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Le Buzz de la Saint-Valentin : Les fleurs… françaises !

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C’est la Saint-Valentin. La fête des amoureux et… Des fleurs importées du Kenya, d’Éthiopie ou de Colombie. Mais les consommateurs commencent à privilégier la production française.

Si Ronsard devait écrire son ode à Cassandre de nos jours, il lui faudrait, pour « aller voir, Mignonne, si la rose, qui ce matin avait déclose », se rendre dans la corne de l’Afrique ou la cordillère des Andes.

Car, des fleurs coupées qui, aujourd’hui, en France, vont être offertes pour la Saint-Valentin, le plus grand nombre a poussé au Kenya, en Tanzanie, en Éthiopie ou bien sur les plateaux de Colombie et de l’Équateur.

Ces lieux de production ont tout pour plaire : ensoleillement maximum et régulier grâce à la proximité avec l’équateur, température idéale d’une vingtaine de degrés du fait d’une altitude moyenne, eau en abondance, quitte à assécher les lacs ou à priver les agriculteurs situés en aval. Et, bien sûr, des coûts de main-d’œuvre des plus attractifs, entre 1 dollar par jour en Éthiopie et 15 en Colombie.

90 % d’importations

Plus de 90 % des fleurs fraîches coupées vendues chaque année en France sont importées. On peut chercher attentivement une provenance sur l’étiquette, il n’y en a pas, faute d’obligation en la matière.

Dans les statistiques des douanes, ce sont les Pays-Bas qui apparaissent. Ils sont d’ailleurs les premiers exportateurs de fleurs au monde. Mais la virtuosité des horticulteurs néerlandais, as de la botanique et de la serre, ne suffit pas à l’expliquer.

Maîtres du négoce des fleurs (c’est même le marché des bulbes de tulipes qui a provoqué la première crise spéculative de l’histoire, au XVIIe siècle), les Néerlandais sont aussi les deuxièmes plus gros importateurs.

Les grands négociants bataves ont tissé un maillage commercial logistique imparable qui, par avions-cargos puis par camions, relie en quelques jours une roseraie des rives du lac Naivasha, au Kenya, à un fleuriste parisien, en passant par le marché mondial des fleurs d’Aalsmeer, au sud d’Amsterdam.

L’avion pas pire que la serre

La rose parfaite – mais souvent dénuée de parfum – issue des exploitations du bout du monde ne manque pas d’épines. L’impact énergétique lié au transport par avion n’est pas mince, mais pas supérieur à celui de la production sous serre aux Pays-Bas , relativise Christophe Alliot, cofondateur du bureau d’analyse économique Le Basic, qui a effectué de nombreuses missions dans les zones horticoles d’Afrique de l’est. Le principal problème est la précarité des travailleurs, assortie d’une interdiction de constituer des syndicats. D’où l’importance de la démarche du réseau équitable Max Havelaar , pour lequel Christophe Alliot a auparavant travaillé.

Sur le plan environnemental, d’autres problèmes s’ajoutent à l’émission de CO2. La captation de l’eau assèche les lacs ou dans les rivières dont le débit sera insuffisant pour les agriculteurs en amont. Et il y a bien sûr l’usage des pesticides .

Ceux-ci nuisent non seulement à l’environnement, mais aussi aux travailleurs de la filière. Depuis les ouvrières des hauts plateaux jusqu’aux fleuristes européens. À l’université de Liège, la chercheuse belge Khaoula Toumi a décrit dans une thèse la présence de plus de 100 résidus de pesticides différents sur les mains et dans les urines de fleuristes belges. Et ce, à des taux présentant un réel risque pour leur santé.

Moins pucerons… grâce aux insectes

« En Afrique, ils utilisent tous les produits qui sont interdits en Europe et, encore plus, en France », explique Guillaume Froger, horticulteur aux Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire). Le producteur de roses angevin est, lui, passé à la lutte biologique intégrée , un système complexe qui réduit l’usage des pesticides en recourant à des insectes ou des substances naturelles capables de neutraliser les parasites, notamment les pucerons.

« Nous ne recevons aucune subvention pour cela, déplore le producteur qui qualifie la production de fleur coupée de parent pauvre de l’agriculture française .

Usage massif de pesticides, absence de protection sociale, coût du travail dérisoire… la rose kenyane sort de sa roseraie à 8 centimes, six fois moins cher que de ses propres serres. Face à cette concurrence qui va crescendo depuis vingt ans , l’horticulteur angevin interpelle le consommateur français, si prompt à défendre l’environnement : est-ce cela qu’on veut vraiment ? Remplir des avions de roses ?

Le vent tourne au-dessus des bouquets

À la tête de son entreprise de quarante salariés, Guillaume Froger se rappelle son grand-père, créateur de l’exploitation, être environné d’une centaine d’autres producteurs de fleurs coupées. Aujourd’hui, on est trois… Et en Provence, paradis des parfumeurs ? Quand on est concurrencé par de la fleur d’Afrique et qu’on possède un terrain dans l’arrière-pays de Nice, on se dit qu’il vaut mieux le vendre, non ? .

Guillaume Froger n’en défend pas moins avec passion la qualité de ses fleurs, et notamment de sa si belle Reine Naomi . C’est aux fleuristes de défendre la production française. Je ne les accable pas. Mais s’ils ne le font pas, ils seront bientôt totalement dépendants de l’importation.

Le vent tourne cependant au-dessus des bouquets. C’est la conviction d’Hortense Harang, cofondatrice avec Chloé Rossignol de Fleurs d’ici. Les jeunes entrepreneuses se sont spécialisées dans la commercialisation de fleurs 100 % françaises, via leur site spécialisé. Autant à l’adresse du consommateur final que des fleuristes, qu’elles mettent en relation avec les producteurs.

Que le marché français soit approvisionné par des fleurs arrivant d’Afrique par avion, cela nous paraît aberrant. Et encore plus que des fleurs produites en France arrivent chez un fleuriste français via un détour aux Pays-Bas .

Des agriculteurs intéressés

Via Fleurs d’ici, les fleuristes préachètent leurs fleurs et les producteurs ne coupent que ce qui est pré-vendu . Trop chères les fleurs françaises ? Non, nous supprimons des intermédiaires entre producteurs et détaillants français là où ils sont multiples pour les fleurs importées .

Sans donner de détail sur le chiffre d’affaires réalisé au cours des deux années d’existence de la jeune pousse, Hortense Harang fait état d’une progression saisissante . Quant aux approvisionnements, ils ne posent pas de problème. Il y a 3 500 producteurs de fleurs coupées en France. Nous travaillons avec 500 d’entre eux aujourd’hui et espérons faire affaire avec bien d’autres encore. Les jeunes cheffes d’entreprises sont d’ailleurs contactées par des agriculteurs en mal de reconversion ou des néoruraux qui veulent s’installer.

Alors aujourd’hui, quitte à entretenir la flamme de la Saint-Valentin, dites-le avec des fleurs… françaises.

La rédaction de JAF-info

La rédaction de JAF-info

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Origine : Veille – Curation
Signature : ouest-france.fr André THOMAS.
Crédit photo : Photo Générique ou logo société
Source :
  • https://www.ouest-france.fr/environnement/saint-valentin-dites-le-avec-des-fleurs-francaises-6736572
  • Une réponse

    1. Une très belle clairvoyance de la complexité de ce problème…Entre économie et écologie…L’horticulture française est en grand danger…”parent pauvre de l’agriculture”? OUI…Une copie du modèle néerlandais avec des producteurs rassemblés autour d’un organe de commercialisation aurait été une solution en son temps…Mais force de constater une horticulture parsemée et isolée…

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