Après la robinetterie, les fleurs. Une étonnante reconversion professionnelle que Murielle Debruyne a réalisée avec succès. Depuis un mois, la Pérenchinoise de 39 ans vend bouquets et potées sur les marchés. Même si la période hivernale mène la vie dure aux marchands non-sédentaires, la fleuriste ne regrette pas son ancien travail en usine. Derrière un étal, elle retrouve une part de liberté.
Pour son entrée dans la profession, ce fut une double première. « J’ai commencé le 29 octobre à Armentières, pour le lancement du marché du soir. » Un mardi, place de la gare. Murielle Debruyne s’installait enfin sous son barnum estampillé Mumu Fleurs, du nom de sa toute fraîche auto-entreprise. Le début d’une nouvelle vie.
Pendant des années, la jeune femme a cogité. Changer de métier, pourquoi pas. « Ça me trottait dans la tête, avoue-t-elle. Je me disais que si ça ne marchait plus dans mon travail, je repasserais un diplôme. » Un licenciement économique a précipité les choses. « J’étais préparatrice de commande dans une entreprise de robinetterie. Au bout de dix ans, il y a eu un plan social. » Mise au parfum, elle a s’est donc tournée vers… les fleurs.
Jardinière à ses heures perdues, Murielle Debruyne a toujours aimé l’univers floral. « Il existe tant de variétés, sourit-elle, en évoquant quelques préférences. Pour les lys, les roses, les œillets de poète, les freesias… » Une matière idéale, pour s’inventer une autre profession. Un peu angoissant, de se lancer ? « Non, ça m’a paru assez simple, assure-t-elle. Sûrement parce que j’étais plus mûre. Ça correspondait au moment où j’avais cette envie de changement. »
Il a fallu retourner à l’école. Et la Pérenchinoise n’était pas la seule à tenter la reconversion. « J’ai fait un CAP fleuriste à Lesquin, avec l’institut de Genech. Nous étions douze, uniquement des adultes. » Murielle Debruyne a commencé sa formation en septembre 2012, un an après son licenciement. Pendant neuf mois, elle a alterné école et pratique en boutique. Pour trouver un stage, cette « native de Pérenchies » n’a pas eu besoin de chercher bien loin. Elle a été accueillie par le fleuriste de la ville, Art Flor et Sens.
Barnum et après-ski
Son diplôme en poche et une étude de marché plus tard, Murielle Debruyne a pu jeter les bases de son auto-entreprise. Trouver les bons fournisseurs, créer un atelier à domicile… Pour démarrer, quelque 1 500 euros ont été investis. La fleuriste a notamment acheté un barnum… et une bonne paire d’après-ski, l’indispensable de l’hiver !
Elle l’admet, démarrer les marchés en cette période de l’année, c’est un peu rude. « Surtout, les fleurs sont fragiles. Je pense que je devrai travailler en boutique en janvier et février. » Soit après la période de fin d’année qui, comme la Toussaint, booste l’activité. La fleuriste a déjà des idées de compositions en tête pour Noël. « Que je peux réaliser sur commande. Le tout, c’est de se constituer un réseau. Ça fonctionne beaucoup par le bouche-à-oreille. »
La jeune femme a trouvé « assez facilement » des emplacements sur les marchés du secteur. « En appelant directement les mairies. » On la retrouve donc à Armentières deux fois par semaine (le mardi soir place de la gare et le vendredi matin dans le centre). Le samedi matin, la fleuriste est à Pérenchies. Dans la semaine, elle se rend également à Loos et Lambersart. « Je commence à me faire une place, positive-t-elle peut bien marcher. » L’expérience lui apprendra comment être bien armée. Par exemple, Murielle Debruyne sait désormais qu’en plus des après-ski, il faut aussi investir dans une bonne paire de gants.
Par CÉCILE VIZIER