La Société protectrice des animaux a le vent en poupe. Le nombre d’adoption d’animaux a augmenté de 13 % en 2019, alors que les abandons, eux, se stabilisent.
Son président, Jacques-Charles Fombonne, y voit le fruit du travail « d’éducation » menée par la Société protectrice des animaux. « Elle fait connaître les animaux, sensibilise sur la maltraitance animale ». La société, elle aussi, est de plus en plus sensible à ces thématiques.
Les adoptions d’animaux à la Société protectrice des animaux, la plus vieille association de protection animale, ont atteint le record historique de 42 971 en 2019. Le point avec son président bénévole Jacques-Charles Fombonne.
Des chats, des chiens, des souris… De plus en plus d’animaux domestiques ont été adoptés en 2019 ?
42 971 au total. Deux tiers de chats, un tiers de chiens et quelques nouveaux animaux de compagnie : chinchillas, rats, souris, lapins, hamsters… Un chiffre en hausse de 13 %, mais cette hausse concerne exclusivement les chats. C’est lié au nombre de citadins. Il est plus facile d’adopter un chat quand on vit en ville. Il vit plus facilement sa vie. Un chien pleure quand vous n’êtes pas là.
Et les abandons ?
Ils ont augmenté de moins de 10 %. Compte-tenu de l’augmentation du nombre d’animaux domestiques en France, on peut dire que le chiffre se stabilise.
La SPA a le vent en poupe ?
Sans vouloir me parer des plumes du paon, j’y vois aussi les résultats du travail de longue haleine mené par la SPA. Elle fait connaître les animaux, sensibilise à la maltraitance animale. Plus on en parle, moins les gens vont en animalerie. La relation y est commerciale, on achète un animal comme un objet. Et on importe des animaux qui sortent d’usines à chiens, des élevages industriels. Les animaux sont sevrés trop tôt, pour être vendus petits. Cela entraîne des problèmes de comportements plus tard, des chiens qui mordent… Nous, on fait de l’éducation responsable, pas de la vente.
Pour adopter un animal à la SPA, il faut montrer patte blanche… Vous êtes très exigeants ?
On demande à ce que toute la famille soit présente, et on prend le temps de faire les présentations, pour s’assurer que l’animal est accepté par toute la famille. Il y a aussi un questionnaire à remplir, sur les conditions de vie, financières, matérielles, la disponibilité. Si on réalise que ces conditions ne sont pas compatibles avec le bonheur de l’animal, l’adoption ne se fait pas. Il faut que les gens se rendent compte du temps et de l’argent que demande un animal.
Il est arrivé que vous demandiez à une personne âgée venue adopter un chat ce que deviendrait l’animal après son décès…
Nous avons désormais créé le dispositif « Familles Seniors » . Une personne de 80 ans veut adopter un chat. On lui en met un à sa disposition mais elle n’en devient pas propriétaire. Et si elle part à l’hôpital ou décède, l’animal est repris par la SPA et placé dans une autre famille d’accueil. Chacun y gagne.
Peu de personnes qui ont adopté se ravisent ?
Seulement 3,9 %. Le chien aboie, les voisins se plaignent, ou Il ne s’entend pas avec ma fille. Cela arrive, mais c’est rare, parce que l’adoption a été bien préparée.
La société est de plus en plus sensible au bien-être animal. Bonne nouvelle ?
Il y a une vraie prise de conscience. Moi, je suis un ancien général de gendarmerie. On me dit souvent : Soyez plus sévère. Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Des sanctions existent déjà. En revanche, on mise beaucoup sur l’éducation. Le fait de porter un regard nouveau, plus bienveillant sur l’animal. La maltraitance est souvent liée à une méconnaissance de l’animal : sa chaîne est trop courte, il manque d’eau etc.
Comme il y a en eu aux européennes, il y aura des listes animalistes aux municipales…
Nous sommes la plus vieille institution de protection animale. Nous avons vocation à recueillir les animaux abandonnés ou maltraités, à les soigner, les éduquer et leur trouver une famille. Mais nous sommes extrêmement modérés. Nous sommes contre la maltraitance, la fourrure, la corrida, mais pas contre l’élevage.
La SPA a été en conflit aux Prud’hommes avec son ancien directeur général, limogé en 2016, qui avait été largement rémunéré (12 000 € par mois environ). Comment se porte l’association ?
Il a fallu sortir 260 000 € et ça ne m’a pas fait plaisir. Mais c’est derrière nous. J’ai recruté un nouveau directeur général, avec un revenu décent. La situation financière est saine. Nous avons 72 sites, 690 salariés, et 700 l’année prochaine, 4 000 bénévoles, 20 000 adhérents.