Daniel Risterucci peine à cacher sa colère et son incompréhension. Dans sa toute nouvelle animalerie de Ghisonaccia, ouverte il y a seulement quelques mois, le gérant associé passe et repasse entre les rayons encore en réagencement. « Nous sommes déjà très occupés, nous n’avions donc pas besoin de ce problème en plus », lance-t-il, un calepin à la main.
Une coupure d’électricité, intervenue deux jours de suite dans le secteur commercial où se trouve la boutique pour animaux, a plongé les bâtiments dans le noir. « Ce n’est même pas le problème, les coupures de courant, ça existe et elles sont nécessaires lorsqu’il faut moderniser le réseau, glisse le gérant. Mais il faut prévenir les commerçants. Ici, on abrite des animaux vivants.«
Plusieurs poissons sont morts d’asphyxie. – Paul-Mathieu Santucci
Et si Daniel Risterucci tient à s’exprimer c’est parce que dans l’histoire, il y a laissé des plumes. « Nous avons retrouvé plusieurs dizaines de poissons morts dans les aquariums, c’est déplorable, indique-t-il. Ce sont des systèmes qui fonctionnent en permanence avec l’électricité pour injecter de l’oxygène dans l’eau via des pompes. Quand vous coupez tout, c’est comme si on vous privait d’air. Vous ne tenez pas beaucoup.«
Le préjudice n’est pas encore totalement estimé mais il s’élèverait à quelques centaines d’euros pour la perte des poissons et peut-être plus, d’après le gérant, pour la mise hors service des caisses nécessaires à l’accueil et à l’encaissement des clients.
« Ce n’est pas tant l’argent mais la perte du vivant, on parle d’animaux, ce ne sont pas des objets, renchérit Daniel Risterucci. D’autant que si EDF nous avait prévenus, nous aurions pu nous préparer. En achetant des onduleurs, par exemple. Nous aurions tout fait pour préserver au moins les animaux les plus vulnérables comme les poissons. »
La justice saisie
Le gérant n’attend pas grand-chose de la part du fournisseur d’électricité. « Au moins un petit geste commercial, s’interroge Daniel Risterucci. Surtout pour faire comprendre à EDF que la moindre des choses c’est de prévenir les gens avant de couper le courant. En plus, on fait tout pour être aux normes, et croyez-moi, le cahier des charges est bien rempli. La commission de sécurité est passée il y a peu et tout a été validé. Et là, c’est ça qui nous tombe dessus. »
De son côté, EDF indique que « le dossier est en cours d’instruction et que des discussions ont débuté avec les gérants du magasin afin de trouver un accord. »
Mais si Daniel Risterucci reste mesuré dans ses propos, son associé Serge Astolfi l’est moins. « Je suis dégoûté, lance-t-il. On joue avec la vie des animaux. Je me contrefiche du geste commercial, cela ne remplacera par la mort de poissons que l’on aurait pu préserver si l’on avait été correctement informé. »
Le cogérant précise que deux avocats ont été mis sur l’affaire. « Il faut que l’on montre l’exemple. Aujourd’hui, EDF passe par des sous-traitants qui eux-mêmes sous-traitent et nous nous retrouvons face à des gens que se moquent complètement du monde. C’est trop facile de vouloir réparer les choses de cette façon. Je ne suis pas d’accord. C’est de la maltraitance animale », conclut Serge Astolfi.