La société Moinet, route d’Aiffres, s’attend à subir de nouvelles pertes. Ses poinsettias ou cyclamens ne trouveront pas d’acquéreurs si rien ne change.
Un immense champ de poinsettias… Une étendue de cyclamens de toutes les couleurs… Des orchidées déjà emballées attendant un revendeur… Des azalées pleines fleurs, roses ou blanches…
Dans quelques jours, toutes ces belles plantes risquent de finir à la benne. Un sort identique attend les quelques chrysanthèmes, pourtant soldés à 50 % qui n’ont pu orner les tombes à l’occasion de la Toussaint. « Il nous a manqué un seul jour de vente pour passer cette étape », regrette le maître des lieux.
Seulement 5 % du chiffre cette semaine
Sous les serres de la double SARL Moinet Production, producteur de plantes horticoles, et Moinet & Fils, négociant en plantes, fleurs et fournitures de la route d’Aiffres, l’un des frères, Denis, ne cache pas sa tristesse autant que son inquiétude : « Les nouvelles ne sont bonnes. Nos clients sont à 60 % des fleuristes. En quelques jours, tout s’est arrêté, cette semaine nous ne réalisons que 5 % de notre chiffre d’affaires habituel ».
Si elles ne sont pleines qu’au printemps, les serres abritent pourtant des milliers de plantes et de fleurs en cet automne : « Il faut ajouter les stocks de plantes de négoce qu’on avait achetés comme une semaine normale. Tout est condamné ».
Au-delà de cet état des lieux, juste après la mise en place du reconfinement, Denis Moinet, tout comme son frère Philippe, se doit de regarder vers l’avenir. Il n’est guère florissant : « Nous savons que pour Noël, toutes nos ventes se font avant le 10 décembre. Nous sommes au début d’un des plus gros mois de l’année en terme de chiffre d’affaires… Ce sont 60 à 70.000 € qui ne vont pas se réaliser. Une perte sèche ».
« Toutes les ventes pour Noël se font avant le 10 décembre »
Car s’ajoutent aux végétaux les produits non périssables, les décos de Noël : « Certes, nous pouvons les conserver, mais se pose un problème de stockage. En outre, ces produits sont ceux de la collection 2020, pas sûr qu’ils soient toujours tendance l’année prochaine. Pour ces objets que nous ne vendons pas, c’est plus un problème de trésorerie qui se pose ».
Le salon annulé
Pour toutes ces ventes habituelles de fin d’année, la société Moinet organise tous les ans un Salon de Noël, l’occasion pour les producteurs de présenter leurs collections aux revendeurs. Celui programmé les 16 et 17 novembre est évidemment annulé. « La vente sur catalogue n’a rien à voir avec ce contact direct, nous vendons des produits vivants, les acheteurs ont besoin de venir les voir en vrai. »
Déjà, au printemps, le premier confinement avait généré une perte que Denis Moinet estime à 200.000 €. « Cette fois cela devrait être moins important et nous devrions survivre car nous sommes une société historique, mais je suis très inquiet pour nos producteurs et les fleuristes que nous fournissons. Certains risquent de ne pas avoir assez de trésorerie pour passer l’hiver. Même les jardineries ne connaissent pas la même fréquentation et risquent d’être obligées de fermer… »
La vente virtuelle pas naturelle
Quant aux commandes dématérialisées, Denis Moinet n’y croit pas trop : « La filière horticole n’est pas habituée à vendre en virtuel. Déjà, en temps normal, téléphoner à un fleuriste n’est pas un acte naturel. Le client préfère voir et sentir les fleurs en vrai pour les choisir ».
« Pourtant les plantes sont essentielles »
Malgré une situation plutôt préoccupante, pas question de se résigner ni de se taire. Denis Moinet, parce que la SARL a déjà surmonté le premier confinement sans aucune aide, Val’hor, l’organisation interprofessionnelle qui rassemble les professionnels de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage, portent la voix de tous : « Mais c’est compliqué de se faire entendre car nous sommes une petite filière. Pourtant, les fleuristes avaient tout mis en place pour continuer à exercer, ils auraient pu continuer à être ouverts pour lutter contre la concurrence des grandes surfaces. Pourtant, les plantes sont aussi des produits périssables et elles devraient être considérées comme essentielles pour le bien-être, donc pour la santé ». Un appel qui, pour l’heure, n’a pas été entendu. Mais Denis Moinet espère que lors du bilan du confinement, au bout de deux semaines, il en sera autrement.
Une réponse
Bonjour.
Sur Facebook je vois dès propositions et idées qui restent sans reponse de la jardinerie.
Ne jetez pas. Arrêtons le gâchis tant de choses sont possibles
Vendez sur rdv, offrez aux soignants et aides soignants, aux cimetières pour leur tombes sans fleurs. Les temps sont difficiles pour tous. Merci et courage.