Hausse de la TVA, concurrence d’Internet… dans le département, les professionnels du secteur s’inquiètent de leur devenir.
Adieu veau, vache, cochon, hamster nain et tortue d’Hermann… Si Jean de la Fontaine m’était conté, façon professionnels du secteur animalier, en quelque sorte. Car depuis plusieurs semaines, magasins spécialisés et éleveurs font grise mine.
Le 19 décembre 2013, le Parlement a entériné la hausse de la TVA pour la vente d’animaux vivants, passant du taux réduit à normal. De 10 % depuis le 1er janvier, il passera donc à 20 % au 1er juillet. « Il y a encore trois ans, on était à 5,5 %, la hausse est brutale », dénonce Patrick Marchand, propriétaire de Nilufar Ocellaris à Chambray-lès-Tours, par ailleurs vice-président du Prodaf et membre du Synapses, les deux syndicats d’animaleries.
« Les petites structures vont mourir », prophétise-t-il. Le risque de voir des entreprises baisser le rideau est d’autant plus vrai en Indre-et-Loire, où la concurrence est exacerbée par une concentration de magasins spécialisés – autour d’une dizaine – largement supérieure à la moyenne nationale.
“ Concurrence déloyale ”
Ce discours alarmiste, largement repris en chœur par les autres professionnels interrogés, et dont bon nombre prévoient de ne pas reconduire une partie de leurs CDD, ne tient toutefois pas à la seule augmentation de la TVA. Depuis plusieurs années, la montée de la vente sur Internet (avec des produits originaires d’Europe de l’est) et entre particuliers inquiète la filière.
Ces derniers, qui ne sont assujettis à aucune taxe, sont largement pointés du doigt. « Pour dix chiens vendus en animalerie, il y en a cinquante par des soi-disant particuliers », s’agace Patrick Marchand. « Cette concurrence déloyale est en train de faire crever notre métier », s’emporte Yann Le Reun, gérant d’Espace Vivant, situé à Tours-Nord.
« C’est sûr, le marché n’est pas très florissant à l’heure actuelle », reconnaît Frédéric Savary, directeur de Truffaut à Chambray-lès-Tours. Au milieu de ce marasme, seul le directeur des deux magasins Jardiland du département assure être « en progression »… Du coup, les animaleries tirent aujourd’hui la majeure partie de leurs ventes des accessoires et de l’alimentation.
Mais les plus fragiles pourraient être les éleveurs. « Jusqu’à présent, je n’ai pas ressenti la crise, mais je suis incapable de dire comment ça va évoluer, il y aura forcément des fermetures d’élevage », indique Laurent Trebuil, éleveur à Semblançay. Dans le milieu, il se dit que certains de ses confrères auraient d’ores et déjà prévu de mettre la clef sous la porte après le 1er juillet.
les indépendants s’organisent
Face aux poids lourds de l’animalerie – les jardineries –, les indépendants s’organisent. Certains sont regroupés pour traiter avec une centrale d’achats. D’autres se recentrent sur le très haut de gamme. « Je mise sur la qualité, c’est le seul créneau pour survivre », confie Pierre Lafleur, aquariophile. « Je m’interroge quand même de savoir si je pourrai aller jusqu’à la retraite ».