Chez les producteurs, les grossistes et les jardineries, les ventes de plants de légumes et de fruits explosent ces dernières semaines, tandis que les plantes en pot et les fleurs à planter sont délaissées.
En plein confinement, les Français jardinent. La demande en sécateurs, graines, bulbes etc. a ainsi augmenté de 3,8% en mars en e-commerce, selon Rakuten. Et les clients se pressent dans les jardineries depuis qu’elles ont rouvert début avril avec un tout nouveau protocole sanitaire. Mais chez les mains vertes, on ne cherche plus vraiment à fleurir ses pelouses.
“Depuis le 7 avril, date à laquelle on a pu recommencer à vendre les produits de notre coeur de métier, et plus seulement de l’alimentation bio et de l’animalerie, les clients sont revenus en masse”, indique Jean Bourgitteau, directeur de région chez Botanic. Obligés de faire la queue pour ne pas être plus de 25 par magasin, ils filent acheter principalement “de l’aromatique, des tomates, des salades, des courgettes, des choux. Et aussi des radis et autres semis qu’on plante traditionnellement en mars, mais les gens se rattrapent”, détaille Jean Bourgitteau.
Des potagers vivriers
L’envie de cultiver leurs propres fruits et légumes ne date pas du coronavirus en France. “Selon les études que nous avons menées ces dernières années, un Français sur deux possède un potager. Et c’est souvent par nécessité vitale, pour se nourrir en faisant des économies”, souligne Jean Bourgitteau.
Mais la crise sanitaire semble avoir donné une autre ampleur au phénomène. “La demande en plants de légumes des particuliers équivaut à trois fois la normale en ce moment”, calcule Alain Benoist, président du groupe Benoist, à la fois producteur de plantes, grossiste à Rungis, et propriétaire de deux jardineries dont une sous enseigne Jardiland.
A ses yeux, cet attrait décuplé s’explique “par le fait qu’on a du temps libre, donc ceux qui ont la chance d’avoir un bout de jardin en profitent pour gratter la terre. Et puis une partie des gens le font par nécessité, parce qu’ils s’inquiètent pour l’avenir”, analyse ce spécialiste du marché.
“On ne rattrapera pas les ventes de mars”
Il y a surtout à ses yeux une volonté plus affirmée que jamais de consommer local. “Sur l’une de nos jardineries, nous avons développé depuis un mois la vente de légumes prêts à consommer avec un maraîcher du coin, et je suis extrêmement surpris du niveau des ventes. La première question que nous posent les clients, c’est ‘d’où viennent vos légumes’. Quand on leur dit ‘d’ici’, ils achètent”, illustre Alain Benoist.
Ces ventes de plantes potagères représentent une véritable bouffée d’air pour un secteur de la jardinerie tendu. La filière réalise traditionnellement 50 à 60% de son chiffre d’affaires sur la période mars-avril-mai, et elle a déjà perdu un mois et demi. “On ne rattrapera pas les ventes de mars, mais elles augmentent légèrement depuis mi-avril”, se rassure le directeur région de Botanic.
Reste qu’en dehors du potager, les autres rayons font grise mine. “Tout ce qui est plantes fleuries en pot, comme les hortensia, les begonia, les hibiscus qu’on achète pour offrir, nous sommes à 10% du chiffre d’affaires normal. Les plantes d’extérieur comme les géraniums, les dipladenias, redémarrent depuis une dizaine de jours, mais à 50% de nos volumes habituels. Quant aux barbecues et salons de jardin, alors là c’est mort, se désole Alain Benoist. Désormais “les Français font très attention à leurs dépenses et n’achètent que l’essentiel”.