INITIATIVE – La présidente d’Île-de-France Valérie Pécresse souhaite valoriser la place des animaux de compagnie, et veut ainsi créer un “permis d’adopter” dans la région. Une mesure de ce type existe déjà chez nos voisins allemands et belges.
Dans une région, l’Ile-de-France, où près d’un tiers des foyers possède un chat ou un chien mais où les abandons et les cas de maltraitance sont très nombreux, Valérie Pécresse veut inciter à faire davantage pour les animaux de compagnie. Pour ce faire, la présidente souhaite mettre en place un “permis d’adopter”. “L’idée est de donner un permis sans frais et sans condition à tout le monde”, lequel serait retiré “si la personne est maltraitante”.
“Un signal fort” pour Christophe Marie, le porte-parole de la Fondation Bardot. “Avec des fonds mis à disposition, la question animale n’est plus anecdotique et voir qu’une région s’en empare, c’est positif”, estime-t-il. Mais il reste “prudent” sur un tel “permis d’adopter” : “Il ne faut pas que ce soit une contrainte qui amène des personnes qui ont des animaux à les abandonner”.
Respecter le bonheur de son compagnon à quatre pattes
Une initiative similaire fonctionne depuis un an dans la région belge de Wallonie. Chez nos voisins belges, ce précieux sésame garantit que le futur maître est conscient de ses responsabilités, et s’engage à respecter le bonheur de son compagnon à quatre pattes (ou à plumes), et son bien-être. Sont donc proscrits la maltraitance, la négligence (comme le fait de ne pas prendre soin de votre animal quand il fait chaud), l’entrave, ou encore l’abandon. Résultat, les refuges peuvent tout à fait refuser une adoption si la personne adoptante n’est pas jugée assez responsable, et ce permis peut être retiré en cas de maltraitance avérée.
La Belgique est d’ailleurs reconnue comme étant extrêmement avancée en matière de droits des animaux. Par exemple, dans le cas d’acte de maltraitance ou de cruauté, les sanctions sont beaucoup plus lourde qu’en France, puisque la personne risque jusqu’à 15 ans de prison et 10 millions d’euros d’amende, contre 2 ans de prison et 30.000 euros d’amende dans l’Hexagone.
Quelques années plus tôt, en 2016, c’est la ville de Berlin, en Allemagne, qui avait ouvert le bal en adoptant un projet de loi instaurant le permis obligatoire avant l’achat d’un chien. Une mesure visant à dissuader les acquisitions “coup de cœur” qui aboutissent à des abandons ou des demandes d’euthanasie pour “troubles agressifs”. Il comprend des épreuves théoriques et pratiques, dont un test d’obéissance. Mais chez nos voisins allemands, ce certificat fait grincer des dents, puisqu’il a un coût : 100 euros, accompagné d’une taxe annuelle de 40 euros. Autre difficulté, soulignait à l’époque le Berlin Online, avec 100.000 canidés dans la capitale allemande, le manque de personnel rend difficiles les contrôles.
Une enveloppe de 300.000 euros
Valérie Pécresse ambitionne par ailleurs de “soutenir les initiatives qui permettent la prise en charge des animaux de compagnie des personnes hospitalisées et fragilisées”. “On soutiendra en investissement la création à Paris de la maison des chats pour organiser leur adoption et venir en aide aux chats errants”, a évoqué de son coté Sylvie Rocard, co-auteure d’un rapport “La Région Ile-de-France, amie des animaux de compagnie”.
La région va également signer un partenariat avec des associations de défense de la cause animale, dont la SPA et les Fondations Bardot et 30 millions d’amis. “Nous allons faire des propositions dont certaines nécessitent des changements législatifs ou des expérimentations avec l’accord de l’Etat. Il y aura tout un travail d’interface à faire avec le ministre de l’Agriculture ou le ministère de l’Intérieur”, a précisé la présidente de région. Une enveloppe de 300.000 euros doit permettre de “commencer à mettre en oeuvre toutes les mesures”, a-t-elle ajouté.