Reçu ce jour à la rédaction : Je suis Romain Lasseur, spécialiste des espèces invasives en Europe (rongeurs et insectes) et je m’adresse à vous car vous êtes un des spécialistes du jardin et de la connaissance des usages des particuliers des différents produits de protection des plantes.
Je m’adresse à vous dans le cadre de la loi EGALIM (Projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable ) sur les États généraux de l’agriculture qui est en discussion actuellement.
Elle intègre dans son périmètre des produits d’usage (pour bien évidemment en limiter l’usage) essentiel aux particuliers que sont les produits biocide (raticides, insecticides contre des insectes pouvant avoir un impact sur la santé comme les punaises des lits, les frelons et guêpes)…et ce n’est pas acceptable car ces espèces sont à 60% régulées par les particuliers
Serait il possible de communiquer sur ce point pour expliquer au combien intégrer les enjeux biocide dans cette loi est assez hasardeux car demain c’est l’assurance de voir des impacts sur la santé de plus en plus nombreux si l’on limite l’utilisation de ces produits biocide chez le particulier.
Intégrer les enjeux biocide dans cette loi “EGALIM”
est assez hasardeux
RL
J’ai préparé une note à votre attention :
Contexte :
Dans le cadre du projet de loi EGALIM, un article de la loi va être votée EN SEPTEMBRE (à l’automne), risquant d’interdire la vente en libre-service aux particuliers de certains produits insecticides et raticides.
Conséquences commerciales :
L’ensemble des distributeurs ne pourra pas répondre aux nouvelles normes réglementaires (vente assistée, produits sous vitrine), et certains pourraient purement et simplement arrêter la commercialisation.
Cela se traduirait :
- d’une part par une pénurie de produits dans certaines zones,
- d’autre part par une augmentation des achats en ligne de produits étrangers, dont l’efficacité et la sécurité n’auront pas été évaluées par l’ANSES.
En limitant la mise à disposition des produits pour les particuliers,
nous nous exposons à un risque de santé publique !
RL
Conséquences sanitaires :
Les particuliers sont un élément essentiel de la stratégie globale, préventive et curative, de contrôle des populations de nuisibles :
- Les particuliers constituent 60% de la lutte contre les nuisibles
- Ils interviennent dès les 1ers signes ou doutes, alors que les professionnels interviennent à un stade d’infestation avancé
- Les professionnels ne sont pas suffisamment nombreux pour couvrir l’ensemble du territoire, et ne peuvent faire face à la hausse des demandes d’intervention (chiffres 2016-2017 CS3D) :
- +20 à +60% pour les rats
- +40% pour les moustiques tigre
- +45% pour les punaises de lit (2 passages nécessaires)
- +30% pour les frelons asiatiques
- D’autre part, le coût d’une intervention par un professionnel ne peut pas convenir au portefeuille de tous les particuliers (en moyenne 150€ par passage), contrairement à l’achat d’un produit qui reste accessible (entre 20 et 30 €)
- Les habitats (collectifs et individuels) constituent le 2ème lieu le plus exposé au risque « nuisibles » : 18,2% (classement CS3D)
En limitant la mise à disposition des produits pour les particuliers, nous nous exposons à un risque de santé publique !
RATS :
- Une femelle rat peut donner naissance jusqu’à 150 petits par an
- Les rongeurs véhiculent près de 30 maladies humaines (rapport Bonnefoy OMS) dont la «maladie du RAT», la leptospirose, maladie qui progresse en France. A cause de la pullulation des rats, on atteint la plus forte incidence jamais connue en France avec 1 cas humain par jour (rapport Leptospirose – INVS).
(Incidence Leptospirose France Métropolitaine 1920/2016 – Données Institut Pasteur)
MOUSTIQUES TIGRE (PARMI LES AUTRES MOUSTIQUES) :
- En janvier 2018, il était implanté durablement dans 51 régions de France Métropolitaine (Source : Ministère de la Santé). Sa propagation continue.
- Ils véhiculent des maladies vectorielles telles que la Dengue, le Chikungunya, le Zika et la fièvre jaune. Les premiers cas autochtones de Dengue et de Chikungunya sont apparus en France ces dernières années
- “http://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et- environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine”
- “http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/cas_autochtones_cartes_2010_-_2017.pdf”
PUNAISES DE LIT :
- Entre 2013 et 2015, les interventions de professionnels contre les punaises de lit ont augmenté de 165% ! Une tendance qui ne faiblit pas
- Elles peuvent provoquer des lésions cutanées sévères, très allergisantes, pouvant aller jusqu’à l’œdème. Elles sont également responsables de troubles du sommeil, anxiété, dépression chez les particuliers concernés.
GUEPES ET FRELONS :
- Les populations d’hyménoptères sont en forte hausse depuis de nombreuses années
- Les risques liés aux allergies après piqûre sont nombreux et importants, pouvant déclencher un œdème de Quincke.
- Le particulier peut intervenir rapidement sur le nid car le pic de population est concentré sur un délai très court (Juin-Octobre)
- Précocité possible dans la lutte
En conclusion
- Nombreux sont les facteurs à l’origine de la multiplication des insectes et rongeurs nuisibles en France : réchauffement climatique, multiplication des zones vertes en ville, hausse des déplacements internationaux, nouveaux modes d’hébergement (chambre d’hôtes, location entre particuliers).
- En limitant l’accessibilité des produits / solutions de traitement et prévention pour les particuliers, on ajoute un nouveau facteur et on expose la France à une explosion de ces espèces invasives.
- Le Grand Public est une composante essentielle de la stratégie de lutte contre les nuisibles, il faut lui laisser les moyens de jouer ce rôle
- Il est temps que les pouvoirs publics prennent conscience des risques auxquels l’on s’expose : plutôt que de limiter l’accessibilité aux produits, il serait préférable de développer des campagnes d’informations et de recommandations sur la surveillance, la prévention, l’identification et les bonnes pratiques de traitement des nuisibles
- 6 français sur 10 déclarent ne pas être informés du « risque nuisibles » (étude CS3D mai 2017)
- La solution se trouve dans une action conjointe entre particuliers, professionnels et pouvoirs publics.
L’ensemble des distributeurs ne pourra pas répondre aux nouvelles normes réglementaires
(vente assistée, produits sous vitrine),
et certains pourraient purement et simplement arrêter la commercialisation.
RL
Docteur Romain LASSEUR – Docteur en Toxicologie – Président et fondateur chez IZInovation
IZInovation SAS apporte une offre de service / consulting en Toxicologie Animale Expérimentale et Appliquée au service des méthodes de contrôle des espèces invasives (Rodenticides / Insecticides Classiques et Méthodes alternatives) Essai Laboratoire et Terrain à l’échelle internationale.
www.izipest.com
Une réponse
bonjour,
les produits sous vitrines pour produits phytosanitaires pour les soins des plantes, existent déjà et sont donc accessibles, et garantissent qu’un vendeur est là pour informer le client, le conseiller, le mettre en garde. Simplement les …..cides ne seront plus en libre service, système de vente auquel nous sommes si habitués que nous avons du mal à en envisager un autre.
mais effectivement, c’est un problème de santé publique, se protéger efficacement en fait partie et ne pas trop s’empoisonner également !