Au CFA de Tourcoing, cet enseignant, qualifié pour la finale des Meilleurs Ouvriers de France, cultive auprès de ses apprentis fleuristes le goût d’une expression créative et personnelle.
« Un article, la gloire, tout ça… j’aime pas trop vous savez. » Dans l’atelier floral du CFA de Tourcoing, où il nous reçoit en plein cours, Garry Taffin rappelle qu’il n’a fait pour l’instant « que passer les éliminatoires » des Meilleurs Ouvriers de France (dont la finale aura lieu en mars prochain à Paris).
Ce jeune fleuriste de bientôt 35 ans, décrit dans le métier comme une « bête à concours », a poussé dans la région. Une famille d’Avion avec un père concierge à Paris, une mère auxiliaire de vie, et deux frères aujourd’hui dans le sport et le prêt-à-porter. Attiré par les arts plastiques et poussé par « l’envie de créer », il opte rapidement pour les fleurs. « Quand j’ai arrêté l’école après la 3e pour faire un CAP, mes parents n’étaient pas très contents », se souvient-il.
Leur fils a pourtant, depuis, récolté quelques beaux cailloux en chemin : oscar des jeunes fleuristes en 2001, vice-champion aux Olympiades des métiers la même année, finaliste en coupe de France des fleuristes, Prestige Hortiflor en 2004 puis 2005… Jusqu’à sa sélection d’avril pour la finale du MOF, « ultime reconnaissance de la profession » à ses yeux.
« J’attendais d’avoir la maturité nécessaire pour me présenter. J’ai toujours dit que 35 ans était le bon âge, et comme le concours (qui a lieu tous les quatre ans) tombe en même temps cette année… » Le voilà donc aujourd’hui, fidèle à son ambition, en lice pour la première marche du rendez-vous qu’il s’était fixé.
1 500 Pensées pour un papillon
Le mois dernier il présente en demi-finale sa libre composition sur le thème de la naissance. « Je me suis inspiré de la chrysalide du papillon pour développer le projet. » Un cocon ouvert flottant dans les airs, composé de cire, polyuréthane, écorce de mûrier blanchi, membranes de nylon, et 1 500 pipettes plastiques à l’intérieur, posées à la main les unes après les autres, pour y accueillir autant de Pensées, ces « petites fleurs colorées que l’on trouve dans les jardins ». Soit 180 heures de travail en amont et 2 h 30 sur place pour orner la structure de ses frais pétales.
« J’aime fabriquer, construire, manipuler, tout mélanger, confie l’auteur de la pièce. Et puis la fleur est un produit qui vit aussi. »
Enseignant à l’URMA de Tourcoing, il a quitté le monde de l’entreprise après y avoir passé une dizaine d’années entre tulipes et craspedias (sa fleur préférée, une simple tige sous un bouton jaune). « J’ai vraiment trouvé ma vocation dans l’enseignement » assure ce grand blond, bavard et souriant, sous les cheveux en toison d’herbe.
Électrons libres
C’est sa collègue de travail, devenue amie depuis, qui décroche le téléphone en 2010 : « Je cherchais quelqu’un avec qui donner des cours à un niveau élevé, je ne voyais que lui pour ça dans la région. » Le duo travaille en équipe, se définit lui-même comme « deux électrons libres et passionnés ». Elle, plus axée sur la gestion, le commerce, tout ce qui touche au concret en magasin. Lui, le créatif, alliant la rigueur millimétrée à sa fantaisie démesurée.
« On apprend beaucoup avec lui, apprécie une élève. Il est toujours à fond sur les dernières tendances et ouvert aux nouvelles méthodes. » Il faut, pour cela, être curieux et s’inspirer de tout, affirme l’intéressé : la mode, le cinéma, le dessin, l’architecture… Il en résulte chez lui un second appétit carnivore : transmettre sa passion des fleurs aux étudiants. Permettre à chacun d’entre eux de s’épanouir « en retranscrivant les choses à leur manière, selon leur propre personnalité ». On appelle cela créer, ou tantôt faire éclore.
FNFF : Voici la liste des candidats reçus pour participer à la finale des Meilleurs Ouvriers de France (MOF) : Isabelle BRETONNET, Stéphane CHANTELOUBE, Sylvie DERYSIS, Solène LEVISAGE, Benoît SAINT-AMAND, Garry TAFFIN. Nous leur adressons nos félicitations et meilleurs vœux de réussite pour l’ultime étape.