Le Berlugan a terminé à la 13e place des championnats du monde, aux États-Unis, à Philadelphie. Il revient sur une aventure semée d’embûches
De retour bien amaigri de son aventure à la coupe du monde Interflora, à Philadelphie, Hervé Frezal, désormais treizième meilleur fleuriste du monde, revient sur l’expérience vécue avec son équipe.
Stressé, le champion de France des fleuristes n’a quasiment rien mangé jusqu’à la fin des épreuves. Car malgré des mois de minutieuse préparation, le parcours a été semé d’embûches.
Le fleuriste salue avant tout le travail de son équipe (Julian Tonnelier, Pascal Phaner, Gilles Pavan et Aurélie Damoiseau). Et pour cause: « Ils ne se sont pas mis en quatre, mais en douze pour pouvoir m’aider. On a eu de gros soucis d’approvisionnement en fleurs. Ça a été terrible pour nous. Soit elles n’arrivaient pas dans les temps, soit elles étaient de mauvaise qualité, soit elles ont été bloquées par les douanes… Certains végétaux n’avaient tout bonnement pas le droit de passer le sol américain, chose dont nous n’avions pas été informés. Pour le sujet de la première épreuve, rien n’est passé, pas un feuillage ».
Six cents asperges en trois jours
Balayés d’un coup, donc, les deux mois de réflexion et d’entraînement, à travailler la pose de chaque végétal selon un angle particulier. « Tout cela a été effacé et on a eu cinq jours pour remettre tout en question. Mon second, Julian, m’a proposé de remplacer les sansevierias par des asperges, je n’y ai d’abord pas cru, puis après réflexion, on a acheté six cents asperges sur trois jours ».
Le seul marché aux fleurs digne de satisfaire l’équipe se trouve à New York, à deux heures de route. Tout y coûte quatre fois et demie le prix de vente en France. Ils ont changé de plan: « On a fait une commande de dernière minute en Hollande, par un fournisseur canadien, qui pouvait faire livrer à New York, en 48 heures. Une partie de l’équipe a dû y aller à minuit et déposer les fleurs chez l’unique fournisseur agréé pour la coupe du monde ».
Malgré ces imprévus, les Berlugans ne se débinent pas et parviennent à raccrocher le wagon. « Plus j’ai de pression, plus je suis rapide et réactif, raconte Hervé. J’étais content car il y a eu une vraie réflexion d’équipe, de la spontanéité et de l’audace. C’est passé! Mais je ne le conseille pas à tout le monde! »
C’est passé, mais les asperges n’ont pas plu aux jurés, qui ont sanctionné le candidat français de douze points de pénalité. Heureusement, il s’est rattrapé sur l’épreuve du bouquet. Cette fois, les fleurs prévues sont arrivées à temps.
Déception
Le deuxième jour, pour l’épreuve de la table pour deux, les végétaux ont mis douze jours à arriver, mais elles étaient sur place 48 heures avant et en bon état malgré le froid.
« J’ai pris un gros risque car c’était une composition basée uniquement sur une variété bien particulière de fleur d’hellébore ». Cette épreuve alliait d’ailleurs les compétences de plusieurs artisans berlugans, « mon pote ébéniste Patrick Bottero et mon pote ferronnier Jean-Charles Rodriguez, que je tiens à remercier. Une partie de Beaulieu était avec moi là-bas et c’était extraordinaire! »
Treizième au final, le Berlugan ne cache pas sa frustration. En particulier concernant les points de pénalité. Dix-sept, en tout, sans lesquels il passait les quarts de finale. Bref, un bilan « décevant »: « Les points techniques et les façons de faire au point de vue mondial ne sont pas les mêmes qu’en France, tente-t-il d’expliquer. C’est assez surprenant et j’attends de voir ce qui m’a valu les points de pénalité, alors que certainement ce seront des choses qui en France n’auraient pas eu d’importance ». Hervé n’aura la réponse que d’ici deux mois.