Travail dominical: les magasins de bricolage crient à l’injustice ! La fédération des magasins de bricolage et de l’aménagement de la maison a réaffirmé ce mercredi son combat auprès du gouvernement pour obtenir l’autorisation de travailler le dimanche, comme ses concurrents de l’ameublement et de la jardinerie.
Le point sur les revendications des enseignes de bricolage avec Frédéric Sambourg, président de la fédération des magasins de bricolage et de l’aménagement de la maison.
Pourquoi les enseignes de bricolage se mobilisent-elles aujourd’hui?
La fédération des magasins de bricolage et de l’aménagement de la maison, composée d’une dizaine de grandes enseignes spécialisées telles que Castorama, Leroy Merlin ou encore Mr Bricolage, défend le droit au travail dominical. Nous souhaitons convaincre le gouvernement de la nécessité de faire évoluer la loi. Aujourd’hui, les magasins de bricolage ne sont pas autorisés par la loi à ouvrir le dimanche sauf conditions particulières.
Si on se situe dans une zone de périmètre d’usage de consommation exceptionnelle (PUCE), née de la loi Maillé, on a le droit au travail dominical. On peut également obtenir une autorisation préfectorale mais celle-ci n’est pas pérenne. En effet, les syndicats attaquent très souvent la décision au nom du respect du repos dominical.
D’un autre côté, les secteurs de l’ameublement et de la jardinerie, eux, peuvent ouvrir. On peut acheter sa cuisine le dimanche mais on ne peut pas la monter parce qu’on n’a pas les outils pour! Il y a une distorsion de concurrence entre le bricolage et ces deux autres secteurs d’activité. D’autant que le bricolage est le premier loisir des Français et que 40% du chiffre d’affaires des magasins de bricolage est assimilable à celui réalisé par les magasins de meuble et les jardineries. Il n’y a objectivement aucun argument qui puisse expliquer la différence de traitement entre ces secteurs sur l’ouverture dominicale.
Pourquoi l’ouverture dominicale est-elle importante pour le secteur du bricolage?
Obtenir l’autorisation d’ouvrir le dimanche est très important pour les enseignes de bricolage puisque ces achats ne sont pas impulsifs mais réfléchis. Cela permettrait aux Français et notamment aux Franciliens, dont le mode de vie est à part, de prendre le temps de les réaliser, en venant en famille. C’est un véritable atout. En effet, selon une étude réalisée par le CSA, 53% des Français ont déjà repoussé leurs activités de bricolage à un autre jour en raison de la fermeture le dimanche, alors que six Français sur dix bricolent ou décorent leur intérieur le dimanche.
Les magasins de bricolage souffrent d’une distorsion de concurrence par rapport à l’ameublement et la jardinerie. Le manque à gagner en termes de chiffres d’affaires est lourd car la fréquentation dominicale est supérieure à un jour de semaine et elle est quasiment aussi importante que celle du samedi. Cela représente 15 à 20% du chiffre d’affaires hebdomadaire.
Et du côté des salariés volontaires, la perte est également importante car la rémunération du dimanche est majorée de 150% sur la base du taux horaire du mois, quelque soit le statut du collaborateur. Le travail dominical est basé sur le volontariat. Et ceux qui préfèrent rester sur des horaires classiques ne subissent pas de pression ou de discrimination.
Quelle est la justification invoquée par le gouvernement pour interdire aux magasins de bricolage l’ouverture dominicale?
Le gouvernement nous demande de nous rapprocher des partenaires sociaux mais ces derniers ne veulent pas aborder le sujet. Ils sont censés représenter le personnel or, selon un référendum officiel, 95% des salariés des enseignes Leroy Merlin, Castorama et Bricorama se sont exprimés en faveur du travail le dimanche. Nous faisons cette demande en concertation avec nos collaborateurs.
Nous souhaitons que le gouvernement nous permette de travailler le dimanche, de la même manière que les jardineries et magasins de meuble. Aujourd’hui, il n’y a pas d’équité entre les différents acteurs économiques et sociaux. On préconise une modification du décret actuel. Et les enseignes de bricolage s’engagent à maintenir durablement les conditions sociales actuelles pour leurs salariés, basées sur le volontariat et la compensation financière.
Notre première ambition est sur le bassin francilien où la demande est plus forte, en réponse à un mode de vie plus rythmé, avec beaucoup de temps passé dans les transports. En effet, d’après l’étude réalisée par le CSA, 57% des Franciliens estiment que l’ouverture des magasins de bricolage le dimanche leur faciliterait la vie.