Un chômeur avait lancé un appel via les réseaux sociaux et La Dépêche du Midi pour l’aider à financer une formation de rémouleur. Le patron de La Jardinerie tarnaise lui a fait un chèque de 3 500 €.
Guy Bousquet a réalisé «le rêve d’une famille». Le patron de La Jardinerie tarnaise a en effet été sensible à l’appel lancé dans La Dépêche du Midi le 4 novembre dernier par Laurent Pujol qui en appelait la solidarité «du peuple» via une page Facebook.
Ne trouvant pas de travail, cet habitant de Briatexte de 44 ans, marié et père de famille, au chômage depuis un an après un licenciement économique, voulait se prendre en main en devenant rémouleur-affüteur itinérant après avoir vu un reportage à la télévision sur ce métier. «J’ai une formation de ferronnier d’art, et j’ai toujours voulu faire quelque chose d’atypique» indique le sud-tarnais qui a tapé en vain à toutes les portes pour l’aider à financer la formation de 3 500 € proposée dans le Gers, l’une des rares en France pour apprendre ce métier ancestral qui se perd mais qui demande pourtant un vrai savoir-faire en fonction des différents types de lames et de leur usage.
Mais le quadragénaire en reconversion a trouvé «la lumière au bout du tunnel» grâce à Guy Bousquet. «Quand j’ai lu l’article dans La Dépêche je me suis dit qu’on pourrait faire quelque chose ensemble, explique le chef d’entreprise castrais. J’ai toujours voulu faire une animation pour expliquer à mes clients que l’affûtage des sécateurs et autres taille-haies était important. Qu’on n’y apportait pas assez de soins. Alors qu’une lame mal affûtée engendre des mauvaises coupes qui provoquent des maladies sur les végétaux.» Et Guy Bousquet décroche alors son téléphone et propose à Laurent Pujol de le rencontrer pour lui proposer un deal «gagnant-gagnant» : il lui paye sa formation en échange de venir au printemps prochain faire des animations dans son magasin.
«Je n’y croyais pas. J’avais lancé un appel en espérant que des gens allaient m’aider en me donnant un ou deux euros chacun pour financer ma formation mais pas que j’allais trouver un mécène», explique Laurent Pujol qui est reparti de ce rendez-vous avec le chèque en poche. «Le jour même j’appelais l’institut de formation», explique encore le sud-tarnais qui a commencé sa formation lundi.
Les 280 € récoltés par d’autres donateurs grâce à son appel sur les réseaux sociaux vont lui permettre de se loger sur place. «J’ai aussi mis ma moto en vente. Si j’arrive à la vendre je vais m’en servir pour financer l’achat d’une petite voiture utilitaire», explique Laurent Pujol qui a une idée bien précise de sa future petite entreprise. En plus de faire les marchés à la rencontre des particuliers, il a déjà des contacts avec des professionnels tels que des bouchers, poissonniers, coiffeurs ou autres menuisiers. «Une nouvelle vie commence», lâche Laurent Pujol ému par toute cette solidarité qui s’est créé autour de lui.
«Je suis prêt à aider les gens qui se prennent en main»
«Au bout d’une semaine de chômage, je n’en pouvais déjà plus», explique Laurent Pujol qui n’est pas du genre à attendre que cela vienne tout seul après avoir travaillé toute sa vie notamment une vingtaine d’années comme électromécanicien. Il a donc multiplié les démarches pour trouver une aide pour financer sa formation de rémouleur affûteur. «J’ai donc tapé à toutes les portes possibles : Pôle Emploi bien sûr, mais aussi le conseil général, le conseil régional et même l’Europe.Mais la réponse est toujours non. Notez bien que je ne leur en veux pas, ils appliquent les règles, mais le système est comme ça et je ne rentre pas dans les cases. Je ne m’arrête pas à un «non», je me bats jusqu’au bout, indique Laurent qui a donc eu l’idée de cet appel aux dons via les réseaux sociaux avec une page baptisée «Le rêve d’une famille». Je pense qu’en ces temps de disette, il n’y a que le peuple qui puisse tendre la main». C’est aussi ce qui a séduit Guy Bousquet. Car cette histoire n’est pas qu’un échange de bon procédé. C’est aussi une vraie rencontre d’hommes qui partagent les mêmes valeurs. «Je suis prêt à aider les gens qui se prennent en main», lâche le patron de La Jardinerie tarnaise qui estime lui aussi que «l’entreprise doit devenir de plus en plus citoyenne et qu’il ne faut plus rien attendre d’en haut». Laurent Pujol veut d’ailleurs créer un système d’entraide sur les réseaux sociaux pour aider tous ceux, comme lui, qui ont un projet.