Les fleurs évoquent l’amour courtois, les mots doux à ces dames. Vivre entouré de bouquets pourrait faire déborder un galant homme de romantisme. Pas Philippe !
Un fleuriste nivernais de 41 ans a comparu à l’audience correctionnelle du 13 janvier pour harcèlement sexuel. Il a été reconnu coupable, dans un délibéré rendu mardi, et condamné à 4.000 € d’amende.
La partie civile avait 18 ans lorsqu’elle a été embauchée par Philippe. Son patron est décrit par certains salariés comme « méprisant », « orienté vers le sexe » et « tenant des propos graveleux ». D’autres employés interrogés par les enquêteurs n’ont rien à lui reprocher.
Il lui demande de montrer ses seins
La victime non plus… au début. Puis leur relation complice a dérapé. Selon les termes utilisés dans les poursuites, il l’a « questionnée sans arrêt sur ses activités sexuelles » et « invitée à avoir des relations sexuelles avec lui, un refus l’exposant à perdre son emploi ».
La jeune femme raconte qu’il a exigé qu’elle lui montre ses seins. Elle a cédé « sous la pression » et en ressent de la « honte » et du « dégoût ». Il a aussi réclamé une « branlette espagnole ». Elle a refusé.
Après cinq ans de présence dans la boutique, elle a déposé plainte en mars 2013. Philippe conteste le harcèlement. Il se considère comme un « patron moderne » qui peut « avoir des conversations libres avec ses salariés ».
La victime a reconnu qu’ils étaient « proches ». « Mais pas d’une façon saine », a-t-elle précisé. « J’en avais peur en fait. » « L’employeur a une obligation de distance », a rappelé Me Delphine Morin-Ménéghel, partie civile. « Il ne doit pas dire à une salariée “Tout cul tendu mérite son dû” ou demander qu’elle exhibe sa poitrine. Et ce n’était pas une fois seulement. C’était constamment. Jusqu’à ce qu’elle craque… »
« Étant donné la situation économique de la Nièvre et la difficulté à retrouver un emploi, il n’est pas facile d’envoyer paître son patron », a souligné Axel Schneider, substitut du procureur. « Il ne s’agit pas du délire d’une employée. De nombreuses autres ont rapporté des comportements déplacés. » Les 4.000 € d’amende prononcés correspondent à ses réquisitions.
En défense, Me Carole Boirin a soulevé une nullité de procédure au motif que son client n’avait pas été suffisamment informé des motifs de son placement en garde à vue. « En ne lui mentionnant pas qui avait déposé plainte, on a essayé de lui extorquer je ne sais quels aveux », a-t-elle précisé.
Le tribunal a effectivement annulé la garde à vue, ce qui ne l’a pas empêché de forger sa conviction sur le reste du dossier. Me Boirin estimait pourtant que l’enquête était à charge. « La moitié des employés n’ont jamais été entendus. »