Les fleuristes sont reçus ce matin en préfecture. À quelques jours de la Fête des mères, ils s’inquiètent de la vente sauvage de fleurs. Ils demandent l’intervention des services de l’Etat pour stopper ces ventes qui leur feraient perdre une belle part de chiffre d’affaires.
Ils profitent de la Fête des mères pour se faire un peu d’argent. Mais les vendeurs de fleurs, habituellement installés aux bords des routes, ne devraient pas être tranquilles cette année.
Les fleuristes aussi comptent sur cette période pour améliorer l’ordinaire. La fête des mères représente 30% de leur chiffre d’affaires. « L’année dernière notre chiffre d’affaires de la fête des mères a chuté de 50%. Il y avait trop de vente sauvage. À 11 heures le dimanche, je n’avais plus personne en boutique! Ça aurait dû être le rush des retardataires » , argumente Marie Médeuf. Pour tenir, il y a le marché du deuil, « et encore, depuis quelque temps, il y a des personnes qui ne veulent ni fleurs ni couronnes… » Il y a trois ans Marie Médeuf a même partagé son local de Trinité en deux : dans une des parties, les fleurs ont laissé place au prêt-à-porter spécialisé grandes tailles.
Ils sont une trentaine de fleuristes installés en Martinique. Pour faire face à la crise, ils s’organisent en coopérative. Depuis la semaine dernière, les fleuristes ont commencé la préparation de la fête des mères. En plus de recevoir les cartons de fleurs venus de Colombie et de Hollande, ils sont partis en croisade contre la vente sauvage.
UNE BRIGADE DE SURVEILLANCE AU BORD DES ROUTES
Guetty Flomas est une des plus anciennes fleuristes en activité. Elle est installée au Gros-Morne depuis 30 ans : « Les choses ont beaucoup changé. Surtout depuis 7 ans. La profession n’est pas respectée, et l’Etat ne fait pas grand- chose. À chaque fête importante, des flopées de gens se mettent sur le bord des routes à vendre des fleurs à tout va! J’ai vu l’impact sur mes ventes. Nous oeuvrons pour mettre fin à ce phénomène, en alertant la répression des fraudes, les mairies…En métropole, ils sévissent et saisissent la marchandise. Pourquoi on ne peut pas le faire ici ? » .
Les fleuristes estiment que s’ils sont bien touchés par la crise comme leurs homologues des autres régions, ils souffrent particulièrement, minés par la vente sauvage de fleurs, dans les moments où ils devraient réaliser une part non négligeable de leur chiffre d’affaires annuel.
Difficile d’évaluer l’impact de ces ventes ponctuelles en bord de route. Pour les fleuristes, c’est la cause principale de la baisse de leurs ventes. Une baisse durement ressentie en 2013, et qu’ils ne comptent pas revivre cette année. « Ces vendeurs se positionnent dès le vendredi, et ils restent sur place jusqu’au dimanche. Subitement on voit apparaître des étals sur le bord des routes! » s’indi- gne Marie Médeuf, fleuriste.
Cette année, les fleuristes ont décidé de mettre en place une surveillance, pour savoir ce qui se passe vraiment sur le bord des routes.
A quelques jours de la fête des mères, les fleuristes préparent les compositions florales. En espérant que cette année, les ventes seront meilleures que l’année dernière.
Une filière organisée ?
D’où viennent ces fleurs vendues sur le bord des routes ? Existe-t-il une filière organisée ? Selon les services de l’Etat, il s’agit juste de vendeurs isolés qui saisissent l’occasion de faire quelques euros. Il faudrait alors mettre un fonctionnaire à chaque rond-point pour contrôler. Impossible.
Les fleuristes, eux, ont une autre vision des choses : « Il y a certainement une filière. En tout cas ces fleurs n’arrivent pas par avion. Nous sommes régulièrement à l’aéroport pour le constater. Nous pensons que cela arrive par bateau, de Saint-Domingue ou d’Amérique du sud. En tout cas, chaque fête des mères et Saint-Valentin, il y a quelqu’un qui reçoit un container de bouquets de roses. Il est toujours le premier servi! Il a les moyens de payer! C’est un horticulteur. Nous estimons que c’est déloyal pour un horticulteur d’importer des fleurs » . Déloyal, peut-être, mais pas illégal.
LA PHRASE Marie Médeuf, fleuriste
« Il y a la crise qui est passée par là, mais en plus, les jours où nous pourrions faire notre chiffre, des vendeurs arrêtent les clients avant nous et les gens se disent : je suis déjà là, je prends, sans regarder la qualité » .
EN CHIFFRES 130 000
C’est le chiffre d’affaires d’une boutique moyenne selon la coopérative des fleuristes.