Jardinerie Delbard à Joué : » Où est passé l’argent ? » – Au terme d’une longue agonie, la jardinerie jocondienne est en liquidation judiciaire. Et les quatorze employés attendent toujours leur salaire d’octobre.
Parking désert, rayons vides, aquarium à sec… Depuis déjà plusieurs semaines, la jardinerie Delbard de Joué-lès-Tours offre un étrange spectacle de désolation. La réalité a fini par rattraper ce que tout le monde redoutait. Le 4 novembre, le tribunal de commerce de Tours a placé le magasin en liquidation judiciaire avec poursuite de l’activité jusqu’à la fin du mois, dans l’espoir d’une reprise. Mais, désormais, les quatorze salariés ne se font plus aucune illusion. « Il n’y aura pas de repreneur. Le mois prochain, nous serons tous au chômage », se lamente le directeur, Stéphane Buon.
Les malheurs de la jardinerie jocondienne ont débuté il y a un an – en octobre 2013 – lorsque le groupe Nalod’s, propriétaire de l’enseigne, a choisi de céder ses points de vente exploités en propre à la holding BI Invest (pour l’euro symbolique). Malgré tous leurs efforts et un chiffre d’affaires conséquent (2 M€), les employés découvraient l’été dernier que la société ne payait plus ses fournisseurs et qu’elle était criblée de dettes. Le 8 août, la direction annonçait sa décision de liquider les stocks, sans autre forme d’explications. Depuis, silence radio : les salariés étaient livrés à eux-mêmes dans un magasin de plus en plus désert. « C’est une situation très dure à vivre. Certains d’entre nous traversent un état dépressif. Nous avons dû alerter la médecine du travail », glisse pudiquement le directeur.
Aujourd’hui, l’amertume des employés de la jardinerie jocondienne est d’autant plus grande qu’ils n’ont toujours pas perçu leurs salaires d’octobre. « Depuis le mois d’août, le déstockage a rapporté 640.000 €. Où est passé cet argent ? », s’interroge Stéphane Buon qui a alerté le procureur de la République en évoquant un « délit de banqueroute ».
De son côté, l’un des salariés – Anthony, 11 ans de maison – parle d’un « énorme gâchis » et exprime son incompréhension : « Malgré la concurrence, cette jardinerie était viable. Nous avions une clientèle qui nous était fidèle. On nous a coupé l’herbe sous le pied. »