pour nous remercier et ces messages sont alors affichés dans l’atelier. C’est agréable », apprécie Florence, en poste depuis douze ans dans la société.
Au fil du temps, elle est devenue une spécialiste des fleurs, et un témoin attentif de l’évolution des goûts de la clientèle. « Pourtant je n’étais pas du métier, précise-t-elle. J’étais auxiliaire puéricultrice. Mais à la suite d’un divorce, j’ai voulu changer de vie. J’ai repéré une offre à l’ANPE pour laquelle j’ai postulé. Et j’ai été sélectionnée pour intégrer l’entreprise, qui m’a formée durant plusieurs mois. J’ai commencé par les petits bouquets, et aujourd’hui je sais tout faire ! Cela m’a tout de suite plu : notre métier est très artisanal, très personnel, et destiné à faire plaisir, ce n’est pas rien ! Il y a de la bonne humeur ici. Si bien que le matin, je n’ai pas vraiment l’impression de venir travailler à l’usine. »
Les roses du Kenya sont désormais équitables
« Depuis le mois d’avril, 100 % de nos roses sont équitables », annonce fièrement Mehdi Adem, le responsable de la production chez Aquarelle.com. Pour son produit best-seller, la société fait appel à des petits producteurs basés en Afrique, en particulier au Kenya. Elle peut désormais vendre ces fleurs sous le label « Fairtrade Max Havelaar ». Celui-ci garantit la redistribution d’une partie des ventes aux salariés des fermes sur place. Un choix solidaire : « Nous sélectionnions déjà les exploitations en les visitant afin de prendre connaissance des conditions de travail », rappelle Mehdi Adem. Mais pour le distributeur de fleurs, l’intérêt de la démarche est également marketing. Sachant que la labellisation ne s’accompagne pour le client d’Aquarelle.com d’aucune hausse des prix. « Et c’est là que se situe le pari, insiste Mehdi Adem. Nous avons décidé de financer nous-mêmes le coût de l’opération. Cela représente une centaine de milliers d’euros par an, ce qui n’est pas neutre. S’il y a aujourd’hui une vraie attention sur le commerce équitable, l’acheteur reste pragmatique et n’est pas nécessairement prêt à payer son bouquet plus cher. En maintenant nos roses au même prix, tout en expliquant que l’achat sert en plus une noble cause, le client peut en revanche se laisser tenter. »