Jean-Pierre Coffe se bat cette semaine pour une noble cause: l’étiquetage de l’origine des fleurs, que l’on croit françaises alors qu’elles viennent du Kenya, de la Colombie ou d’ailleurs.
Avez-vous déjà essayé d’évoquer avec une fleur son origine et son prix ? Il n’y a rien à faire, elle reste muette. En ce qui concerne leur provenance, les statistiques sont claires, 63,4% des fleurs coupées arrivent de Hollande, or la production de fleurs coupées dans ce pays a énormément a baissée. Tulipes, freesias et gerberas sont produites sur place. Que les fleurs transitent par la Hollande c’est un fait. Le Kenya, l’Equateur, la Colombie, le Sri Lanka, produisent actuellement la majorité de ce qui remplit nos vases.
Nos préférences vont à la rose, suivie par les renoncules et les tulipes. L’œillet est battu dans la course aux vases par l’anémone, le lys et le freesia. L’hortensia grignote du terrain, tout comme l’amaryllis.
La production française se maintient cahin-caha, avec essentiellement le « feuillage » qui représente le deuxième chiffre d’affaires du fleuriste.
Un long périple
Est-ce l’origine lointaine des fleurs qui est la cause de leur prix ? Pas forcément. Un pauvre petit bouquet maigrichon, efflanqué, anémique d’anémones peut vous couter de 25 à 90€. Vous allez penser que j’observe ces prix chez de prestigieux fleuristes que les magazines ont transformé en stars. Pas du tout ! Dans les supermarchés, les fleurs ne sont pas données et sont produites en Israël. Demandons nous aussi pourquoi les fleurs poussent mieux au Kenya, en Colombie, en Equateur ou en Afrique. Tout simplement pour une question de température. Pour pousser rapidement et s’épanouir dans les meilleures conditions, les roses ont besoin d’une température et luminosité élevées dans la journée, mais de fraîcheur la nuit, ainsi qu’un haut degré d’hygrométrie. Au Kenya toutes les dix semaines on cueille, et trois jours plus tard elles sont à Rungis ayant transitées par la Hollande. Ce périple vous pouvez vous en douter, ne réduit pas les intermédiaires.
Pourquoi ne nous indique-t-on jamais l’origine des fleurs alors que les pouvoirs publics l’impose pour les fruits et légumes ? Y-a-t-il honte à avouer qu’une rose vient du Kenya, un œillet de Colombie ? Est-ce si important de connaître son parcours. Naître à côté de Colombie, transiter par la Hollande, rejoindre Rungis avant de se vendre à Lyon, est-ce si préoccupant pour la durée de vie d’une rose ?
Un nécessaire étiquetage de leur origine
Les derniers producteurs français de fleurs coupées (principalement regroupés en Provence-Côte d’Azur et Ile-de-France) devraient imposer l’étiquetage de leur origine et la date de coupe de chaque fleur. Cela permettrait peut-être aux consommateurs d’avoir envie d’acheter davantage de fleurs françaises par civisme et pour réduire notre déficit de balance commerciale.
Mesdames, Messieurs les fleuristes en boutique, soyez sérieux, ne vous cachez pas derrière une tige de gypsophile : les ventes de fleurs dans les grandes surfaces et les jardineries gagnent toujours du terrain… qu’allez-vous faire de votre talent à composer des bouquets si les marchands de fleurs en bottes prennent votre place ? Vous avez un beau métier, vous savez par vos créations éclairer et égayer nos intérieurs, vous avez fait de gros investissements pour climatiser vos magasins pour conserver les fleurs dans le meilleur état. Epargnez à nos porte-monnaie un irrésistible hoquet à la Saint-Valentin, au premier mai, à la fête des Mères et à la Saint-Sylvestre.
Pensez aux fleurs et accessoirement à nous.