Institution du petit commerce à Amboise, la maison Dumarest va fermer fin juin. Jean-François, 3 e génération de fleuristes, part à la retraite. Heureux.
Une page se tourne dans l’histoire du petit commerce amboisien : la maison Dumarest, installée rue Jean-Jacques-Rousseau depuis 1970, fermera le 25 juin. « J’ai vendu à un investisseur, qui a repris tout l’immeuble. Il n’y aura plus de commerce de fleurs ici », annonce Jean-François, 3e génération de fleuristes dans la famille Dumarest.
“ Les hortensias vous font rayonner l’esprit ”
Ses trois enfants ont tous choisi une autre voie professionnelle, c’est ainsi. Les parents de Jean-François avaient ouvert une première boutique rue Rabelais, en 1958, à leur arrivée à Amboise. Marcel, son papa, qui avait un don pour s’occuper des orchidées, venait de s’installer en province après avoir travaillé pendant quatre ans pour les Windsor. « Ça a été sa grande fierté », raconte Jean-François Dumarest, en sortant une photo dédicacée de la duchesse : « To Marcel », signé « Wallis Windsor, 1956 ».
L’heure de la retraite vient de sonner, pour ce fleuriste passionné, et ce grand tournant ne se fait pas sans pincement : « J’aime mon métier, ça m’a poursuivi toute ma vie. Vous ne faites pas un métier prenant comme celui-là sans avoir la fibre. »
Oui, mais voilà : « J’ai 65 ans, dont 45 ans de commerce. Je ne veux pas mourir la tête dans mes fleurs. » Jean-François Dumarest a besoin « d’un repos de l’esprit », il a soif de découvertes. Les musées vont le voir passer plus souvent.
Il cultivera son jardin, aussi, où poussent des hortensias, ses fleurs préférées : « L’hortensia, c’est généreux et ça s’appréhende du printemps jusqu’à l’automne. Ces fleurs vous font rayonner l’esprit. »
Ses clients ont eu une place centrale, au cours de sa carrière. « Je les adore et ils me l’ont toujours rendu, par leur présence et leur fidélité. » Il a vu passer des générations d’amoureux, la Saint-Valentin reste « le feu d’artifices des fleuristes ».
Surtout, Jean-François a adoré créer. « Le bouquet, on l’a dans sa tête, on le voit fini avant de l’avoir commencé. Et quand on est un bon professionnel, on aboutit à ce qu’on avait imaginé. »
(*) : Liquidation totale à partir du 25 mai.
anecdotes
Un bouquet de 150 roses
> Le plus gros bouquet qu’on lui ait jamais commandé : « C’était à Noël, il y a une dizaine d’années. On était surchargés, j’avais décidé qu’on ne prendrait plus aucune commande. Un monsieur est arrivé, il voulait un bouquet de 150 roses. Cela ne se refuse pas. »
> Jean-François Dumarest se souvient très bien des obsèques de Michel Debré. « On a eu des commandes des ambassades, des ministres, de l’ENA. »