RMC s’est rendue dans plusieurs enseignes de jardinerie en Ile-de-France pour vérifier que celles-ci respectent bien la loi en matière de vente de glyphosate, herbicide classée comme “substance cancérigène”. Conclusion: il reste des progrès à faire pour préserver la santé des utilisateurs.
La Commission européenne a révisé mardi sa proposition sur le renouvellement du glyphosate. Elle propose de renouveler la licence de l’herbicide controversé de Monsanto pour une durée de 5 à 7 ans et non plus pour une durée de 10 ans. Un peu plus tôt, le Parlement européen a appelé à éliminer progressivement le glyphosate d’ici à fin 2022, mais son avis n’est que consultatif. La balle est aujourd’hui dans le camp des experts scientifiques des États membres de l’Union européenne, qui pourraient voter le renouvellement de la licence du glyphosate qui arrive à échéance le 15 décembre.
Mais si on parle beaucoup de l’utilisation du glyphosate par les agriculteurs, les particuliers aussi peuvent utiliser cet herbicide classé comme “substance cancérigène” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Depuis le 1er janvier 2017, la loi Labbé interdit l’accès aux herbicides chimiques dangereux en libre-service. Pourtant en juillet dernier une enquête de l’association de consommateurs CLCV a montré que 4 enseignes sur 10 ne respectaient pas encore la loi.
“Il n’y a pas d’équivalent à ça en bio”
RMC est allée vérifier dans plus d’une dizaine d’enseignes en Ile-de-France. 3 mois plus tard, les magasins semblent s’être adaptés. Les produits sont effectivement inaccessibles en vente libre. Exemple dans ce magasin spécialisé où les désherbants chimiques ne sont pas directement accessibles… Ce que nous confirme un vendeur : “Tout ce qui est chimique se trouve derrière un comptoir ou sous vitre. Ce n’est plus du libre-service pour ces produits”. Sur ce point donc l’enseigne respecte la loi. On demande alors s’il existe des alternatives au glyphosate… “Non, il n’y a pas d’équivalent à ça en bio”, explique le vendeur. Ça n’existe pas encore. Mais si vous mettez directement au sol, ce n’est pas plus dangereux qu’un autre (produit)”.
Cet employé ne nous propose pas d’autres produits moins nocifs et surtout, ne nous adresse pas de mise en garde ou de précaution d’utilisation. Pourtant, tous les vendeurs spécialisés doivent normalement avoir reçu une formation sur la toxicité du produit et accompagner les particuliers dans leurs achats.
“Mes allées sont belles”
C’est donc avec la bouteille de désherbant au glyphosate qu’il nous a proposé – un équivalent du Roundup – que nous sommes repartis du magasin. Comme Jean, un jardinier du dimanche qui a l’habitude d’utiliser le glyphosate pour traiter les mauvaises herbes de son jardin. “Au lieu de me casser les reins à désherber à la main, je passe un coup de glyphosate et je suis tranquille. Et mes allées sont belles”, se félicité-t-il.
Jean ne comprend pas d’ailleurs que la France interdise définitivement sa vente aux particuliers: “Vu le peu de quantités qu’on utilise, ça ne nous tuera jamais. Que ça fasse peur quand les agriculteurs en diffusent beaucoup je peux comprendre, mais pour les particuliers il n’y a aucun risque”. L’année dernière, en France, 2.000 tonnes de ces herbicides ont été vendues aux particuliers. La France a déjà prévu d’interdire le désherbant à partir de janvier 2019.