Le propriétaire de Queen’s fleurs vient de fermer boutique en laissant un mot sur la porte : « À qui le tour ? ».
Les passants ne peuvent pas le louper. Julien Clément, propriétaire de Queen’s fleurs, place Guillaume-Le-Conquérant, en plein centre-ville d’Eu, a fermé sa boutique, le 1er août, après deux ans d’activité en laissant sur sa vitrine un mot pour le moins sibyllin, en grosses lettres :
« Fin de l’histoire… À qui le tour ? ».
De quoi faire s’étrangler ses collègues commerçants de la place et des alentours. « Cela ne nous fait pas une bonne publicité », dénonce l’une d’entre eux. « Que vont dire des personnes qui voudraient acheter un commerce ici en voyant ce panneau ? », renchérit un autre.
Derrière ce message accusateur, Julien Clément, fleuriste veut dénoncer un « manque de tolérance » à son égard. « Je n’ai jamais vu une ambiance comme ici », dit celui qui est également propriétaire d’une boutique à Friville-Escarbotin depuis 13 ans.
En 2014, il décide d’acheter le magasin à la famille de François Duputel, l’ancien fleuriste, et continue de travailler avec les employées de ce dernier. Une inauguration en grande pompe est organisée avec plus de 500 invités.
Mais très vite, il sent un malaise. « Si l’on n’est pas Eudois, impossible de se faire une place. On n’aime pas la différence », affirme-t-il. L’homme de 31 ans se dit victime de plusieurs rumeurs et d’intolérance. « On a dit que j’étais manouche étant donné que j’ai la peau et les cheveux foncés. J’ai tout entendu. À la fin, je n’avais plus aucun client d’Eu. »
Une condamnation au conseil des prud’hommes
Dans la ville, le sujet est délicat. Cette version est démentie par les commerçants alentours.
Selon certains, le problème ne serait pas une ambiance à Eu mais surtout un souci de gestion. « Il a peut-être joué de mauvaises cartes », avance une commerçante installée depuis 20 ans. « C’est une petite ville ici. Les clients parlent entre eux. L’histoire avec ses employées n’a pas dû aider », continue-t-elle en ajoutant que « le commerce peut encore marcher à Eu ».
Julien Clément a effet été condamné pour plusieurs motifs par le conseil des prud’hommes à verser d’importantes sommes d’argent à ses deux employées. Un fait qu’il ne conteste pas même s’il est persuadé d’avoir été encore une fois victime d’une cabale.
Peu importe les raisons qui l’ont poussé à mettre cette affiche, le maire, Yves Derrien, n’apprécie pas la démarche. « C’est de très mauvais goût », affirme l’élu, qui a envoyé un courrier à l’intéressé pour qu’il retire la phrase. « Je n’ai pas le pouvoir de le forcer à modifier étant donné que c’est une boutique privée mais j’ai tout de même envoyé une lettre ».
Sa demande est restée sans réponse. De son côté, le fleuriste affirme avoir vendu sa boutique à un commerçant qui ne fera plus de fleurs. Lui, « dégoûté », se concentra sur son magasin de Friville-Escarbotin.