Le promoteur belge lève un coin du voile sur le projet de centre commercial à Villers-Bretonneux. Henri Bolsius donne sa version du projet de parc commercial : une offre complémentaire à ce qui existe déjà à Amiens en jardinerie et meubles ; une offre de loisirs haut de gamme et inédite. « C’est un programme conçu comme un projet touristique », explique-t-il.
Il ne souhaite parler ni de lui-même ni de son parcours professionnel mais uniquement de son projet. Henri Bolsius, 53 ans, a accepté de lever un coin du voile sur le projet de parc commercial qu’il projette à Villers-Bretonneux et qui suscite de vives inquiétudes chez les professionnels du secteur (lire nos précédentes éditions).
Lors d’un entretien qui s’est déroulé au siège de la Communauté de communes du Val de Somme (CCVS), en présence de son président Alain Babaut, il explique que son projet n’est pas démesuré et qu’il s’inscrit en complémentarité du tissu commercial existant et en accord avec les pouvoirs locaux.
Sur la taille, tout d’abord. Son projet ne fait « que » 13 423 m². Les 5 011 m² prévus en extérieur sont une pépinière. « Des jardineries de cette taille, il y en a un paquet en France », affirme-t-il.
Quant au nombre de postes qui seront créés : « Trois cent cinquante emplois, c’est à terme, quand tout sera créé : le magasin de meubles, l’hôtel, le restaurant, le mur d’escalade, etc. Quant à la jardinerie, ce sera entre 150 et 200 emplois, tout dépend de l’enseigne qui viendra, et nous en avons plusieurs prêtes à venir. »
« Nous allons inverser l’évasion commerciale des clients français vers la Belgique »
Sur le fond du projet enfin : « Nous proposons des enseignes et des activités non présentes dans l’Amiénois, complémentaires et différentes de ce qui existe déjà. La force de notre projet, c’est que nous allons inverser l’évasion commerciale des clients français vers la Belgique en jardinerie et en meubles. Ils sont plus de deux millions chaque année en provenance des Hauts-de-France », explique Henri Bolsius.
Confirme-t-il les 50 M€ de chiffre d’affaires ? « Il s’agit d’un objectif à terme ; dans un premier temps nous serons entre 30 et 40 M€ et entre 100 et 150 emplois. Mais l’essentiel est d’élaborer d’abord un beau projet. Le reste viendra ensuite. »
Ce projet va-t-il impacter le tissu local des jardineries existantes à une heure à la ronde ? « Telle que je la conçois, notre jardinerie ne proposera pas les mêmes produits et les mêmes services que les grandes enseignes existantes. C’est la différence entre la haute couture et le prêt-à-porter. Nous aurons des produits d’appel. Mais notre orchidée à 4,99 € n’aura qu’une ou deux branches, quatre ou cinq fleurs ! Nous prendrons davantage de clients en Belgique qu’à Truffaut et notre zone de chalandise se trouve à trente minutes. » D’autre part, sur les 13 423m², « la moitié seulement sera consacrée à la jardinerie ; le reste le sera à des produits saisonniers et de l’animalerie. »
Les prix seront-ils identiques à ceux pratiqués en Belgique ? « Je ne sais pas », répond le promoteur à ce stade du projet.
En revanche ce projet est présenté comme « exemplaire » en termes de développement durable avec un bâtiment « bioclimatique » présentant « un gain de 32 % » sur la performance normale de l’enveloppe ; 3 015 m² de toitures végétalisées, 25 000 m² de panneaux photovoltaïques, etc.
« C’est une offre de loisirs très haut de gamme, un programme conçu comme un projet touristique. »
Henri Bolsius insiste, faisant référence à l’échec de 2012 : « Ce projet, nous l’avons construit avec les élus locaux, les responsables d’Amiens Métropole et de la CCI. Je viens avec de bonnes intentions. C’est un programme mixte, avec des activités de commerce et une offre de loisirs très haut de gamme, qui n’existe pas ici. Nous avons conçu ce programme comme un projet touristique qui apportera une valeur ajoutée au territoire. »
Comment seront financés les 40 M€ de coût prévu pour ce projet ? « L’essentiel, c’est de construire un bon projet. Ensuite, les financements viendront », explique le promoteur. Qui sera propriétaire des murs ? « Moi-même puis les exploitants eux-mêmes, qui pourront être propriétaire ou locataire. »
Ancien directeur national de Kinépolis, société belge d’exploitation des salles de cinéma, Henri Bolsius se définit comme un « développeur de programmes de loisirs ». Et répète : « Ce n’est pas moi qui est important ; c’est le projet. »
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La première pierre du pôle métropolitain
Alain Babaut ne cache pas sa colère : « En 2012, lorsque nous avions présenté notre précédent projet (ndlr : déjà avec Henri Bolsius), il y a eu un problème avec Gilles Demailly, alors maire d’Amiens. La veille de la CDAC, il nous a invités à déjeuner… pour nous dire de retirer notre projet. On en a tiré les leçons, aujourd’hui on ne présente pas un projet concurrent mais complémentaire de l’offre existante à Amiens. Je ne comprends pas que des élus (NDLR : au Département et à la Région) puissent s’y opposer. En 2017, lorsque 40 000 m² de surfaces commerciales ont été créés à Amiens-Nord, on n’en a pas entendu parler, personne n’a protesté ! », rappelle-t-il. Et de conclure : « Ce projet, ce sera la première pierre du Pôle métropolitain du Grand Amiénois. »