Un an après le confinement, les jardineries font (à nouveau) le plein
C’est une des conséquences du premier confinement. Les Bretons se sont découverts la main verte : ils ont planté à tout va. Mais voilà, il faut désormais replanter, repiquer, voire se développer. Avec l’arrivée du printemps, les jardineries font le plein. Et craignent quelques ruptures de stock.
Dans la jardinerie de Saint-Thonan (Finistère), les travées se remplissent ce dimanche. Des familles, qui baguenaudent entre les étals de plants. “Ici, vous allez trouver des lots de primevères, de différentes couleurs, cela peut être sympa“. Quentin, responsable “pépinière” chez Lagadec, en entraîne dans son sillage, alors qu’il s’affaire à donner de multiples conseils.
Comme cette famille, qui s’est installé une petite serre et un petit jardin durant le premier confinement. “Et puis là, on poursuit ce qu’on a commencé l’année dernière” explique la mère. “On pensait rajouter des petites framboises, des petites choses comme ça, et puis refleurir aussi parce qu’on voit le soleil qui arrive, et on a envie de refleurir le jardin”.
A l’instar des jonquilles sur les parterres et au bord des routes, le printemps pointe son nez. Et ça pousse. Ça pousse. Comme aux caisses des jardineries. Particulièrement le week-end.
Déjà l’an passé, chez Lagadec, les ventes avaient grimpé de 40% au printemps dernier. Et cette fois-çi, le début du mois de mars le confirme, les clients semblent avoir anticipé.
“Les gens ont pensé qu’il y aurait eu un troisième confinement, et ils ont voulu charger un maximum à la maison de plants, de bâche, de tout ce qu’il faut pour jardiner, pour être sûrs de les trouver, et de ne pas se faire avoir si il y avait eu un troisième confinement” estime Quentin Berthou.
Mais face a la demande croissante, la production, elle, peine à suivre. Les arbres fruitiers, en particulier, sont victimes de leur succès. La crise sanitaire a retardé la plantation.
“Il y a eu un vrai engouement au printemps dernier pour l’achat de fruitiers, de plants de légumes, de tout ce qui produit quelque chose à manger” explique Marjolaine Meudec, la directrice de la jardinerie Lagadec, “les stocks ont diminué, mais comme il faut deux, trois, voir quatre ans pour produire un arbre fruitier, on se retrouve sans fruitiers pour cette année.”
Même chose pour les outils, mobilier de jardin et produits manufacturés, notamment ceux provenant de l’étranger. Les commandes anticipées permettent encore de fournir la clientèle, mais jusqu’à quand ?
Face a une demande toujours plus importante, cette jardinerie craint de ne pas pouvoir assurer les réassorts dans les prochains mois.
Stéphane Grammont
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/un-an-apres-le-confinement-les-jardineries-font-a-nouveau-le-plein-1995520.html
Témoignage. Horticulture : « j’ai perdu 130 000 € »
Que sont-ils devenus ? Il y a un an, le Covid faisait irruption dans la vie, le travail. Des Saint-Lois reviennent sur ces bouleversements.
Qu’il est difficile de fermer au moment où l’activité est la plus importante. Et pourtant, Alexandre Cotentin, gérant des serres de Saint-Georges Montcocq, près de Saint-Lô (Manche), a dû lui aussi, se plier à la règle. « J’ai fermé de mi-mars à fin avril 2020. C’est simple, entre octobre 2019 et septembre 2020, j’ai perdu 130 000 €. »
Les mois de mars, avril et mai, sont des mois cruciaux pour les horticulteurs. « C’est toute ma trésorerie de l’hiver », ajoute Alexandre Cotentin. Pendant cette période de premier confinement, le trentenaire a vu ses premiers semis de production, bégonias, géraniums, entre autres, partir tout bonnement à la poubelle. « Une perte estimée entre 10 000 et 20 000 €. »
300 à 400 plantes livrées tous les deux jours
Un an après, la crise sanitaire est toujours présente mais l’équipe des serres de Saint-Georges a bien remis le bleu de chauffe. « En ce moment, tous les deux jours, on livre 300 à 400 plantes pour des fleuristes du Sud-Manche. » Le printemps va bientôt pointer le bout de son nez, « on va rentrer dans le vif du sujet ». Il faudra toutefois, éventuellement composer avec les difficultés liées à la crise sanitaire.
« On accuse cinq semaines de retard en réapprovisionnement de terreaux et poteries de production. » Le terreau en provenance de Lituanie, le transporteur a été bloqué à la frontière polono-allemande car suspecté d’avoir contracté le Covid-19. Résultat : « Le camion est reparti en Lituanie et mon fournisseur a donc affrété un autre camion prévu pour arriver lundi 8 mars 2021. » Ce retard de livraison n’est pas sans conséquence. Il retarde la mise en culture. « Maintenant, au lieu d’avoir un mois pour préparer la mise en culture, on ne disposera que d’une semaine. » Un sacré défi à relever pour Mylène, Jean-Charles, Philippe, Marvin et Alexandre, sans oublier Philippe, parti en livraison.
Christopher CORDEIRO.