Vivez le premier jour du congrès international des jardineries à Toronto, Canada. En direct un reportage réalisé grâce à Manuel RUCAR de l’agence Chlorosphère, rare représentant français au Canada.
250 participants et 2 français
Organisé par l’international garden-centers association, ce congrès se tient en ce moment dans la zone de Toronto en Ontario au Canada.
L’occasion pour Manuel Rucar de Chlorosphère de reporter un condensé des innovations “retail” et “tendances business” récoltées sur le terrain mais aussi parmi les quelques 250 participants venant du monde entier, notamment d’Australie, de République Tchèque, du Japon et du Royaume Uni pour les plus grandes délégations.
Les français sont représentés par une petite “délégation” : Victoire Coquelin de Coté Nature et Manuel Rucar de Chlorosphère
Le congrès se déroule en Ontario qui bénéficie d’une hygrométrie importante due aux chutes du Niagara, et d’une température encore de 30 degrés en cette mi-septembre, comme le nord de la Californie au même niveau côté ouest.
L’organisateur de l’édition 2017 : l’association canadienne du paysage, des jardineries et de l’horticulture
Après les Suisses organisateurs en 2016 et avant les Tchèques, c’est le Canada le pays hôte du congrès international des Garden-Centers pour 2017.
Le congrès est en partie porté par l’association canadienne du paysage, des jardineries et de l’horticulture qui a un rôle de fédération mais surtout de lobby omniprésent auprès des instances gouvernementales et qui explique en partie pourquoi le Canada est tant en avance sur l’intégration du végétal dans les villes et dans l’économie.
Agissant sur la législation et la vie quotidienne des canadiens, ce lobby facilite l’approche du vert par le particulier. Il n’est pas rare au Canada de trouver des plantes sur les étals de fruits légumes et même de produits frais comme le snacking et le houmous (purée de pois chiches) très apprécié ici.
A Montréal – Il y a plus de véhicules des services paysagers de la ville que de voitures de police.
D’un point de vue paysager le Canada est très bien entretenu avec des espèces équivalentes à celles disponibles en Europe, notamment des graminées et des plantes exubérantes pour rompre avec la rigueur de l’hiver.
Les équipes d’entretien sont très nombreuses et avec un passage très régulier. A titre de comparaison à Montréal circulent plus de pickup des services paysagers de la ville que de voitures de police.
À Montréal toujours, les massifs contiennent un grand nombre de plantes condimentaires en libre accès aux citoyens ainsi que de nombreuses terrasses végétalisées par la ville en libre accès avec de nombreux fauteuils adirondack, symbole design du mobilier outdoor canadien.
Tous les espaces sont ouverts, il n’y a ni clôture ni glissière de sécurité sur les routes et autoroutes, ce qui laisse une large place aux prairies fleuries sur les bas côtés. Les noues paysagères sont très présentes dans les quartiers résidentiels, ouvrant ainsi les perspectives et responsabilisant les concitoyens.
Les pratiques : Le canadien trépigne d’impatience pendant 6 mois d’hiver rude
Face à ce respect de la nature, le particulier tend à entretenir son espace de vie, notamment car il trépigne d’impatience pendant 6 mois d’hiver rude, de profiter de l’extérieur au lieu de vivre dans des villes souterraines (à Montréal il est possible de se déplacer dans tout le centre ville avec 30 km de rues souterraines, sans mettre le nez à l’extérieur).
Sur une maison type, on compte 70% de gazon sur le devant avec quelques massifs surtout composés d’arbres. A l’arrière une cour avec un potager, luminaire, barbecue et très souvent sur les grands terrains, une piscine pour l’été dans le sud Canada.
Les produits – Les tablars sont plus hauts qu’en France
En cette saison les graminées pourpres et les choux ornementaux sont les stars des rayons avec les chrysanthèmes qui sont décorés eux même avec une graminée pourpre en leur coeur. Une façon originale de relooker cette plante traditionnelle. Les plantes dites exotiques sont très présentes et vendues à bas prix car non vivaces sous ce climat. Les variétés d’arbustes, de vivaces très rustiques et conifères restent prédominantes en pépinière.
Les tablars sont plus hauts qu’en France et arrivent au niveau de la taille ce qui évite de se baisser pour choisir ses produits et donne une impression plus luxuriante au point de vente. Certaines variétés comme les buis sont présentés sur des racks en étagères serrées ce qui permet une meilleure visibilité du produit et une optimisation de la surface.
L’univers de Noël est très présent avec, la plupart du temps, des pavillons ou boutiques ouvertes toute l’année. Les lutins y prennent une place de choix avec des prix conséquents (entre 70 et 200 euros la statuette de 50cm).
Les services sont systématiquement proposés avec tout achat, notamment la “location” de paysagistes pour chez soi, allant de pair avec l’économie libérée du Canada.
En revanche contrairement aux pays nordiques, les garden-centers ne proposent pas nécessairement de points restauration mais à noter que les caisses ne sont pas centralisées mais dispersées sur le parcours clients.
La saison étant très marquée météorologiquement et compétitive par une concurrence exacerbée de tous les commerces, des nouveaux modèles de jardineries voient le jour et font concurrence aux jardineries traditionnelles : ce sont des pop-up-garden-centers installés en zone peri urbaine pour quelques mois seulement.
Plusieurs congressistes indiquent une forte tendance à la gentrification (embourgeoisement urbain comme le quartier branché hochlaga à Montréal) avec l’installation dans leurs pays respectifs de concept store en centre ville comme c’est le cas aussi en France progressivement.
Les tchèques notamment (qui hébergeront le congrès 2018) tentent des points de ventes délocalisés en ville dans des serres installées sur les places publiques, hauts lieux de passage.
Au Canada la vente directe aux particuliers depuis les producteurs est bien organisée avec des parkings, comptoirs et comptes séparés pour offrir la même diversité mais pas avec les mêmes conditions.
Dans la plupart des cas les points de vente proposent une carte d’abonnement annuel payante offrant une remise constante sur la marchandise jusqu’à 20%.
Une garantie de 5 ans est aussi proposée pour tout achat conjoint (ou achats liés) de certains types de substrats mycorhysés par exemple.
Pour ces “beautyfiers” (embellisseurs) la personnalisation et la présentation sont primordiales. Le crossmerchandising et les personnal shoppers sont des bases fiables et obligatoires pour ces centres d’embellissement !
Depuis environ 5 ans les fonctions marketing et achats ont été fusionnées dans de nombreuses entreprises pour aboutir à un meilleur management. A chacun son métier mais ensemble !
Un point qui a son importance…ici les maisons ont bien plus de charisme qu’en Europe avec des ornements sur les faîtages, le perron, les allées qui encouragent les particuliers à entretenir cet embellissement !
Les produits star en cet automne au Canada :
- les potées fleuries avec des choux
- tous les choux ornementaux, notamment le choux kale…cher aux hipsters
- les potées de chrysanthèmes avec des graminées pourpres
- les graminées pourpres (saccharum, carex, penisetum)
- les hortensias à feuilles de chêne
Les arguments de ventes :
- garantie 5ans
- résistance aux chevreuils
- répulsifs écureuils
- custom design : création aux goûts du consommateur
- services aux consommateurs : sac de compostage gratuit, bâches pour protéger le coffre, chargement dans le coffre.
Le Canada est clairement emprunt d’un esprit country américain, influencé par diverses cultures. Les racines indiennes demeurent dans le respect de la nature. L’influence française joue sur l’architecture, les conquêtes anglo-saxonnes ont dessiné les cantons et les rues et l’ère américaine emplie la culture et les appétences du moment.
Au niveau international les modèles de la jardinerie se cherchent, même pour les independants
S’il est un constat à retenir pour cette première journée, c’est qu’au niveau international les modèles de la jardinerie se cherchent, même pour les independants. Les garden centers “survivent” même si la consommation est là, mais pour retrouver le consommateur, il faut se rapprocher de lui, s’adapter à ses rythmes et offrir un service complet autour du jardin.
Pour exemple, la jardinerie Sheridan qui passe un volume de produits équivalent à ce que ses concurrents réalisent sur une surface dix fois supérieure. La clef ? La personnalisation de l’expérience client.
Un exemple : le “custom design”
Programme de la journée 1 :
Matin : Présentation des stratégies web au Canada
Puis visite de Cole’s florist centre peri-urbain autour de la maison, le jardin, le bassin et noël. Connon nursery, pépinière XXL ouverte au public et aux paysagistes, sheridan garden center, une des jardineries les plus fréquentée de toronto (avec un agent de police affecté à la regulation du trafic), toronto botanical garden et fin de la journée : networking à toronto
Pour en savoir plus sur le programme cliquez ici
A suivre les reportages de Manuel chaque jour sur JAF-info ….
[Photo] Manuel Rucar – Congres International des Jardineries – Toronto 2017