Le 29 janvier dernier, Eric LEDROUX Président directeur général d’Interflora a accepté de répondre à mes interrogations concernant Interflora et son environnement. Découvrez cet entretien.
Entretien avec Eric LEDROUX – Pdg INTERFLORA France
Luc NAROLLES – Actuellement, vous êtes préoccupé par la recherche de nouveaux actionnaires, mais comment doit-on interpréter la volonté d’Interflora de proposer des produits complémentaires tels que des chocolats au nom de la marque ?
Eric LEDROUX – L’arrivée d’un produit comme le chocolat à la marque Interflora est une réelle évolution stratégique pour la société Interflora. C’est un produit «cadeau» complémentaire à un produit floral.
Ce n’est pas une référence de plus, c’est une vraie volonté de la marque. Les comportements des consommateurs évoluent, la fleur est plutôt un cadeau féminin, le chocolat permet un meilleur équilibre avec la clientèle. Une fleur pour Madame, des chocolats pour Monsieur !
C’est grâce à l’expérience de la plateforme internet « Bebloom » que nous avons pu tester cette nouvelle offre. Mais notre force, c’est le réseau Interflora. N’importe où en France vous pouvez vous procurer ces excellents chocolats.
Notre force, c’est le réseau !
Nous accompagnons nos fleuristes dans ce mouvement. Nous accompagnons les fleuristes qui sont prêts à diversifier leur offre. Tout faire pour qu’on vienne chez eux et que leur chiffre d’affaires s’améliore.
En 2014, Interflora a réussi à augmenter le chiffre d’affaires confié au réseau dans un marché atone et ce, malgré quelques tourbillons.
Pour nous c’est un pari réussi, pas seulement pour Interflora mais pour tout le réseau. C’est vraiment stratégique, ce n’est pas la fin,c’est le début d’une évolution !
Nous, on a fait énormément de choses en un an, les services sur internet, les produits complémentaires : vases, peluches, l’emballage bulle d’eau, les produits connectés Parrot et enfin les chocolats.
Nous incitons le déclic, nous améliorons les produits pour donner envie d’acheter et pour créer plus d’occasions. On se bouge et ça marche ! C’est ça que je retiens.
On se bouge et ça marche !
LN – Comment voyez-vous les nouvelles offres de boutiques virtuelles type « marketplace » (Bloomnation, Amazon, etc…) proposées aux fleuristes ?
EL – Amazon a essayé en Grande-Bretagne le marketplace « fleurs » mais l’expérience n’a pas été une réussite. Le taux de commission est trop important.
Je n’y crois pas, dans le cadeau on offre un « interflora » c’est autre chose que d’offrir un « amazon ». On ne va pas envoyer une gerbe de deuil dans une boite amazon !
LN – Les jardineries offrent de plus en plus de vraies boutiques « fleuriste ». Les grandes surfaces alimentaires recrutent de plus en plus de professionnels compétents, votre service de transmission florale est-il ouvert à ces points de vente ?
Je ne suis pas un puriste ! Il y a à l’intérieur de ces réseaux comme ceux de franchise de bouquetterie, des professionnels de qualification, de compétence et de savoir-faire différents.
Les critères d’évaluations sont : Le fleuriste peut-il produire notre offre de qualité, notre catalogue de produits et les livrer avec un service performant ? Les jardineries n’en disposent pas toujours. Je reste cependant ouvert et pragmatique .
Je reste cependant ouvert et pragmatique
LN – Après un an dans les fonctions de Président directeur général d’Interflora, quel est votre regard sur la profession fleuriste ?
EL – Je pense que le marché français est très atomisé. Notre profession est victime comme toutes les professions de commerçants et artisans.
Dans un environnement qui évolue, le consommateur dispose d’un éventail d’offres dynamiques ! Ceux qui gagnent sont ceux qui se bougent ! Ceux qui restent inactifs à se plaindre, je suis désolé pour eux. C’est mon constat, c’est universel et c’est valable dans toutes les professions.
L’enjeu pour la profession est de s’organiser.
De façon plus structurelle, l’enjeu pour la profession le plus actuel est de s’organiser. La profession a une date butoir en 2015, elle doit se doter d’une fédération fleuriste représentative en suivant de nouvelles normes de calcul.
La fédération actuelle est un des outils, un des leviers pour y arriver, c’est le meilleur actuellement ! Des tas de gens critiquent mais que proposent-ils ? La FFAF a présenté un bel argumentaire lors des A.G. en fin d’année. Dans tous les cas ce qui est important c’est le projet proposé.
L’important c’est le projet !
Un exemple : Il y a 2 ans, nous avons vécu en Espagne l’augmentation de la TVA , conséquence : moins de 25% de volume du jour au lendemain. Le gouvernement espagnol vient juste de remettre le taux au bon niveau, il faut être vigilant !
LN – Vous voyagez souvent, votre société est internationale, quel est le regard de vos collègues américains sur le marché européen ?
En Europe, il y a une dimension Nord –Sud très forte. La dépense florale par habitant en Espagne représente la moitié de celle de la France. Notre pays se situe au milieu entre les deux extrêmes, ce n est pas un marché surprise !
LN – Bonne St Valentin !